Résumé :

Avec son style qui dérange, Claire Castillon revient à travers ce recueil de 19 nouvelles, sur le rapport mères / filles. Ce tête-à-tête est souvent bien vécu mais peut parfois dériver vers des situations extrêmes, bonnes comme mauvaises. Tantôt dans la position de la fille, tantôt dans celle de la mère, Claire Castillon nous expose des histoires très troublantes.

Extrait :

Chaque fois que je bouge, ça enclenche une suite, un résultat en dehors de moi. J’agis et l’effet rebondit sur ma mère. Quand j’étais dedans, il paraît que de sentir bouger mon corps lui donnait le vertige, alors que c’était moi qui avais la tête en bas. Je marche vers elle, il va bien se produire un drame sur la route, m’arriver quelque chose, ou au moins une idée, depuis le temps que je la cherche, cette idée, pour la sauver et me perdre. Je marche et, quand j’arriverai, elle aura des ampoules, c’est ainsi qu’on fonctionne. Quand j’ai mal au ventre, on retire son colon ; quand j’ai mal à la tête, on lui trouve une bille cachée derrière un œil. Si j’ai mal quelque part, aussitôt ma mère meurt. Si j’ai peur, elle appelle ; si j’ai soif, elle transpire ; on n’a pas vu donner autant et sans retour. Si je prends, elle donne. Si je marche, elle accourt. Si je pars, elle revient. Tiens, j’essaye. Ce serait bien.

Avis :

Castillon pourrait faire partie de ces auteurs qui dérangent, qui n’hésitent pas à aller dans le trash. Ayant lu deux autres de ses livres, je savais un peu à quoi m’attendre. Je n’avais pas beaucoup accroché à Vous parler d’elle et On n’empêche pas un petit coeur d’aimer, mais je me disais qu’il fallait que je lise autre chose d’elle, pensant qu’à la longue, ça pourrait peut-être me plaire. Ce fut le cas avec Insecte. Pourtant ce livre ne déroge pas à ses habitudes. Le trash est bien là. Les relations mères / filles sont très tendues, allant jusqu’à la violence, la mort ou à des situations que la morale condamnerait sévèrement. Ce genre de livre peut être très nul ou très bien. Deuxième option pour celui-ci. Malgré le court format des nouvelles, Castillon arrive à chaque fois, sur une dizaine de pages, à installer une situation dérangeante, où le dernier paragraphe remet souvent tout en question. De ce fait, malgré le caractère dérangeant, on a envie de continuer à lire pour voir ce qu’elle a bien pu nous inventer d’autre… et pour ça, la petite Claire a beaucoup d’imagination !

Note :

Claire Castillon (1975) – Française
161 pages – 2006 – ISBN : 2-213-62506-9