Anne Wiazemsky – Mon enfant de Berlin
Résumé :
Anne Wiazemsky conte une période importante de la vie de sa mère, Claire Mauriac (“Fille de” qui cherchera longtemps à laisser cette appellation de côté). En 1944, Claire a 27 ans, elle est ambulancière pour la Croix-Rouge. A la fin de la guerre, elle suivra l’armée jusqu’à Berlin, une ville en Ruine où il y a beaucoup à faire. Faisant preuve de beaucoup d’abnégation, elle est appréciée de tous. Cette expérience représente pour elle l’occasion de vivre à l’écart de l’aura de son père, de devenir femme mais aussi de rencontrer son futur mari.
Extrait :
En septembre 1944, Claire, ambulancière à la Croix-Rouge française, se trouve encore à Béziers avec sa section. Elle a vingt-sept ans, c’est une très jolie jeune femme avec de grands yeux sombres et de hautes pommettes slaves. Si on lui en fait compliment, elle feint de l’ignorer. Elle n’a pas le temps de se contempler dans un miroir, ou alors fugitivement et toujours avec méfiance. Elle souhaite n’exister que par son travail depuis son entrée à la Croix-Rouge, un an et demi auparavant. Son courage moral et physique, son ardeur font l’admiration de ses chefs. Ses compagnes, parfois issues de milieux sociaux différents du sien, ont oublié qu’elle est la fille d’un écrivain célèbre, François Mauriac, et la considèrent comme l’une d’entre elles, rien de plus. Cela la rend heureuse. Elle aime ce qu’elle fait, la nécessité de vivre au jour le jour. Au volant de son ambulance, quand elle transporte des blessés vers des hôpitaux surchargés, elle se sent vivre, pour la première fois de sa jeune vie. Une vie sans passé, sans futur. Une vie au présent.
Avis :
Décidément, Anne Wiazemsky aime parler de son histoire familiale et elle le fait plutôt bien. Après “Jeune fille” où elle racontait sa jeunesse et notamment sa rencontre avec Robert Bresson, elle remonte cette fois dans le temps pour parler de la jeunesse de sa mère.
Pour ce roman j’ai un avis mitigé. J’ai beaucoup aimé la première moitié, un peu moins la seconde. Au début du roman, on découvre Claire Mauriac, une jeune fille en train de devenir une jeune femme, oppressée par ce nom “Mauriac” qui ne lui permet pas d’être vue pour ce qu’elle est mais plutôt pour la fille du célèbre écrivain. Anne Wiazemsky a réussi à montrer les doutes de jeunesse de sa mère et son émancipation, sa lutte pour s’imposer en tant que personne à part entière. On en apprend ainsi beaucoup sur le “clan” Mauriac où le père a une nature assez dure et réservée tandis qu’une relation très forte unit Claire et sa mère. L’autre point positif concerne le contexte du roman. J’apprécie toujours quand l’histoire prend place dans l’Histoire, on en apprend ainsi beaucoup sur les conditions de vie de l’époque, sur le travail de la croix rouge puis ensuite sur le Berlin d’après guerre et sur les privations.
Malheureusement, dans la seconde moitié du roman, tout cela est un peu mis de côté pour laisser place à l’histoire d’amour entre les parents d’Anne Wiazemsky, leur rencontre, l’organisation du mariage puis la naissance de l’auteur. Je n’ai rien contre les belles histoires d’amour mais on a parfois le droit à des moments un peu trop à l’eau de rose comme par exemple :
Enfin, il se détache d’elle et, en la tenant à bout de bras, en la regardant droit dans les yeux avec un curieux mélange de joie intense et de gravité : “Je vous aime. Oui, c’est exactement ça, je vous aime et je ne veux pas vivre sans vous.”
Ou encore :
- Amoureux ?
- Oui.
Wia reprend claire par les épaules, la serre contre lui et sur le ton d’un défi lancé au monde entier :
- Oui, Mistou, amoureux, très amoureux. Pour toujours.
