Résumé :

Matt O’Shea est un policier irlandais brillant mais c’est surtout un homme qui, grâce à son chapelet vert, étrangle des femmes dont leur long cou blanc lui rappelle celui des cygnes.
Profitant d’un échange entre polices, il débarque au NYPD et fait équipe avec Kurt, policier ripou qui n’a pas pour réputation de faire dans la dentelle. Le problème, c’est que Kurt a une sœur… avec un long cou blanc…

Extrait :

Quelques jours avant le départ, j’ai rencontré par hasard un type complètement destroyed qui avait bossé avec mon père. Détective privé, alcoolo et minable, il avait arrêté de boire pendant quelques années avant de reprendre la bouteille avec une frénésie qu’elle lui avait bien rendue.
On aurait dit un macchab’ passé au micro-ondes. J’ai menti :
- Vous avez bonne mine, Mr Taylor.
En me lançant un regard assassin, il a répliqué :
- Tu charries. [...]
Taylor portait encore sa veste d’uniforme quatre saisons, elle avait l’air aussi esquinté que lui.
- Normalement, vous n’auriez pas dû la rendre ?
J’en avais carrément rien à foutre, mais bon, ça nourrit la converse…
Il a soupiré :
- C’est le seul lien qui me reste avec ce qui, autrefois…
Il faisait pitié : une veste merdique, franchement, c’était à ça qu’il résumait sa vie ?
Pas étonnant qu’il picole.
Je lui ai proposé :
- Je vous offre quelque chose ?
Sans hésitation, il a répondu :
- Un Jameson et une pinte de brune.
Merde alors, du coup, j’ai pris la même chose.
On a observé le type nous servir les pintes avec une lenteur d’artiste, ce gars-là connaissait son métier et s’est pas fait chier à nous demander si on voulait des glaçons dans notre whiskey.
Les “non-nationaux”, comme on les appelle chez nous, ils ne vous demandent rien, eux, ils mettent de la glace partout, surtout dans leur attitude. [...]
- Slainte ! A la tienne !
Sans hésiter, j’ai répliqué
- Leat fein. A toi aussi.
Il a frissonné en sentant le whiskey lui couler dans l’estomac et, illico, s’est enfilé la moitié de sa pinte, histoire de stabiliser cette saloperie.

Avis :

On a déjà dit beaucoup de bien de Ken Bruen sur ce blog et cet article ne va pas changer de tonalité puisque le seul “reproche” que je pourrais faire à ce livre c’est qu’il se lit bien trop vite malgré ses 300 pages. Comme toutes les autres histoires de Bruen, ce livre se dévore !
Pour ceux qui ne connaissent pas l’auteur, on peut diviser ses livres en trois catégories : la série des Jack Taylor, la série de Roberts & Brant et les “autres”. C’est dans cette dernière catégorie que se situe “Brooklyn Requiem” bien que les connaisseurs y trouveront un clin d’œil fait à Jack Taylor (voir extrait ci-dessus).
Ici, Ken Bruen délaisse un peu l’Irlande puisque la plus grande partie de l’histoire se passe à New-York. Mis à part ce détail géographique, on retrouvera les éléments qui sont chers à l’auteur : des personnages un peu dérangés et très portés sur l’alcool, de l’humour noir et une police largement dépassée par les événements, d’autant plus que le criminel est l’un de ses ouailles et qu’il ne se la joue pas façon Dexter ! Si les ingrédients restent les mêmes d’un livre à l’autre, la magie opère toujours et j’ai vraiment été happé par cette lecture. Comme à chaque fois que je referme un des livres de Bruen, je n’ai qu’une hâte : pouvoir lire le prochain !

Note :

Ken Bruen (1951) – Irlandais
302 pages – 2010 – ISBN : 978-2-213-63716-7