Résumé :

Solange et Claire sont deux soeurs au service d’une bourgeoise. Pendant l’absence de leur maîtresse, elles jouent des rôles : Claire celui de “Madame” et Solange celui de Claire. Sans que l’on sache pourquoi, Claire a rédigé des lettres d’accusation qui ont conduit “Monsieur” (l’amant de “Madame”) au bagne. Celui-ci allant être libéré, les deux soeurs veulent se protéger en empoisonnant leur maîtresse.

Extrait :

SOLANGE

Hurlez si vous voulez ! Poussez même votre dernier cri, Madame ! (Elle pousse Claire qui reste accroupie dans un coin.) Enfin ! Madame est morte ! étendue sur le linoléum… étranglée par les gants de la vaisselle. Madame peut rester assise ! Madame peut m’appeler mademoiselle Solange. Justement. C’est à cause de ce que j’ai fait. Madame et Monsieur m’appelleront mademoiselle Solange Lermercier… Madame aurait dû enlever cette robe noire, c’est grotesque. (Elle imite la voix de Madame.) M’en voici réduite à porter le deuil de ma bonne. A la sortie du cimetière, tous les domestiques du quartier défilaient devant moi comme si j’eusse été de la famille J’ai souvent prétendu qu’elle faisait partie de la famille. La morte aura poussé jusqu’au bout la plaisanterie. Oh ! Madame… je suis l’égale de Madame et je marche la tête haute…

Avis :

J’ai eu du mal à vraiment accrocher à cette pièce. L’idée pourtant est bonne, cette mise en scène où les bonnes jouent le rôle de la bourgeoise et mettent au point leur plan machiavelique est insolite mais intéressante. Je dois reconnaître aussi que le style est plaisant, avec de temps en temps des jeux de mots (“Dépouillée, comme dit Madame. Mais quoi, nous sommes des pouilleuses”). Malgré tout, et j’ai du mal à expliquer pourquoi, ça ne m’a pas emballé. Je n’ai pas été captivé par l’histoire, je n’ai pas eu cette sensation que l’on a parfois d’avoir envie de connaître la suite… Je pense qu’il s’agit d’une pièce où l’interprétation influe beaucoup. Aussi, voir cette pièce jouée serait, je crois, beaucoup plus intense que de la lire (comme toutes les pièces vous me direz mais celle-ci plus encore)…

Note :

Jean Genet (1910-1986) – Français
113 pages – 1947 – ISBN : 2-07-041281-4