Guillaume Prévost - La valse des gueules casséesRésumé :

Avril 1919 la France se remet douloureusement des blessures de la première guerre mondiale, Clémenceau négocie le traité de paix et l’affaire Landru n’en est qu’à ses débuts. Pendant ce temps, François-Claudius Simon cherche à oublier les heures sombres passées dans les tranchées en vivant ses premières journées d’enquêteur de la criminelle. Sous la houlette de l’inspecteur principal Robineau, François-Claudius se rend sur les lieux de sa première affaire : un homme a été tué mais a surtout été défiguré par son assassin. Qui est donc ce tueur qui s’acharne à transformer ses victimes en “gueules cassées” ?

Extrait :

- De toute évidence, ce jeune homme a été blessé durant la guerre. Regardez, sur sa tempe, cette cicatrice qui ne s’est pas encore estompée mais qui n’est pas non plus à vif. Elle date au moins de sept ou huit mois. L’inspecteur Simon a dû être blessé aux environs du printemps ou de l’été 1918… Une blessure suffisamment grave pour qu’il soit rapatrié à l’arrière jusqu’à la fin des hostilités. Ce qui expliquerait qu’on ne l’ait pas renvoyé sous les drapeaux et que rendu à la vie civile, il ait pu s’inscrire à l’école de police. Comment est-ce arrivé, Simon ?
- Pardon ? balbutia François.
- Votre blessure…
- Je… sur l’Aisne, en mai 1918. Pendant la contre-offensive allemande…
- Mauvais souvenir, en effet… Quelle unité ?
- 22e division, 62e régiment d’infanterie, monsieur. On s’est battu trois jours sans discontinuer et on a dû se replier sur Bazoches. C’est là que j’ai été blessé à la tête.
- Mais vous ne seriez pas ici si vous en aviez gardé des séquelles, j’imagine ?
François songea aux cauchemars qui le hantaient la nuit, aux visions d’horreur qui l’assaillaient à l’improviste, aux douleurs pour mastiquer et à ces coups de poignard, surtout, qui lui transperçaient quotidiennement le crâne.
- Non, finit-il par répondre, aucune séquelle.
- Tant mieux, Simon ! Inspecteur principal Robineau, déclara l’homme en lui tendant la main. Ne serrez pas trop fort tout de même, j’ai été blessé au poignet, du côté de Graonne…
Il salua ensuite Lefourche avec la même solennité, puis brandit son rectangle de papier vert.
- Là-dessus, messieurs, je dois vous laisser. On nous a transmis une fiche d’intervention à propos de coups de feu à la gare Montparnasse. Je comptais emmener Gommard, histoire de lui faire un peu d’exercice, mais puisque nous avons deux novices, profitons-en pour leur apprendre le métier. Mortier, je vous confie Lefourche, mettez-le au courant de la procédure et des habitudes de la maison. Moi, je me charge de notre soldat : après quatre années dans les tranchées, il a mérité de prendre l’air.
Il pointa sur François un doigt énergique.
- Qui sait, inspecteur Simon, c’est peut-être le début de votre première affaire.

Avis :

Bien que n’étant pas un grand fan des romans policiers, je dois dire que j’ai été totalement conquis par celui-ci. Loin de faire de ce livre une banale enquête policière, Guillaume Prévost nous livre ici une histoire avec des personnages attachants. Leurs caractères bien trempés, nous permettent d’être captivé par l’enquête mais aussi de profiter d’une leçon d’Histoire. L’auteur a en effet fait côtoyer la petite histoire et la grande : on retrouvera dans ce livre l’affaire Landru, les manifestations du 1er mai, la négociation du traité de paix ainsi que les nombreuses privations en ce lendemain de la Grande Guerre. L’intrigue, quant à elle, est très bien ficelée et riche en rebondissements.
“La valse des gueules cassées” n’est que le premier livre d’une série d’enquêtes de François-Claudius Simon et je vous parlerai très bientôt de la suite !

Apparemment je ne suis pas le seul à avoir aimé ce livre puisque Laurence en a aussi fait une très bonne critique.

Note :

Guillaume Prévost (1964) – Français
277 pages – 2010 – ISBN : 978-2-2640-5271-1