Résumé :

Depuis septembre 2007, Eric Chevillard tient un blog dans lequel il écrit presque quotidiennement trois pensées. Ce livre est une édition de tous ses bons mots tenus entre septembre 2007 et septembre 2008.

Morceaux choisis :

Une enquête l’affirme : Les personnes âgées se suicident deux fois plus que les autres. Or, je suis au regret de le dire, celles qui ont la force moral de refuser ce geste fatal n’en sont pas récompensées : meurent aussi davantage.

Je me montre toujours généreux lorsqu’un enfant scout quitte la ville. Mon Dieu, que ce malheureux petit puisse au moins se vêtir décemment !

La mort peu bien me prendre, que m’importe ? De toute façon, le monde sans moi ne m’intéresserait pas.

Nous apprécions d’avoir dans le quartier un petit fromager, un excellent volailler, une fruiterie approvisionnée chaque jour, et de longer les devantures de ces boutiques pittoresques en nous rendant d’un bon pas au supermarché.

Je n’organiserai plus de suicides collectifs. Ca marche une fois ; l’attrait de la nouveauté, sans doute. Dès la fois suivante, vous n’avez plus personne.

Ses yeux brillent quand elle me regarde mais je me suis fait si souvent berner par des étoiles mortes depuis des millions d’années que je tourne résolument le dos à cette probable défunte.

Avis :

Jusqu’à présent je voyais plutôt d’un mauvais œil les livres qui ne sont qu’une simple impression d’un blog. Pour moi un blog est avant tout un lieu d’échange rendu possible grâce à Internet. Or, vous conviendrez qu’il est difficile d’échanger quand on lit un livre. Mais pour l’autofictif c’est un peu différent. Tout d’abord si vous vous rendez sur le blog en question, vous vous apercevrez rapidement que l’auteur n’a pas permis les commentaires. Ensuite en lisant quelques phrases on s’aperçoit que ses articles n’attendent pas particulièrement de réactions.
En lisant les dernières pensées de Monsieur Chevillard j’ai tout de suite été charmé alors, plutôt que de passer des heures derrière mon écran à lire ses pensées, j’ai préféré le faire derrière ce livre. Il se trouve qu’Eric Chevillard a un style qui m’a beaucoup plu mais qui, je pense, pourrait aussi déplaire à beaucoup. L’humour noir est souvent présent et il faut mieux vous armer d’une bonne dose de second degré en rentrant dans ce recueil. Si vous êtes prêt alors vous devriez beaucoup rire et apprécier ses réflexions. Eric Chevillard ne se gêne pas (et il a bien raison) pour envoyer des petites piques sur l’actualité, pour romancer sa vie ou pour rêver le monde qui l’entoure. On comprendra aussi assez rapidement en le lisant qu’il n’est pas fan d’Alexandre Jardin ou de Marc Levy et je ne vais pas lui jeter la pierre pour cela ! Je suis presque jaloux après avoir lu ce recueil tellement j’aimerais pouvoir avoir ces pensées moi-même… tant pis, à défaut je vais continuer de le lire chaque jour et de me plonger dans les archives depuis septembre 2008 puisque cette partie n’a (du moins pas encore) été éditée.

Note :

Eric Chevillard (1964) – Français
251 pages – 2009 – ISBN : 9-782916-1413-74