Résumé :

Meursault vient de perdre sa mère, qu’il avait mise à l’asile parce qu’il ne pouvait plus s’occuper d’elle. Il va à la cérémonie d’enterrement, le soleil brille et ses pensées se perdent dans un néant qui ne nous est pas accessible. Les gens défilent sous ses yeux avec indifférence. Puis la vie reprend son cours, monotone et dénuée de sens. Il rencontre Marie, il sympathise avec son voisin qui le fait tremper dans d’obscures affaires. il n’est ni heureux ni malheureux, il ne se pose aucune question. Mais un jour, sa vie tranquille bascule…

Extrait :

Mais la chaleur était telle qu’il m’était pénible aussi de rester immobile sous la pluie aveuglante qui tombait du ciel. Rester ici ou partir, cela revenait au même. Au bout d’un moment, je suis retourné vers la plage et je me suis mis à marcher.
C’était le même éclatement rouge. Sur le sable, la mer haletait de toute la respiration rapide et étouffée de ses petites vagues. Je marchais lentement vers les rochers et je sentais mon front se gonfler sous le soleil. Toute cette chaleur s’appuyait sur moi et s’opposait à mon avance. Et  chaque fois que je sentais son grand souffle chaud sur mon visage, je serrais les dents, je fermais les poings dans les poches de mon pantalon, je me tendais tout entier pour triompher du soleil et de cette ivresse opaque qu’il me déversait. A chaque épée de lumière jaillie du sable, d’un coquillage blanchi ou d’un débris de verre, mes mâchoires se crispaient. J’ai marché longtemps.

Avis :

Confession à la première personne d’un être qui semble en dehors du monde, “L’étranger” est un livre qui nous place à distance respectueuse de son personnage principal. Je l’avais déjà lu il y a quelques années, mais il me laisse toujours aussi perplexe. Difficile de s’attacher à ce personnage si unique, si difficile à cerner. Son intériorité ne nous est pas donnée, il vit au présent, n’a aucune épaisseur psychologique ; il ne ressent pas d’émotions, seulement des sensations. Cela rend le livre troublant, et je serais bien en peine d’en faire une critique édifiante. Surtout qu’il est intéressant de voir d’une part ce que l’auteur cherche à nous amener à penser et d’autre part, de juger le héros objectivement pour les faits dont il est accusé. Il ressort du décalage qui naît entre les deux lectures une impression de malaise. Mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt de l’oeuvre, vu que très peu d’éléments nous sont donnés, chacun peut se faire sa propre idée sur Meursault.

Note :

Albert Camus (1912-1960) – Français
186 pages – 1942 – ISBN : 978-2-07-036002-4