Didier Van Cauwelaert – L’Apparition
Résumé :
Nathalie Krentz est une ophtalmologue reconnue mais à la vie sentimentale compliquée. Lorsque le cardinal Fabiani débarque dans son cabinet pour lui demander une contre-expertise à propos de la tunique d’un Saint Mexicain du XVIème siècle que l’Eglise s’apprête à canoniser, elle accepte. Elle n’en est pas à son premier miracle réfuté et Juan Diego, à qui serait apparu la Sainte Vierge, ne lui fait pas peur. Mais c’est sans compter cette voix intérieure qui s’adresse à elle (sans qu’on sache si elle l’entend réellement) : Juan Diego lui-même. Ce qui est sûr, c’est que ce voyage au Mexique sera riche en surprises…
Extrait :
Le découragement tombe sur mes épaules dès que j’ai ouvert la porte. Je pars à l’aube et je rentre assez tard, généralement, pour n’avoir plus la force de m’attaquer à la poussière. La femme de ménage ne vient plus, depuis que maman est morte ; elle dit que ça lui ferait trop de peine et je n’ai pas le temps de chercher quelqu’un de nouveau qui prenne le pli de mes manies : je préfère que les objets restent sales plutôt que de les voir changer de place. Je vis dans un mémorial, une espèce de colonie de vacances désaffectée, trop grande pour moi, où je n’occupe qu’une chambre, la salle de bains et la cuisine. Maman, tout au long des années qui ont suivi ses divorces, rêvait d’une maison pleine de petits-enfants courant partout. Avant que mon frère et moi ayons rencontré la moindre âme sœur, elle avait déjà équipé les chambres du premier de berceaux, de lits-cages et de caisses à jouets. David n’est jamais revenu. Il a fondé son foyer en Israël avec une loubavitch indignée par notre libéralisme, maman n’a pu voir leurs rejetons qu’une fois chacun, à Tel-Aviv, et je n’ai jamais supporté le genre d’hommes avec qui on fait des mômes. Je n’aime que les éternels gamins, les immatures, les empêtrés, les infidèles. Ceux que j’accueille avec les souvenirs, les odeurs, les blessures d’autres femmes, ceux qui se ressourcent en moi et repartent plus forts, plus légers, moins coupables vers les reproches, le devoir, la routine ; ceux qui me rendent heureuse et qui me laissent tranquille. Je suis une plaque tournante, une plaque chauffante, un corps d’asile. En devenant mon seul amant, Franck n’a rien changé à ma nature. Et les sept lits-cages sont restés vides.
Avis :
J’aime beaucoup Didier van Cauwelaert en règle générale, mais j’avoue que ce livre n’est pas celui de l’auteur qui m’ait le plus emballée. J’ai trouvé l’histoire très alambiquée et un peu longue à démarrer (je me demandais vraiment si Nathalie allait contempler cette fameuse tunique). Après, elle a le mérite d’être originale, mais même si le style de l’auteur fait mouche par moments, je n’y ai pas été ici particulièrement sensible. Alors que le livre est pourtant assez court, j’ai quand même trouvé le temps de m’ennuyer et de m’endormir dessus. J’ai toutefois un peu plus apprécié la fin, où j’ai retrouvé le style étoffé de l’auteur que j’apprécie tant. Mais en fait, c’est surtout les interventions intempestives de Juan Diego qui n’est pourtant pas en communication directe avec Nathalie que j’ai trouvées tirées par les cheveux. Quoi qu’il en soit, il est bien d’autres livres de Van Cauwelaert que je conseillerais avant cette lecture, par exemple Le père adopté, mais je prendrai sans doute le temps d’en parler plus longuement dans une fiche Auteur.
Note :
Didier Van Cauwelaert (1960) – Français
213 pages – 2001 – ISBN : 2-253-15481-4
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