Art Souilleurs – Le coin lecture

Blog littéraire

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Après Art Souilleurs, Culturez-vous !

Très chers lecteurs,

Vous l’avez constaté, depuis quelques mois le rythme des publications tourne au ralenti et la poussière s’accumule sur les étagères pourtant bien fournies de ce blog. Pour des raisons à la fois pratiques, techniques et personnelles, Art Souilleurs tire sa révérence. Rassurez-vous, tout n’est pas terminé, un nouveau blog arrive !

Depuis plusieurs mois, j’avais envie de faire un autre blog, dédié à la culture au sens large. Un blog où la littérature aurait toute sa place mais où il me serait également possible de parler musique, photographie, et aussi et aussi. Ce blog, c’est Culturez-vous ! Pour le moment, les articles se comptent encore sur les doigts de la main mais, promis, ça va vite évoluer !

Culturez-vous

Comme dirait l’Autre, “le blog est mort, vive le blog” ! A tout de suite sur Culturez-vous!

 

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Francesc Miralles – L’amour en minuscules

Francesc Miralles - L'amour en minusculesRésumé :

Samuel de Juan est professeur d’Allemand. Cet homme solitaire n’a pas vraiment d’amis mais sa solitude semble parfaitement lui convenir. Jusqu’au jour où un chat fait irruption chez lui, baptisé Mishima par Samuel. Même si ce dernier ne le sait pas encore, le chat va avoir une influence déterminante sur le cours de l’existence de notre professeur misanthrope. Il monte voir si l’animal n’appartient pas au vieil homme qui habite au-dessus de chez lui, et fait connaissance avec Titus, un ancien rédacteur qui travaille sur un livre.

Extrait :

Le vieux s’adressa à moi sur un ton soudain devenu plus doux.
-Dites-moi ce qui vous amène.
-Je suis arrivé jusqu’ici en poursuivant le chat. Mais je vois qu’il vous appartient.
-Eh bien,vous voyez mal.
Mishima se débarbouillait, en humidifiant tout d’abord sa patte avec sa langue. Ce n’était manifestement pas la première fois qu’il s’installait sous cette table.
-Alors, à qui appartient-il ?
-Ce chat s’appartient à lui-même, comme vous et moi.
Il paraissait évident que le vieux aimait les joutes verbales – ce que je n’ai jamais supporté pour ma part. Le plus raisonnable aurait sans doute été de quitter immédiatement les lieux et de le laisser avec le chat, quel que soit son propriétaire.
Mais une raison inexplicable me retenait dans ce salon, comme si mes talons avaient été cloués dans le parquet.

Avis :

De fil en aiguille, le roman semble mis en branle par un domino qu’on pousse et qui en entraîne des dizaines d’autres à sa suite (je viens de me rendre compte que j’avais inconsciemment piqué cette métaphore dans la quatrième de couverture), ou si vous préférez : l’effet papillon. Le principe est sympathique même si l’histoire n’est pas très vraisemblable. Mais j’ai été tout de même déçue dans l’ensemble et essentiellement pour une raison : le personnage de Samuel m’a paru très plat et peu sympathique pendant les trois quarts du livre (il est aussi fort possible que la traduction n’ait pas aidé). De plus, le mystère qui règne autour de Valdemar reste entier, ce qui m’a fait rester sur ma faim une fois le livre achevé.
En revanche, j’ai apprécié les références anecdotiques à divers éléments culturels : livres, films, expressions dans différentes langues. Il y a parsemées un peu partout au fil du livre de jolies leçons de vie ; je retiendrai donc cette note positive. Même si j’ai été moins enthousiaste qu’elle, je remercie Céleste pour cette découverte.

Note :

Francesc Miralles (1968) – Espagnol
342 pages – 2011 – ISBN : 978-2-265-08966-2

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Fabien Clavel – L’Apprentie de Merlin (T.2)

Fabien Clavel - L'Apprentie de Merlin (T.2)Résumé :

Ana se réveille de son long sommeil et sa surprise est grande lorsqu’elle apprend qu’elle a dormi pendant… quinze ans ! Merlin lui confie la tâche d’aider le jeune Arthur à monter sur le trône de Britannia. Mais le danger rôde dans la région : un ogre revenu d’entre les morts sème la terreur avec ses filles et la magie de la jeune apprentie ne sera pas de trop pour venir en aide à Arthur et à ses compagnons. Malgré la rudesse des combats quotidiens entre les chevaliers, Ana découvrira pourtant la douceur de l’émoi amoureux.

