Olivier Adam – La messe anniversaire
Résumé :
Cela fait un an que Caroline est morte. Lors d’une fête qu’elle avait organisée chez elle avec ses amis, elle a basculé du balcon sur le rebord duquel elle était assise. Cet accident a profondément traumatisé ses proches et la messe anniversaire organisée par ses parents ravive chez ses amis le souvenir de la douleur mais aussi des bons moments passés auprès d’elle et que chacun va se remémorer tour à tour.
Extrait :
La musique a retenti et c’était le son aigre d’un orgue bien pourri. Le type faisait des tas de fausses notes. Personne ne lui en tenait rigueur. Il pouvait bien jouer n’importe quoi, on s’en foutait, on n’était pas là pour ça, on ne savait pas pourquoi on était là si ce n’est qu’on avait tous au fond du crâne le nom de Caroline qui tournait en boucle. Son nom seulement, parce que son visage, ça faisait longtemps déjà qu’on n’était plus capable de se le figurer, et sa voix pareil. Sa voix, on n’arrivait plus à la reconstituer, à l’entendre circuler à l’intérieur du crâne, entre nos deux oreilles.
De Caroline, il restait des photos, des souvenirs de rien. Mais ce qui restait gravé, c’était le sentiment, l’os du sentiment que chacun éprouvait pour elle. Une chose indéfinissable et abstraite. Une sensation où s’emmêlent la douceur, un rire, quelques mots indéchiffrables, la sensation de sa main sur la joue ou au creux de la nôtre, la caresse de ses yeux qui se posaient sur nous. Ce qui reste gravé, c’est le lien. Une chose physique.
Avis :
Une amie m’avait conseillé ce livre en me disant que ça me ferait sans doute penser à Arnaud Cathrine. Je constate effectivement qu’il y a des similitudes dans la façon dont l’histoire se construit à travers les voix de personnages qui évoquent un être disparu. Je reste pour ma part beaucoup plus sensible à l’écriture d’Arnaud Cathrine qu’à celle d’Olivier Adam. Mais j’ai quand même beaucoup apprécié cette lecture qui a le mérite d’aborder un thème important avec une justesse de ton qu’il n’est pas facile d’atteindre quand on écrit pour un public adolescent. Le drame terrible qui touche les protagonistes coexiste de façon presque paradoxale avec leur jeunesse, cette confrontation violente, presque indécente entre la vie et la mort qui fait pourtant le cœur du livre m’a interpellée. L’auteur sait trouver un équilibre fragile dans les émotions qu’il retranscrit, empêchant le récit de se vautrer dans un pathos de mauvais aloi, ce qui est déjà l’essentiel.
Une interview fort intéressante d’Olivier Adam où il parle de ce livre mais aussi plus généralement de son écriture et des auteurs dont il se sent proche (il y évoque entre autres Annie Ernaux et Arnaud Cathrine, ce qui constitue déjà à mes yeux une raison suffisante pour le lire).
Note :
Olivier Adam (1974) – Français
181 pages – 2003 – ISBN : 2-211-07094-9
juillet 10th, 2010 à 6:02
Je le note !!!!!
mai 5th, 2012 à 12:19
Quel bonheur de tomber ici! Je tiens moi même un blog littéraire, enfin j’essaie puisque là il est à l’abandon et que je tente de lui refaire une beauté… http://des.livrez.moi.over-blog.com/
J’ai lu beaucoup de livres d’Olivier Adam et Arnaud Cathrine et c’est vrai qu’ils ont quelque chose de similaires (peut-être les thèmes récurrents de leurs romans et cette façon de dépeindre la détresse et la douleur des gens)même si je suis moi aussi plus sensible à la plume d’A.Cathrine.