Laurent Gaudé – Le soleil des Scorta
Résumé :
Le brigand Luciano Mascalzone revient à Montepuccio après avoir passé quinze années en prison. Durant tout ce temps, il a rêvé de Filomena Biscotti. Bien décidé à faire l’amour à cette femme, quitte à y laisser la vie ensuite, il ne réalise pas que c’est avec la soeur de celle-ci qu’il couche. C’est de cette union que naît la lignée des Scorta (du nom du couple de pêcheurs qui élèvera l’enfant, Rocco, qui s’enrichira à son tour par la contrebande). Cette famille qui semble touchée par une malédiction, est aussi guidée par un sens aigu de l’honneur, et la foi en la force du travail. De 1870 à nos jours, on découvre les valeurs de cette lignée pleine de dignité, dans un livre qui laisse finalement transparaître une certaine forme de sagesse, transmise de génération en génération, au sein d’une famille dont le but est finalement humble : survivre et connaître le bonheur.
Extrait :
La chaleur du soleil semblait fendre la terre ; pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers. Tout était immobile. Le parfum des collines s’était évanoui. La pierre gémissait de chaleur. Le mois d’août pesait sur le massif du Gargano avec l’assurance d’un seigneur. Il était impossible de croire qu’en ces terres, un jour, il avait pu pleuvoir. Que de l’eau ait irrigué les champs et abreuvé les oliviers. Impossible de croire qu’une vie animale ou végétale ait pu trouver, sous ce ciel sec, de quoi se nourrir. Il était deux heures de l’après -midi, et la terre était condamnée à brûler. Sur un chemin de poussière, un âne avançait lentement. Il suivait chaque courbe de la route, avec résignation. Rien ne venait à bout de son obstination. Ni l’air brûlant qu’il respirait. Ni les rocailles pointues sur lesquelles ses sabots s’abîmaient. Il avançait. Et son chevalier semblait une ombre condamnée à un châtiment antique. L’homme ne bougeait pas. Hébété de chaleur. Laissant à sa monture le soin de les porter tous deux au bout de cette route. La bête s’acquittait de sa tâche avec une volonté sourde qui défiait le jour. Lentement, mètre après mètre, sans avoir la force de presser jamais le pas, l’âne engloutissait les kilomètres.
Avis :
Un livre plutôt prenant, et qui se lit rapidement. J’avoue avoir été un peu surprise car je m’attendais à plus d’action. Mais finalement, l’auteur ne s’en sort pas si mal : on apprend véritablement à apprécier les Scorta, alors qu’ils ont l’air à première vue assez antipathiques. Le style est très agréable, travaillé ; l’histoire est sans prétention mais tire sa force d’observations simples sur la vie. Toutefois, cette caractéristique est à double tranchant, dans la mesure où j’ai parfois trouvé cette façon de procéder un peu trop facile : en effet, il ne suffit pas à un livre d’être bien écrit pour devenir un chef d’œuvre. Et même si j’ai apprécié la lecture de cette histoire, elle n’est pas à mes yeux incontournable. Un bon moment de détente en perspective.
Note :
Laurent Gaudé (1972) – Français
288 pages – 2004 – ISBN : 978-2-742-76018-3
mai 6th, 2009 à 23:00
Ce sera mon prochain Gaudé ! J’ai adoré “La Mort du roi Tsongor”.
novembre 7th, 2009 à 11:19
Tout comme Leiloona, j’ai prévu de le lire très rapidement tant j’ai aimé le précédent.