Résumé :

La petite Consuelo mène une vie insouciante à Venise. Elle suit les cours du célèbre maître Porpora à la scuola et vit un amour sans nuages avec le bel Anzoleto. Mais sa voix exceptionnelle la prépare à une destinée incroyable : de la Bohême à Vienne, en passant par Berlin, George Sand nous entraîne sur les traces de son héroïne dans un périple incroyable où le fantastique se mêle au réel dans une fresque qui prend plaisir à explorer toutes les ressources du romanesque.

Extrait :

Le hasard lui avait fait rencontrer la petite Espagnole devant les Madonettes, chantant des cantiques par dévotion ; et lui, pour le plaisir d’exercer sa voix, il avait chanté avec elle aux étoiles durant des soirées entières. Et puis ils s’étaient rencontrés sur les sables du Lido, ramassant des coquillages, lui pour les manger, elle pour en faire des chapelets et des ornements. Et puis encore ils s’étaient rencontrés à l’église, elle priant le bon Dieu de tout son coeur, lui regardant les belles dames de tous ses yeux. Et dans toutes ces rencontres, Consuelo lui avait semblé si bonne, si douce, si obligeante, si gaie, qu’il s’était fait son ami et son compagnon inséparable, sans trop savoir pourquoi ni comment. Anzleto ne connaissait encore de l’amour que le plaisir. Il éprouva de l’amitié pour Consuelo ; et comme il était d’un pays et d’un peuple où les passions règnent plus que les attachements, il ne sut point donner à cette amitié un autre nom que celui d’amour. Consuelo accepta cette façon de parler, après qu’elle eut fait à Anzoleto l’objection suivante : “Si tu te dis mon amoureux, c’est donc que tu veux te marier avec moi ?” et qu’il lui eut répondu : “Bien certainement, si tu le veux, nous nous marierons ensemble.”

Avis :

Ce livre m’a laissé sur une impression mitigée. Le début est vraiment beau : le style de Sand est très orné et en même temps très agréable. L’héroïne est un peu horripilante parfois parce que trop parfaite, mais elle reste finalement attachante. De par les circonstances dans lesquelles George Sand a rédigé ce roman (il s’agit d’un roman feuilleton qui est paru dans la Revue Indépendante de 1842 à 1844, l’auteur était donc soumise à un rythme de travail plutôt exigeant), on comprend mieux l’impression de foisonnement qui se dégage du récit. Ce qui fait le point fort et la faiblesse du roman, c’est la tentative de l’auteur de toucher à tous les styles romanesques. Mais le résultat est plus ou moins réussi : au début, je me suis totalement laissé emporter par le roman. Parfois la surabondance de détails lasse un peu, et cela va s’accentuant : le tome 1 du roman fait déjà 1000 pages et la suite La Comtesse de Rudolstadt en fait encore 600. Ce deuxième tome pèche aussi par son degré croissant d’invraisemblance. Les longueurs lassent et on a hâte que ça se termine. Néanmoins, une fois la lecture achevée, si on envisage la fresque dans son ensemble, on reste bluffé par la cohérence du tout et le regard sur le monde porté par l’auteur. Pour avoir étudié cette oeuvre, j’ai eu l’occasion d’en saisir la richesse et de constater qu’elle était injustement méconnue vu qu’il s’agit véritablement de l’une des oeuvres majeures de George Sand. Je suis heureuse de ne pas être passée à côté.

Note :

George Sand (1804-1876) – Française