Marguerite Duras – L’amante anglaise
Résumé :
Claire Lannes a tué sa cousine, Marie-Thérèse Bousquet puis, après avoir découpé le corps, en jette les morceaux dans des trains de marchandises passant sous un viaduc de Viorne. Interrogée elle avoue son crime mais ne parvient pas à l’expliquer.
Extrait :
- Si vous dites ça, monsieur Alfonso, c’est que vous savez comme moi que c’est à Viorne que le crime a été commis ?
- Dans la nuit du 7 au 8 avril ?
- Et dans la forêt justement, près de chez vous, à cinquante mètres du viaduc, sur le haut de la berge ?
Alfonso ne répond pas. Il rit. Il y a un long silence. Puis Alfonso répond.
- C’est vrai. C’est dans la forêt, à cinquante mètres du viaduc. J’ai entendu les coups.
Claire bouge. Elle avance près du flic. On l’avait oubliée.
- Ce n’est pas dans la forêt.
- Assez avec cette histoire. On parle ou on se tait. On ne commence pas à parler pour ensuite se taire. Assez ou je ferme.
- Qu’est-ce que tu racontes Claire ? Claire ?
- Ce n’est pas dans la forêt. [...]
- C’est très difficile ce que cette dame à a dire, n’est-ce pas madame ?
- Vous vouliez parler de votre cousine Marie-Thérèse Bousquet, n’est-ce pas madame ?
Ca a été l’évidence, foudroyante. [...]
- Ce n’est pas dans la forêt qu’elle a été tuée, Marie-Thérèse Bousquet, c’est dans une cave à quatre heures du matin.
Avis :
Vous êtes peut-être en train de vous dire “le fourbe, il nous a déjà tout raconté”… Rassurez-vous, il s’agit d’un roman de Duras alors ne vous attendez pas à un livre policier, loin de là même si les premières pages en ont la teinte.
Marguerite Duras s’est inspirée d’un fait divers qui a eu lieu en 1949. En me renseignant sur le livre j’ai appris qu’elle en avait tiré la pièce “Les viaducs de la Seine-et-Oise”. Peu satisfaite (on connaît comment était Duras), elle a souhaité reprendre l’histoire dans “L’amante anglaise”. Malheureusement n’ayant pas lu la pièce, je ne pourrai pas vous apporter une comparaison.
Bref, venons-en au livre : Duras se met dans la peau d’une journaliste venue enquêter sur l’affaire afin de comprendre ce qui a poussé Claire à commettre le crime. Cette question, ce “pourquoi” sera la ligne de conduite de tout l’ouvrage construit en trois parties. Dans la première, la journaliste est avec Robert Lamy le propriétaire du “Balto”, le bar où les aveux de Claire ont eu lieu. Ensemble, ils écoutent l’enregistrement de cette conversation où Claire a avoué. Les deux autres entretiens se feront avec Pierre Lannes, qui explique la relation très étrange qu’il nouait avec sa femme, Claire, avec qui aura lieu le troisième entretien, dévoilant une personnalité faite de paradoxes.
J’ai lu beaucoup de livres de Duras mais je trouve que celui-ci ne ressemble à aucun autre même si on retrouve bien évidemment le style très propre à Duras. Ce n’est pas celui que j’ai préféré, loin de là, mais j’ai tout de même pris du plaisir à trouver chez Duras un livre qui sort un peu de l’ordinaire.
Virginie a beaucoup aimé ce livre et je me permets de lui emprunter la dernière phrase de son article, à laquelle j’adhère entièrement :
“Marguerite Duras, c’est une histoire d’amour, et toujours difficile de dire pourquoi. Sauf peut-être que lorsqu’on referme un de ses romans, pendant longtemps, il n’y a plus rien d’autre. Que Duras.”
Note :
Marguerite Duras (1914-1996) – Française
195 pages – 1967 – ISBN : 2-07-070750-4
mai 16th, 2010 à 3:59
Je ne connaissais pas ce roman de Duras mais je viens de rerelire “Moderato cantabile” et j’approuve tout à fait ce que dit Virginie en effet!
mai 16th, 2010 à 7:32
J’ai lu l’Amant tout récemment et je ne suis pas prête à remettre le nez dans Duras.
mai 16th, 2010 à 9:56
C’est qu’il ne faut pas commencer par “L’Amant” pour découvrir Duras.
Tente plutôt “La pluie d’été”, il se lit vite et il est bien différent !
mai 16th, 2010 à 11:07
Oh j’en ai lu d’autres : Le ravissement de Lol V Stein, Le Vice-Consul, India Song et La douleur… et la magie n’opère pas…
mai 16th, 2010 à 11:11
La douleur est l’un de mes préféré tellement il m’a touché, les autres ne m’ont pas marqué plus que ça.
Mais je me permet d’insister pour “La pluie d’été”, l’histoire du petit Ernesto qui ne veut plus aller à l’école “parce que à l’école on m’apprend des choses que je connais pas”, rien que cette phrase… ah… enfin bref si tu en as l’occasion un jour
mai 16th, 2010 à 11:18
“La douleur” m’avait touchée car j’avais lu auparavant “L’espèce humaine” de Robert Anthelme. Je note “La pluie d’été”, je te fais confiance
mai 16th, 2010 à 11:24
J’avais acheté “L’espère humaine” après avoir lu “La douleur” mais je ne l’ai toujours pas lu… enfin je ne pense pas être le seul de la blogosphère littéraire à connaître ce phénomène d’enrichissement de la bibliothèque a un rythme bien supérieur que celui de nos lectures !
mai 16th, 2010 à 15:12
J’en ai lu beaucoup car j’aime énormément Marguerite Duras, je n’ai pas lu ce titre pourtant, je vais y penser pour les vacances à le mettre dans ma liste…..
juin 10th, 2010 à 6:39
J’avais pas tellement apprécié ce titre, un peu spécial…