Gerald Murnane - Les plainesRésumé :

Un jeune cinéaste décide de se rendre en Australie sur le territoire des Plaines pour tenter d’en révéler l’essence dans un film qui n’existe encore que dans son esprit. Les grands propriétaires terriens des Plaines sont des mécènes qui prennent sous leur protection ceux qui viennent rendre hommage à leur patrimoine culturel. C’est ainsi que notre héros passe des années à étudier ce territoire aux contours indéfinis et indéfinissables.

Extrait :

Il y a vingt ans, lors de mon premier séjour dans les plaines, je gardais les yeux grands ouverts. Je cherchais dans le paysage tout ce qui, derrière les apparences, semblait indiquer un sens subtil.
Mon voyage vers les plaines fut beaucoup moins ardu que je ne l’ai ensuite décrit. Et je ne peux même pas dire qu’à un certain moment j’ai su que j’avais quitté l’Australie. Mais je me rappelle très clairement une succession de jours où les terres plates qui s’étendaient autour de moi m’apparaissaient de plus en plus comme un lieu que moi seul pourrais interpréter.
Les plaines que je traversais alors n’étaient pas uniformément identiques. Je découvrais parfois une vaste vallée peu encaissée qui accueillait des arbres épars, du bétail immobile et peut-être en son centre un maigre cours d’eau. Parfois, dans une campagne absolument monotone, la route s’élevait vers ce qui était sans aucun doute possible une colline, avant que je voie seulement devant moi une autre plaine, nue, plate, décourageante.

Avis :

Ce livre date de 1982 mais sa traduction en français est en revanche toute récente. Pour ma part, le résumé m’intriguait et m’intéressait mais en fait, le livre ne révèle ni plus ni moins que ce qu’annonçait la quatrième de couverture. J’avoue qu’il m’a un peu ennuyée et agacée. Même si la réflexion sur l’art qui y est menée n’est pas dénuée d’intérêt, on en arrive très vite à une aporie dans laquelle le livre s’enlise tout au long de ses 157 pages. Plus on y réfléchit, plus les Plaines apparaissent comme un territoire complexe et difficile à définir. Les différents penseurs qui se sont heurtés à cette réflexion ne se sont jamais mis d’accord et le héros lui-même est de plus en plus perplexe sur la forme que va devoir prendre son projet. Finalement, c’est la démarche artistique en général qui est interrogée dans ce texte : à force de trop réfléchir sur la façon dont il faut faire les choses, on réalise qu’il n’y a pas de forme prédéfinie, que tout projet est voué à l’imperfection et à l’inachèvement. Du coup, à force de penser et d’interroger la forme, le héros devient ridicule. Et moi en tant que lectrice avide de réponses (ou au moins de théories à me mettre sous la dent), je suis restée sur ma faim et je suis arrivée au bout du livre avec un certain soulagement.

Je remercie Libfly pour l’envoi de ce livre, lu dans le cadre de l’opération Club Libfly. Même si j’ai eu le sentiment de rester en dehors de l’histoire, ce fut  tout de même une expérience de lecture originale.

Note :

Gerald Murnane (1939) – Australien
157 pages – 2011 – ISBN : 978-2-8180-0383-1