Extrait :

-Et ma mère ?
-Elle était triste. Je pense qu’elle aimait toujours son mari, Gorlois, mais qu’elle avait peur de lui. Il était défiguré par des cicatrices. Elle a dû tomber amoureuse de ton père au premier regard. Peut-être l’a-t-elle trouvé un peu arrogant au début, mais séduisant et viril…
La magicienne prit alors conscience du fait que le visage du prince touchait presque le sien. Ses boucles châtaines se mêlaient aux cheveux blonds d’Arthur. Elle sentait son haleine chaude sur ses pommettes.
-Je ne t’ai jamais demandé d’où venait ta mèche blanche, murmura-t-il.
-Je ne sais pas…
Elle craignait que son cœur, battant à toute allure, ne la trahisse. Son souffle était court. Pour la première fois, elle remarqua le duvet clair qui couvrait les joues de l’adolescent. Très lentement, comme si le mouvement ne devait jamais finir, était suspendu, il approcha sa bouche de la sienne. Ana entrouvrit ses lèvres, prête pour son premier baiser.
Quand il l’embrassa, une onde de chaleur déferla dans son ventre. Les runes de son dos frissonnèrent. Le soleil s’éteignit au loin, comme qu’ils en avaient aspiré tout le feu. Le monde s’évanouit, avalé par l’ombre. Il ne restait qu’eux deux, soudés l’un à l’autre.
L’apprentie s’abandonna à cette langoureuse plénitude. Elle avait l’impression de mourir. C’était à la fois doux et douloureux. Rien ne serait plus comme avant.

Avis :

J’ai préféré ce second tome au premier même si je continue à reprocher au récit son rythme inégal et parfois monotone (les combats qui n’en finissent plus deviennent ennuyeux à force…). J’ai aimé retrouver Ana, on est tout de suite dans l’histoire puisqu’on connaît déjà les personnages ; et puis, on en vient aux choses sérieuses puisqu’on découvre ceux qui vont devenir les célèbres chevaliers de la Table Ronde. J’ai apprécié la façon dont Fabien Clavel se réapproprie l’histoire tout en se permettant des libertés. Même si on est loin de Chrétien de Troyes, on retrouve vite nos repères dans l’univers arthurien.
Ce qui m’a agacée et amusée, c’est le côté Twilight du récit : Ana se pâme littéralement devant la musculature de “son prince”, elle s’embrase et pense mourir de douleur et de plaisir tout à la fois (rien que ça !) lorsqu’il effleure ses lèvres. Les jeunes adolescentes débordantes d’hormones seront certainement séduites (et peut-être l’aurais-je été aussi si j’avais lu ce livre il y a dix ans), mais mon Dieu : ce que c’est cul-cul ! Et même si la puberté travaille nos tourtereaux, ils ont en plus de rudes combats à mener ! Qui a dit que la jeunesse était fainéante ?
J’aime bien cette série finalement, elle me convainc de plus en plus car je me suis attachée aux personnages (et je le confesse, j’éprouve même  une certaine tendresse à l’égard de leur mièvrerie dégoulinante). Du coup, je suis frustrée de devoir attendre octobre pour savoir sur qui Ana projettera ses futurs délires hormonaux. Car tenez-vous le pour dit : Ana ne vieillira pas, elle va garder son corps d’ado de quatorze ans pour toujours… voilà qui nous promet de grands moments de romantisme.  La suite ! La suite !

Note :

Fabien Clavel (1978) – Français
342 pages – 2011 – ISBN : 978-2-7404-2885-6

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Emmanuelle & Benoît de Saint Chamas – Strom (T.3)

Emmanuelle et Benoît de Saint Chamas - Strom (T.3)Résumé :

Tandis que Raphaël et Raphaëlle se lancent dans des missions sous l’égide de leur parrain pour gagner des PPDS (Points Pour Devenir Séide), les séides et les stromillons du monde entier sont convoqués pour découvrir la 37ème et dernière prophétie de Nostradamus. Celle-ci n’est guère rassurante et quand nos deux jeunes héros sont désignés comme les plus à même de remplir cette mission, leur parrain craint qu’ils ne connaissent le même sort que leurs parents. Bien entourés par une équipe qu’ils ont eux-mêmes constitués, ils partent à la poursuite du Margilin, mais le temps leur est compté puisque dans 15 jours, il sera trop tard.

