Paul Auster – Mr Vertigo
Résumé :
Walt a neuf ans lorsqu’il est recueilli par maître Yehudi. Celui-ci lui fait un jour une proposition incroyable : s’il accepte de venir avec lui, il lui apprendra à voler comme un oiseau. Mais la réussite a un prix et ce n’est qu’au terme de longues épreuves que Walt développera ce don exceptionnel. Dans l’Amérique des années 1920 qui connaît de profondes transformations, Walt le prodige devient un saltimbanque célèbre ; mais les aléas de la gloire se manifestent souvent plus vite qu’on ne l’imagine…
Extrait :
-Je vais t’enterrer, fiston.
-Quoi ?
-Je vais t’installer dans ce trou et te couvrir de terre ; t’enterrer vivant.
-Et vous croyez que je vais être d’accord ?
-Tu n’as pas le choix. Ou tu descends là-dedans de ton plein gré, ou je t’étrangle de mes deux mains nues. D’un côté, tu vivras une vie longue et prospère ; de l’autre, ton existence s’achève dans trente secondes.
Je le laissai donc m’enterrer vif – une expérience que je ne recommanderais à personne. Si déplaisante qu’en paraisse l’idée, la réalité de l’incarcération est bien pire et lorsque vous avez passé quelque temps dans les entrailles des profondeurs ainsi que je le fis ce jour-là, le monde ne peut plus jamais vous sembler pareil. Il devient indiciblement plus beau, et cependant sa beauté est baignée d’une lumière si éphémère, si irréelle, qu’il ne possède pas la moindre substance et que, même si vous pouvez le voir et le toucher comme auparavant, une partie de vous comprend que ce n’est qu’un mirage. Sentir la terre sur soi, c’est une chose, la pression et le froid, la panique mortelle, et l’immobilité, mais la véritable terreur ne commence qu’après, lorsqu’on vous a déterré, et que vous pouvez à nouveau tenir debout et marcher. A partir de ce moment, tout ce qui vous arrive à la surface est relié à ces heures souterraines. Une petite graine de folie a été plantée dans votre tête, et même si vous avez remporté ce combat pour la survie, presque tout le reste est perdu. La mort vit en vous, rongeant votre innocence et vos espoirs, et à la fin ne demeurent pour vous que la terre, la densité de la terre, le pouvoir et le triomphe éternels de la terre.
Ainsi débuta mon initiation.
Avis :
Cette lecture a été pour moi une bouffée d’oxygène en des temps de stress et j’en viens à me demander si je l’aurais autant appréciée dans d’autres circonstances. Mais le fait est que j’ai complètement accroché à cette histoire, et ce dès le début. Ce livre m’a semblé présenter un fort potentiel pour une adaptation au cinéma : les personnages sont hauts en couleurs, avec des personnalités marquées et ils endurent des épreuves qui les font très vite apparaître comme des héros. Il y a du surnaturel dans ce livre, mais ce n’est finalement qu’un prétexte pour traiter des thèmes plus humains et plus universels. Le seul regret que j’aie pu avoir, c’est le sentiment que ça passe trop vite, que ces moments empreints de vie, ces personnages si attachants, sont bousculés par des épreuves et comme eux, on se prend à regretter le temps d’avant. En fait, c’est un livre qui est bourré de ficelles, plus ou moins grosses, mais c’est vraiment le plaisir de l’histoire (et donc celui du lecteur) qui est mis à l’honneur. On retrouve son âme d’enfant, on tombe de haut, on en redemande. Vraiment, c’est une belle découverte que je vous conseille.
Pour Kassineo, c’est le meilleur livre de Paul Auster même si la fin l’a un peu déçue. Sentinelle pense que ce livre est un peu en marge de la bibliographie de Paul Auster mais ne l’estime pas moins enchanteur. Emeraude ne sait pas trop quoi penser de ce livre et Papillon a préféré l’aspect métaphorique de l’histoire car pour le reste, elle a trouvé que Paul Auster en faisait parfois un peu trop.
Note :
Paul Auster (1947) – Américain
1993 – 317 pages – ISBN : 2-7427-0172-9
mars 5th, 2010 à 18:17
Je n’ai pas beaucoup lu de romans de Paul Auster, mis à part son dernier “Seul” ou quelque chose comme ça. Et des extraits aussi en VO. Je l’avais vu aussi en conférence et c’était vraiment intéressant! Assez sombre comme homme…
mars 5th, 2010 à 20:27
Ca dépend, la plupart de ses livres sont sombres en effet mais d’autres sont plus joyeux !
En tout cas tu as eu de la chance de pouvoir le voir en conférence
mars 6th, 2010 à 14:10
Marie : C’est vrai que c’est la classe de le voir en conférence ! Je n’ai lu que trois livres de cet auteur et même si je n’accroche pas toujours, je trouve qu’il a une approche intéressante de la littérature. En tout cas, je te conseille vraiment celui-là, et à Antoine aussi d’ailleurs
novembre 11th, 2010 à 12:18
je suis en train de le lire, et j’ai trouvé ce passage très remarquable en effet… c’est en le googlant que j’ai trouvé ce post