Walt Whitman – Feuilles d’herbe
Extrait :
Ô LA VIE ! Ô MOI !
Ô la vie ! Ô moi ! toutes les questions qui reviennent à leur propos,
L’interminable cortège des sans foi, les villes entières d’imbéciles,
Les reproches que je m’adresse à moi-même (y a-t-il plus imbécile que moi, y a-t-il plus dépourvu de foi ?),
Les yeux qui cherchent en vain la lumière, les objets médiocres, la lutte qui recommence toujours,
Ce médiocre résultat d’ensemble, les foules sordides et piétinantes que je vois autour de moi,
Le vide la vanité dans la vie des autres, moi aux autres entremêlé,
Et toujours la triste question qui n’en finit pas de revenir ô moi – à quoi ça sert d’être au milieu de tout cela, ô la vie, ô moi ?
REPONSE
Au fait que tu es sur terre – au fait que la vie existe avec l’identité,
Au fait que la forte pièce théâtrale continue et que tu peux y apporter ta réplique.
Avis :
Il y a déjà quelques temps j’ai vu le film “Le cercle des poètes disparus” où Whitman est cité à plusieurs reprises. Alors enfin j’ai pris le temps de lire ces “Feuilles d’herbe”, qui représente la quasi-totalité de l’œuvre de Whitman. Je dois dire que je me suis senti un peu perdu face à cette lecture. Il y est souvent question de l’Amérique et de religion. N’étant pas un spécialiste de l’histoire du nouveau continent ni de la bible, j’ai eu l’impression de ne pas avoir les connaissances nécessaires pour bien évaluer ce recueil. De fait, je m’abstiendrai d’évaluer cette lecture.
Néanmoins, il y a des poèmes qui m’ont plu, d’autres qui m’ont laissé de marbre et que j’ai parfois pu lire en diagonale. Il y a de nombreux poèmes sur l’Amérique, son histoire, ses guerres, ses héros (Lincoln, Grant), quelques textes sur la France qu’il regarde avec une certaine bienveillance, et puis de nombreuses contemplations du quotidien.
Une remarque supplémentaire sur l’édition qui ne présente que la version française. Il faut dire que le livre compte plus de 700 pages alors la version bilingue n’en est que plus compliquée mais j’ai senti des traductions assez “limites”. Par exemple, le célèbre “I sound my barbaric Yawp over the roofs of the world” est traduit par “Eructe ma clameur de barbare, youpi ! plus haut que le toit du monde” qui perd en vigueur je trouve… De même le non-moins célèbre “O Captain my Captain” est traduit par un simple “Ô mon capitaine”… non, vraiment, la version bilingue n’aurait pas été un luxe !
Note :
Walt Whitman (1819-1892) – Américain
785 pages – 1855/1891 – ISBN : 978-2-07-041543-4
octobre 15th, 2008 à 1:43
Pour peu qu’on ait les bases suffisantes, c’est mieux de le lire en anglais. Je l’étudie en classe en ce moment (je suis en deuxième année de LCE Anglais) en version, c’est vraiment quelque chose. Les phrases ont un rythme très particulier, et les thèmes sont variés. Whitman célèbre beaucoup le corps humain en lui-même, et parle de sujets assez “novateurs” pour son époque tels que la sexualité (les fantasmes féminins par exemple, avec un poème ayant très probablement inspiré Kate Chopin pour son “The Awakening”), mais également la mort, etc etc… (désolée, vu l’heure je ne me sens pas trop en état de vraiment détailler tout). Whitman a une forte tendance à passer du coq à l’âne, comme le prouve son “Song of myself” qui ne fait pas moins de 50 pages (!) (il a un côté “voyeur” aussi)
Bref, tout ça pour dire que le lire en français n’est pas une très bonne idée, car on perd beaucoup en route (après tout, on dit bien que “toute traduction est une trahison”).
(d’ailleurs, autre idée à garder en tête en lisant ses poèmes, c’est qu’il travailla dans l’imprimerie avant de se mettre à l’écriture, et que de fait, la forme et la ponctuation sont des éléments importants dans ses poèmes)
Bonne continuation, en espérant que ce message aura une quelconque utilité~
octobre 15th, 2008 à 22:59
C’est très intéressant ce que tu dis là et je ne peux qu’approuver que les VO sont toujours plus intéressantes. Cependant si lire quelques pages en anglais ne me dérange pas, lire les 700 pages des Feuilles d’Herbes en VO je ne pense pas que j’en aurais eu le courage. Surtout que le livre datant de la fin XIXe, le vocabulaire doit être parfois assez difficile.
