Sylvie Germain – Magnus
Résumé :
Suite à une grave maladie, à l’âge de cinq ans, Franz-Georg a perdu la mémoire et doit réapprendre le monde qui l’entoure, et jusqu’à son propre nom. Mais la gloire de l’Allemagne nazie, à laquelle ses parents vouent un culte aveugle, va bientôt connaître un tournant radical et c’est dans la fuite et l’errance que le jeune garçon va de nouveau faire l’expérience de la perte d’identité individuelle.
Extrait :
D’un homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges et gauchie par le temps, hantée d’incertitudes, et un jour soudainement portée à incandescence, quelle histoire peut-on écrire ?
Une esquisse de portrait, un récit en désordre, ponctué de blancs, de trous, scandé d’échos, et à la fin s’effrangeant.
Tant pis pour le désordre, la chronologie d’une vie humaine n’est jamais aussi linéaire qu’on le croit. Quant aux blancs, aux creux, aux échos et aux franges, cela fait partie intégrante de toute écriture, car de toute mémoire. Les mots d’un livre ne forment pas davantage un bloc que les jours d’une vie humaine, aussi importants soient ces mots et ces jours, ils dessinent juste un archipel de phrases, de suggestions, de possibilités inépuisées sur un vaste fond de silence. Et ce silence n’est ni pur ni paisible, une rumeur y chuchote tout bas, continûment. Une rumeur montée des confins du passé pour se mêler à celle affluant de toutes parts du présent. Un vent de voix, une polyphonie de souffle.
Avis :
Dans ce livre, l’auteure choisit de relater un aspect original de la Seconde Guerre Mondiale, puisqu’elle est envisagée du point de vue d’un enfant innocent et à la recherche de repères identitaires. Loin de sombrer dans des clichés éculés, Sylvie Germain sait d’emblée nous rendre attachant ce jeune garçon qui tente de mettre des mots sur des évènements qui le dépassent. De façon sobre et intelligente, ce récit superbement écrit nous plonge dans la grande Histoire par le biais de la petite. On se passionne pour la quête existentielle du jeune Magnus qui va se révéler riche en rebondissements, mais aussi en émotions. Si j’avais deux petits bémols à formuler, ce serait sur la fin qui m’a laissé un goût d’inachevé et sur le style qui m’a paru parfois trop parfait (c’est terrible pour moi d’écrire cela alors même que je n’hésite pas à fustiger les auteurs qui ne savent pas écrire). En tout cas, ce fut une très belle découverte et je relirai cette auteure avec beaucoup de plaisir.
Note :
Sylvie Germain (1954) – Française
265 pages – 2005 – ISBN : 978-2-07-033648-7
juin 28th, 2011 à 14:09
Je ne l’ai pas encore lu mais Magnus semble fort proche de Trudi La Naine de Ursula Hegi (http://www.decitre.fr/livres/Trudi-la-naine.aspx/9782253129431), je me trompe?
juin 29th, 2011 à 0:44
Reka : je ne connais pas ce livre mais il me semble que “Magnus” est davantage centré sur la quête identitaire du personnage principal. Dans le même genre par contre, je viens de lire “Lignes de faille” de Nancy Huston (fiche à paraître bientôt).
juin 29th, 2011 à 22:53
je l’ai lu il y a plusieurs mois C’est un très bon livre remarquablement écrit et composé j’ai adoré
août 3rd, 2011 à 1:31
j’ai lu ce livre il y a plusieurs mois et j’en ai gardé un excellent souvenir je ne comprends pas que l’on reproche à un auteur la qualité de son écriture qui est effectivement réelle. C’est un très bon livre, une histoire bouleversante Bonne soirée
PS je viens de faire un tour dans ton coin photo On ne peut pas y laisser de commentaires Je voulais seulement te dire que je suis éblouie par la qualité et l’originalité de ces prises de vues
août 8th, 2011 à 23:44
Bénédicte : quand je dis que le style m’a paru trop parfait, c’est parce qu’à mes yeux, une écriture trop ornée et trop millimétrée se déploie parfois au détriment de l’émotion. Ainsi, il y a des auteurs qui écrivent de façon moins élaborée mais dont le style brut me touche davantage (je pense notamment à Claudie Gallay).