Arturo Perez-Reverte – Le Tableau du Maître flamand
Résumé :
Julia est restauratrice d’œuvres d’art. Alors qu’elle travaille sur un tableau du XVème siècle, La Partie d’échecs, elle découvre une inscription sous la peinture : “Quis necavit equitem ?” qui signifie : “Qui a tué le cavalier ?” Le tableau semble receler une énigme qui risque de faire grimper sa cote et que la jeune femme est bien décidée à découvrir. Mais lorsqu’un mystérieux joueur d’échecs semble vouloir continuer la partie commencée sur la toile et que des meurtres sont perpétrés dans son entourage, Julia commence à réaliser que cette histoire n’est pas un simple jeu.
Extrait :
Le joueur d’échecs acquiesça d’un mouvement du menton.
-Oui, dit-il au bout de quelques instants. Dans la partie, la dame noire qui était à l’abri jusqu’à présent se trouve à découvert… il s’arrêta un moment ; il ne semblait pas très à l’aise lorsqu’il s’agissait de sortir du domaine des échecs pour interpréter les mouvements des pièces. Le joueur invisible veut peut-être nous dire quelque chose, qu’il est sûr maintenant que le mystère du tableau a été résolu. La dame noire…
-Béatrice de Bourgogne, murmura la jeune femme.
-Oui. Béatrice de Bourgogne. La dame noire qui apparemment a déjà tué une fois…
Les dernières paroles de Munoz restèrent suspendues en l’air, comme si elles n’appelaient aucune réponse. César qui était resté silencieux tendit la main et fit délicatement tomber la cendre de sa cigarette dans un cendrier, avec le geste méticuleux de quelqu’un qui a besoin de faire quelque chose pour rester en contact avec la réalité. Puis il regarda autour de lui, comme si la réponse aux questions que tous se posaient se trouvait quelque part parmi les meubles, les tableaux et les bibelots de son magasin d’antiquités.
-La coïncidence est vraiment incroyable, mes chers amis, dit-il. C’est impossible.
Il leva les main, puis les laissa retomber en un geste d’impuissance. Munoz se contenta de hausser brusquement les épaules sous sa gabardine froissée.
-Il ne peut plus s’agir d’une coïncidence. Celui qui a préparé ce coup est un maître.
-Et que se passe-t-il avec la reine blanche ? demanda Julia.
Munoz soutint son regard quelques secondes, avança la main vers l’échiquier et la laissa suspendue à quelques centimètres de la pièce, comme s’il n’osait la toucher. Puis il montra avec son index la tour noire de la case c1.
-Elle risque de se faire prendre, dit-il calmement.
Avis :
Ce roman, dont je ne connaissais absolument pas l’auteur, a été une très bonne surprise pour moi : l’intrigue est remarquablement ficelée et le style est très soigné (parfois même un peu trop). On est loin d’un roman policier de bas étage ; l’auteur entremêle avec beaucoup de talent une intrigue pseudo-historique et une passionnante réflexion philosophico-psychanalytique sur l’existence et sur l’art. Les personnages sont construits de façon très minutieuse tout en gardant une part d’ombre qui les rend intéressants. Le suspense est maintenu jusqu’au bout et j’avoue avoir été assez bluffée par la fin du roman. Une belle découverte, qui allie à merveille littérature et suspense.
Note :
Arturo Perez-Reverte (1951) – Espagnol
347 pages – 1990 – ISBN : 978-2-2530-7625-4
mars 26th, 2011 à 16:22
Je ne connaissais pas mais ton billet donne envie de découvrir cet auteur !
mars 26th, 2011 à 23:55
Leiloona : pour ma part, je l’avais acheté un peu par hasard, intriguée par le résumé. Mais il vaut vraiment le coup (surtout qu’en général, je suis très circonspecte concernant les romans policiers).