Résumé :

Un enfant de dix ans observe Friedhart Stahl devenir l’amant de sa mère et briser sa famille. Devenu adulte, il s’efforce de reconstruire la vie de cet homme, cet aventurier, qui aura eu une si grande influence dans sa vie. L’occasion aussi à travers des aller-retour dans le temps, de s’interroger à propos des complexes et des hésitations de la génération allemande de l’après-guerre.

Extrait :

Regarde ce livre, continua-t-il. C’est un prix Goncourt. Il fait deux cent cinquante pages en français. Mais si j’en traduis le sens en allemand, il en restera à peine cinquante. Aucune langue au monde ne peut s’étirer comme le français, aucune langue n’a un tel réservoir de fioritures et de détours. Non, corrigea-t-il, aucune langue ne devrait s’étirer autant, se contorsionner en formules alambiquées, se perdre autant dans la métaphore et la rhétorique pour simplement dire ce qu’elle a à dire. Friedhart s’emportait : son jugement était définitif.
J’avais mes réserves. J’avais choisi de vivre ici et je m’étais convaincu que le français était la plus belle des langues. J’étais tombé amoureux d’une Français et, avec elle, amoureux de la langue française, alors qu’en réalité peut-être étais-je simplement tombé amoureux de mes propres déclarations d’amour. Cette langue avait pour moi encore un certain exotisme – un souffle, une sensualité, un parfum qui m’attiraient. Je pensais que les mêmes mots – arbre, table, amour ou parole – devaient forcément avoir un sens plus noble, plus profond et plus délicat en français qu’en allemand, où l’on dit brutalement Baum, Tisch, Liebe, Wort, telles des pierres jetées dans un puits.
Prends une phrase, insista Friedhart : Was ist der Mensch ?, ou mieux encore, plus concis encore : What is man ? comme le demandait Martin Luther King. Trois morts suffisent pour dire la seule question qui compte. Et que fait le français ? A-t-il seulement le loisir de se poser cette question ? Qu’est-ce qu’un homme ! Sept mots pour dire ce qu’un Anglais dit en trois ! Quatre syllabes au lieu de trois ! Une langue faite de précautions, de détours, d’ornements, une langue faite pour ne pas dire ce qu’on a à dire !

Avis :

Une fois encore je remercie Libfly ainsi que le Furet du Nord pour l’envoi de ce livre. Malheureusement, contrairement au précédent livre, “Le Cercle des cendres” ne m’a pas convaincu…

Malgré la très belle écriture et le style très agréable de Balthasar Thomass, cette lecture m’a laissé totalement indifférent. A aucun moment je n’ai été séduit par cette histoire très – trop – personnelle (et peut-être un peu autobiographique ?). Derrière l’histoire de famille, l’auteur nous présente une réflexion sur la génération allemande de l’après-guerre ainsi que sur ce qui pousse ses personnages à se détruire. Mais, noyée dans l’histoire étrange et trop peu intéressante (à mon goût bien entendu) de Friedhart, je n’ai pas réussi à extraire de cette réflexion un intérêt quelconque.
Une autre génération que la mienne y trouvera peut-être plus son compte mais pour moi l’intérêt de cette lecture a été très limité.

Note :

“Le Cercle des cendres” paraîtra le 19 août 2010 aux éditions Philippe Rey.

Balthasar Thomass (1967) – Allemand
206 pages – 2010 – ISBN : 978-2-84876-166-4