Résumé :

Marguerite Duras a souvent écrit des articles pour des journaux ou diverses occasions (quinzaine littéraire, sortie d’un disque, interviews…). Ce livre est un regroupement de ces articles dont les sujets et les dates d’écriture sont très variables.

Extrait :

Elles parlent. Les mots sont d’abord contenus dans leurs bouches, mais sans respiration autonome, pas séparés d’elles. Puis elles les laissent sortir dans un glissement sans heurts : le passage se ressent, aisé, indolore. Le mot dort encore lorsqu’il sort. Endormi il se retrouve à l’air libre. Alors seulement, il se réveille : la souffrance s’entend. Le mot se déplie, respire et crie. Son sens éventuel est encore à venir. Avant cela, il faut que ce premier mot crie de surprise : c’est du bruit qui sort, du cri. Ce qu’on entend d’abord c’est la souffrance du contact extérieur. Pris de court, le mot-enfant refuse de se séparer d’elles. Pris en faute aussitôt, dans un assagissement douloureux, il se propose à nous. Et alors seulement, le sens arrive et le revêt, l’habille, l’embarque dans la phrase dans laquelle il va s’encastrer, s’immobiliser et mourir.

Avis :

Ce livre est vraiment différent du reste de l’œuvre de Duras. C’est probablement pour cela que j’ai eu du mal à l’apprécier. Tous ces articles relatent un quotidien ou une histoire qui a eu lieu mais qui n’est plus. Avec toutes ces années d’écart, on ne sait plus ce qui s’est passé et les articles perdent parfois leur intérêt. J’y ai aussi beaucoup ressenti la teinte politique de Duras, chose que je n’aime pas percevoir dans un livre. Malgré tout, certains articles sont très beaux, très touchants et ça reste du Duras avec son style agréable à lire mais tout de même, ce livre est loin d’être parmi mes préférés de cet auteur.

Note :

Marguerite Duras (1914-1996) – Française
370 pages – 1984- ISBN : 2-07-038707-0