Mais oui, comme je l’ai dit dans l’article, je n’ai que trop bien senti que la VF était loin de la beauté de la VO.
octobre 19th, 2008 à 14:12
Oui effectivement le vocabulaire est un peu particulier/difficile, mais bon rien d’insurmontable =) Pour ce qui est des 700 pages, la solution est de feuilleter et d’en lire ‘au gré des pages’. Et si vous ne voulez pas investir dans le livre en VO, vous avez la possibilité de le lire en ligne ici -> http://www.gutenberg.org/catalog/world/readfile?fk_files=903865
Ce site a numérisé énormément d’ouvrages anglophones qui sont librement consultables et même téléchargeables~
Bonne lecture ^^
octobre 19th, 2008 à 14:23
C’est vrai que le net est un superbe outil pour tous les livres libres de droits. Google books est pas mal aussi dans le genre.
J’ai beaucoup de lectures en attente donc je ne me plongerai peut-être pas tout de suite dedans mais je garde le lien de côté, ça pourrait me servir ! Merci !
novembre 25th, 2008 à 21:15
><
Les traductions françaises de la poésie laissent parfois vraiment à désirer. Autant parfois, je trouve que l’atmosphère particulière est rendue, je pense à L’Adieu, c’est la nuit, d’Emily Dickinson, autant d’autres sont presques révoltantes…
Je suis évidemment pour les versions bilingues, parce que mêem si on ne comprend pas toujours tout, la poésie, se trouve aussi dans les sons, et je trouve ça important de lire en anglais.
Après voilà, la langue anglaise de la fin XIXème est loin d’être très simple, et pour ceux qui ne font pas d’études poussées d’anglais, ça peut être franchement rebutant…
Le tout, et je rejoins Hyou, c’est de ne pas lire tout ça en bloc, mais d’ouvrir le recueil quelque part, et lire juste quelques poèmes…mais mon dieu non, pas tout le recueil en une traite en anglais, seuls les bilingues peuvent faire ça
juin 7th, 2011 à 21:52
Voilà moi j’ai reussi a acheter ce livre; mais bon je suis un peu decu par cette traduction de jacques darras car toutes les phrases sont modifiés mais pas en nmieux.exemple dans le poeme : o moi o la vie derniere phrase, au fait que la forte piece theatrale continue et que tu peux y apporter ta replique alors que l on connait que le puisssant spectacle continu et que tu peux y apporter ta rime dans le film le cercle des poetes disparu, c est un peu decevant on reconnait plus du tout ce poeme qui est tellement merveilleux. bon je vais essayer de trouver une autre traduction.Vous pouvez me conseiller merci
avril 13th, 2012 à 21:16
bonsoir,
je viens de lire votre critique sur la traduction de “feuilles d herbe” par gilles mourier.
sachez que gilles est un de mes proches amis.
il a choisi de traduire la première mouture du poème, celle de 1855, qui était loin de faire 700 pages.
sa traduction est donc complète : en effet, tout au long de sa vie, whitman a remanié et augmenté son poème initial.
si vous comparez la traduction de gilles avec l edition americaine de 1855, vous verrez qu elle est complète.
sachez aussi que gilles, né au milieu des années 50, est lauréat de plusieurs concours généraux…
c est un esprit des plus brillants : ainsi sa traduction n est elle pas “limite” comme vous le dites mais, je vous l accorde, très personnelle…
cordialement,
le viking
avril 13th, 2012 à 21:35
Bonsoir Stéphane et merci pour votre commentaire.
Je ne remets pas du tout en doute l’intelligence de votre ami. Je suis vraiment un néophyte en poésie et ce livre est, à ce jour, le seul que j’ai lu de Whitman. Votre ami en a donc certainement une bien meilleure connaissance que moi.
C’est influencé par le cinéma et “Le cercle des poètes disparus” que j’ai eu envie de lire Whitman et j’ai donc porté une attention particulière au poème “I sound my barbaric Yawp over the roofs of the world”. J’ai été très surpris par le choix du traducteur de traduire ce “YAWP” par un simple “youpi” qui me semble si loin du cri barbare…
Mais bon, comme vous le dites, j’imagine que le traducteur apporte forcément sa sensibilité dans son travail .
Quoiqu’il en soit, merci encore pour votre intervention.
Bien cordialement.
avril 14th, 2012 à 11:22
bonjour antoine,
si, dans un premier temps, j ai tenu à défendre les compétences de mon ami gilles mourier, je me dois maintenant d être honnête : bien souvent gilles, en effet, a le souci de se démarquer des traductions existantes (jettez donc un oeil à son site personnel et à son travail sur w stevens et e dickinson), ce qui le pousse parfois à des coquetteries lexicales et syntaxiques qui peuvent, au choix, éblouir ou agacer…
je comprends donc tout à fait votre point de vue…
cordialement,
stéphane stenersen