Résumé :

Entre ces deux frères, les rapports sont parfois difficiles, notamment à cause de l’amour qu’ils portent aux femmes. Si le cadet a trouvé “l’amour unique”, l’ainé enchaîne  jalousement les histoires sans lendemain. Jusqu’au jour où, à son tour, l’ainé trouve son “amour unique” qui va mourir quatre ans après leur rencontre. Cette mort très douloureuse pour l’ainé sera aussi l’occasion pour les deux frères de se retrouver en quête de ce lieu où vivent les morts tout en essayant de ne pas se perdre, ni dans le temps, ni dans la vie.

Extrait :

Je venais de comprendre que chaque être habite un territoire du temps et ne s’en échappe jamais.
Il y a des êtres d’imparfait, les plus mous dans le goût de vivre : la nostalgie n’est pas bonne pour l’appétit.
ll y a des êtres du passé simple : ils rompent, à tout bout de champ, on ne sait pas pour qui ni pour quoi, peut-être pour le seul plaisir d’entendre le couteau trancher.
Il y a des êtres capables de présent : ce sont les plus faciles à vivre puisqu’ils sont dans leur vie. Ils ont cette politesse qu’on pourrait croire banale et naturelle, alors que c’est une rareté : la politesse d’être là. Là quand ils vous parlent, là quand ils goûtent un plat, là quand ils se mettent en colère, là, et pas ailleurs, quand il vous font l’amour. Et moi ? Après avoir habité si longtemps le futur, étais-je capable de présent ?

Avis :

Je connaissais Orsenna pour ses petits livres imagés et touchants que l’on conseille parfois aux enfants ou adolescents (comme “La grammaire est une chanson douce”, “Les chevaliers du subjonctif” ou “Dernières nouvelles des oiseaux”). Je n’avais encore pas eu l’occasion de le lire à travers des histoires plus sérieuses alors c’est pris d’une certaine curiosité que je me suis plongé dans ces pages, sans vraiment savoir à quoi m’attendre. J’ai été très séduit par la première moitié du livre, pleine de poésie et de tendresse. Le début de la seconde moitié m’avait un peu déçu, le livre passe en effet par une phase un peu “théorique” au point que l’on ait parfois l’impression de lire un documentaire. Heureusement, cette phase est assez courte et la fin du livre redevient comme au début : poétique et touchante. Mis-à-part ce “bémol” en milieu de livre, j’ai donc été vraiment séduit par cette histoire. Les rapports humains vis-à-vis de l’amour, de la mort ou de la famille y sont plutôt bien étudiés et l’histoire est très plaisante. Un livre que je vous conseille donc d’autant plus que l’édition poche sort dans un peu moins de deux mois.

Note :

Erik Orsenna (1947) – Français
193 pages – 2008 – ISBN : 978-2-234-06140-8