Résumé :

Une jeune femme d’à peine vingt ans, qui a été élevée par sa mère, part à la recherche de son père qu’elle n’a jamais connu. Ce livre relate l’histoire d’amour qui va naître entre eux.

Extrait :

J’entendais ça depuis que j’étais enfant : l’avenir. Ca vous obstruait l’horizon, l’avenir, ça vous raccourcissait le présent, ça le rabotait de tous côtés… C’était toujours la course après l’avenir. A peine arrivais-je quelque part qu’il me fallait détaler pour l’ailleurs. J’en étais essoufflée de l’avenir. Il me prenait à la gorge, m’empêchait de respirer. Je ne m’arrêtais jamais, j’en franchissais toutes les étapes en épreuves successives et il se tenait toujours plus loin, le devenir… Il était distant, ne se laissait pas approcher facilement, courait si vite, c’en était inhumain. Il circulait des histoires et des légendes. Certains moururent de ne pas avoir croisé leur avenir. Ou d’être arrivés trop tard, ou même un peu trop en avance. L’avenir se révélait une maladie létale. On perdait pied, et la tête, on y  sacrifiait sa santé. l’avenir était un sale alibi qui justifiait tout. Pendant les vingt premières années de ma vie, j’ai joué à fond son jeu, je me suis consacrée tout entière à lui. Je l’ai pisté, traqué. Attentive et disciplinée. Entre le présent des choses déjà dépassées et celui des choses futures. Un jour j’ai décrété une pause. Avec un homme; Benoît. Je voulais savourer le présent, l’étirer à son maximum. C’était bien naïf, pour un instant allongé. L’avenir m’a rattrapée, il m’est tombé dessus…

Avis :

Antoine m’avait parlé de ce livre il y a quelques temps, et le sujet (peu banal, c’est le moins qu’on puisse dire) avait attiré ma curiosité. J’ai donc profité des vacances pour m’y plonger, intriguée, et j’avoue n’avoir pas été déçue. J’ai beaucoup apprécié le style, les incessants allers et retours dans le temps  m’ont un peu déroutée tout d’abord, mais finalement je me suis laissé apprivoiser par ce tourbillon. Parce qu’au-delà du caractère “choquant” de l’histoire, ce livre relate avant tout une histoire d’amour, plus exactement de passion. Une passion dévorante, destructrice dans tous les sens du terme, mais qui ouvre aussi à toute une réflexion sur la normalité et l’anormalité. Et dans ce cas de figure pour le moins complexe, il devient très difficile de juger les protagonistes.
Une chose qui me laisse perplexe : en préambule de son livre, Paul Marchand explique que l’histoire qu’il raconte est celle d’une jeune femme qui lui a demandé de l’écrire pour elle. Le livre est cependant écrit à la première personne, comme si c’était cette jeune femme qui prenait la parole. D’ailleurs, si on ne savait pas que l’auteur était cet homme rapportant des faits qui lui ont été relatés, on penserait que le livre a été écrit par la jeune femme. Je serais donc curieuse de savoir un peu plus précisément comment ils ont travaillé.

Note :

Paul M. Marchand – Québécois
217 pages – 2003 – ISBN : 2-253-11474-X