Stefan Zweig – Amok
Résumé :
Dans Amok, un médecin raconte l’obsession fatale qui est née en lui suite à la visite d’une femme venue lui demander son aide. Lettre d’une inconnue est la confession écrite d’une femme à un homme qu’elle a aimé en secret durant toute sa vie. La Ruelle au clair de lune raconte l’histoire d’un homme devenu le pitoyable esclave d’une femme qu’il a jadis humiliée.
Extrait :
-Savez-vous ce que c’est que l’amok ?
-Amok ?… je crois me souvenir… c’est une espèce d’ivresse chez les Malais…
-C’est plus que de l’ivresse… c’est de la folie, une sorte de rage humaine… une crise de monomanie meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer. Moi-même, au cours de mon séjour là-bas, j’ai étudié quelques cas – lorsqu’il s’agit des autres, on est toujours perspicace et très positif -, mais sans que j’aie pu jamais découvrir l’effrayant secret de leur origine… C’est lié sans doute, d’une certaine façon, au climat, à cette atmosphère dense et étouffante qui oppresse les nerfs comme un orage, jusqu’à ce qu’ils craquent… Donc l’amok… oui, l’amok, voici ce que c’est : un Malais, n’importe quel brave homme plein de douceur, est en train de boire paisiblement son breuvage… il est là, apathiquement assis, indifférent et sans énergie… tout comme j’étais assis dans ma chambre… et soudain il bondit, saisit son poignard et se précipite dans la rue… il court tout droit devant lui, toujours devant lui, sans savoir où… Ce qui passe sur son chemin, homme ou animal il l’abat avec son kris, et l’odeur du sang le rend encore plus violent… Tandis qu’il court, la bave lui vient aux lèvres, il hurle comme un possédé… [...] jusqu’à ce qu’on l’abatte comme un chien enragé ou qu’il s’effondre, anéanti et tout écumant…
Avis :
Suite à une certaine déception lors de la lecture du Joueur d’échecs, j’ai mis longtemps avant de me replonger dans un livre de Stefan Zweig. J’ai pourtant bien apprécié ce court recueil de nouvelles centrées autour du thème de la passion (en ce qu’elle a de commun avec la folie). Chacun des récits se construit autour de la confession d’un personnage tellement névrosé qu’il en devient pathétique, mais reste cependant attachant. Ma préférence va à Lettre d’une inconnue où ces données atteignent leur paroxysme. Ce qu’il y a de plus intéressant, c’est la façon dont la passion se révèle obsessionnelle chez l’un des personnages tandis que celui qui en est l’objet n’en a quasiment pas conscience. Ensuite, l’histoire se développe autour de ce canevas et le lecteur s’identifie au confesseur mi-fasciné mi-horrifié. Une lecture prenante et agréable, la brièveté des textes est appréciable et une fois qu’on est entré dans une nouvelle, on est suspendu aux lèvres du narrateur jusqu’au point final.
Note :
Stefan Zweig (1881-1942) – Autrichien
190 pages – 1991 – ISBN : 978-2-253-05754-3
mars 31st, 2011 à 0:46
Bonsoir Antoine
Je les ai lu toutes les 4 J’avais écrit des articles sur chacune d’entre elles il y a quelques mois. Je les ai beaucoup aimé en particulier Lettre d’une inconnue qui relate un amour au dessus de tout ce qui est imaginable.
avril 2nd, 2011 à 21:40
Bénédicte : c’est moi qui ai lu ce livre, et pas Antoine. J’ai été voir ton article et je partage ton avis sur “Lettre d’une inconnue” ; moi aussi cette nouvelle m’a beaucoup émue.