J’avoue que je me serai bien passé de ces clichés. Enfin, et c’est toujours le point délicat dans un roman / biographie, j’aurais aimé savoir ce qui était réel ou non. Une grande partie du livre est présenté sous un style épistolaire à travers les lettres échangées entre Claire et ses parents notamment. Est-ce que ces lettres ont été inventées entièrement par Anne Wiazemsky ou bien est-ce une reprise de lettres retrouvées dans les archives familiales ?…
Dans l’ensemble, c’est un roman qui sort de l’ordinaire, intéressant, plutôt bien construit et que j’ai apprécié.
Clarabel et Sylire ont eu un vrai coup de cœur pour ce livre. Malice parle même de coup de foudre. Lilly par contre a été très déçue.
Note :
Anne Wiazemsky (1947) – Française
247 pages – 2009 – ISBN : 978-2-07-078409-7
novembre 13th, 2009 à 21:51
Et voilà, un titre de plus dans ma liste…
novembre 14th, 2009 à 17:32
Je l’avais noté au début, mais plus je lis de billets, moins j’ai envie de me plonger dedans.
novembre 15th, 2009 à 11:33
Il est vrai que l’extrait que tu donnes est très “à l’eau de rose”…
novembre 15th, 2009 à 18:00
Heureusement tout le livre n’est pas fait uniquement de ces passages à l’eau de rose ! Mais il y en a quelques-uns parfois un peu trop clichés, je trouve.
novembre 15th, 2009 à 22:44
C’est un livre qui a des avis très différents les uns des autres… Etonnant, à ce point.
février 21st, 2010 à 12:10
Je ne partage votre avis sur ce livre
J’ai trouvé l’écriture morne et sans éclat.
Le ton est apitoyé, pathétique, et comme vous dites “à l’eau de rose”, le problème est que cette eau de rose est présente non pas dans un ou deux passages, mais dans tout le récit.
Mauriac avait bien une fille, Claire, mais celle ci est née en 1929. Au moment où commence le récit elle avait donc 15 ans, et on peut dès lors s’étonner qu’elle eût entamé une carrière dans la croix rouge à cet âge, de plus une carrière très mouvementée, conductrice d’ambulance…..
Le récit est peu détaillé et l’auteur semble s’être peu documenté sur la vie de cette époque. Il en résulte en effet des clichés et des descriptions trop vagues pour être crédibles
Je prépare moi aussi une note de lecture pour mon site, mais elle sera bien moins élogieuse que la vôtre.
février 21st, 2010 à 12:31
En fait tout est faux dès les premières lignes.
L’auteur présente Claire, fille de Mauriac, comme âgée de 27 ans, alors qu’en réalité elle en avait 15
En outre, Claire Mauriac était engagée politiquement et défendait des convictions religieuses, toutes choses qui sont absentes du livre
février 21st, 2010 à 17:35
En effet, je pense aussi que beaucoup de choses ont été inventées dans cette histoire mais c’est avant tout un roman plus qu’une biographie du coup ça ne m’a pas gêné outre mesure.
février 21st, 2010 à 18:49
En fait je ne connaissais pas cette auteure (oui je sais , inculte je suis)
Après avoir lu le livre, j’avais le sentiment que l’histoire était inventée de toute pièce. Trop de flou, trop peu de détails…
J’ai cherché sur le net et j’ai vu que la fille de Mauriac était née en 1929. Fausse info semble-t-il (wikipedia)
Néanmoins, il est difficile de connaitre le vrai du faux dans ce texte, et j’aurais voulu savoir si les lettres de Claire sont les authentiques lettres à ses parents Mauriac. Pour moi elles sont fausses, il me semble reconnaitre le style de l’auteur, mais a contrario la fille et sa mère peuvent avoir les mêmes écritures.
Enfin bon, c’est tout un débat et j’ai à faire
Je vous laisse. Moi aussi j’ai des sites à gérer…
février 21st, 2010 à 18:56
Je me suis posé la même question sur l’authenticité des lettres de Claire. Je pense tout comme toi qu’elles sont écrites par Anne Wiazemsky.
février 21st, 2010 à 18:57
Ceci dit, je connais assez peu Anne Wiazemsky mais je te conseille de lire “Jeune fille” qui m’avait beaucoup plu et qui, pour le coup, est autobiographique donc plus proche de la réalité je suppose…