Extrait :

Tandis que ses congénères poursuivaient leur patient examen, un furolin plus indiscipliné (ou plus audacieux) que les autres s’échappa pour voleter au-dessus de la foule. Après quelques circonvolutions, il dériva en direction des stromillons.
A son passage, Raphaëlle lui fit un petit signe de la main.
L’être de feu infléchit aussitôt sa course et tournoya gracieusement autour de sa tête, puis s’approcha à quelques centimètres de son visage.
-Tu es trop joli, ne put s’empêcher de dire la stromillonne, ravie mais n’osant plus bouger.
-Il va surtout te cramer les cheveux, ajouta son frère.
Le furolin se scinda en deux et Raphaël eut aussi droit au sien. Il réalisa alors que ces créatures n’avaient que l’apparence du feu car il ne ressentait aucune chaleur. En revanche, il sentit des picotements lorsque le furolin se frotta contre son ventre, puis son dos, tel un chat trop affectueux.
-Arrête… ça chatouille, dit-il en se retenant de rire.
Autour, les séides s’étaient retournés pour le regarder avec un sourire amusé.
Enfin, Raphaël ne sentit plus rien.
-Ouf, il est parti, soupira-t-il en se détendant.
Les séides continuaient à le regarder, lui et sa sœur, mais leur expression avait changé.
-Cornegidouille ! s’exclama Olympe.
Plusieurs autres exclamations de surprise fusèrent.
Puis une espèce d’onde de choc se propagea dans la salle.
Un instant plus tard, tous les regards convergeaient vers les jumeaux.
Ou, plus précisément, vers les deux flammes d’un bleu intense qui dansaient juste au-dessus de leurs têtes.

Avis :

Un troisième tome qui est dans la lignée des précédents. Mais cette fois, il s’agit carrément de sauver le monde. Et qui de mieux placé pour cette mission que nos jumeaux préférés ? Les aventures sont riches en rebondissements et on n’a pas le temps de s’ennuyer. Alors même si parfois, on devine un peu ce qui va se passer avant que ça arrive, il n’empêche qu’on prend beaucoup de plaisir à dévorer ce dernier opus. En tout cas, c’est une série qui devrait ravir les jeunes lecteurs.

Note :

Emmanuelle (1973) et Benoît (1970) de Saint Chamas – Français
286 pages – 2011 – ISBN : 978-2-09-252970-6

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Fanny Saintenoy – Juste avant

Fanny Saintenoy - Juste avantRésumé :

Deux femmes, Fanny et Juliette, que trois générations  séparent. Alors que Juliette vit ses derniers instants, elle se remémore les moments marquants de sa vie ; en écho, Fanny se rappelle des souvenirs partagés avec sa “Granny”. Et leurs vies qui défilent en filigrane donnent à lire l’histoire de quatre générations de femmes.

Extrait :

Granny, ma vieille, ça me fait bizarre d’être dans cette salle blanche et froide, avec toi qui transpires, qui fronces les sourcils. T’as mal ? Peur, peut-être ? Je préférais ta vieille maison : 14, rue de la Maladrerie. Elle n’avait pas spécialement de charme mais j’étais bien dans ton jardin. Je me rappelle l’odeur de l’édredon ; elle changeait avec les heures passées au soleil. Je me rappelle les courbatures, lorsqu’il faut changer de position avant d’entamer le prochain chapitre ; coude droit, coude gauche, fourmis dans les biceps. Rien que des jours de lecture à l’horizon, tout au bout du jardin, sous le figuier. Yourcenar et le Castor, Crime et châtiment, les lettres de Flaubert, tous les tomes des Thibault à la suite, Pennac et Bobin, Céline, toujours Céline, le chat Bébert dans son sac. Je pleurais en m’apercevant que Marguerite mourait à la fin de sa biographie, je riais jaune et noir en dévorant Nord, j’étais amoureuse de Benjamin Malaussène et je me faisais un sang d’encre pour lui. J’avais un petit côté Emma Quijote. Un midi, j’ai retrouvé ma mère pour déjeuner après deux heures de Sartre et je lui ai dit d’un air catastrophé : “Purée, ça y est, c’est la guerre, on est foutus !” Je n’ai aps lu comme ça depuis des lustres et ça aussi ça me manque. C’était du temps béni, rien que de l’insouciance : lire, aller chercher mes lettres dans la boîte, répondre, lire. Et puis en fond, t’entendre circuler, dans la maison, sur l’allée du jardin, le bruit de tes chaussons qui traînent au fil des pages.

Avis :

Je tiens tout d’abord à remercier les éditions Flammarion ainsi que Babelio qui ont eu la gentillesse de m’envoyer ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique.

Dans ce roman d’inspiration autobiographique, Fanny Saintenoy crée par le biais de l’écriture l’ultime lien qui peut unir ces deux femmes juste avant la mort de Juliette. Je n’ai pas de grief particulier contre ce roman mais il fait partie de ceux dont j’ai vraiment eu l’impression de passer “à côté”. J’ai été émue par la jolie aventure qu’a connue l’auteure et le plébiscite de son roman par Daniel Pennac, une histoire qui ressemble un peu à un conte de fées. J’ai apprécié dans le récit de jolies trouvailles de style, des affleurements d’émotion mais je n’ai pas été touchée plus que ça. Peut-être l’impression que je lisais pour la énième fois un livre inter générationnel qui n’apportait rien de nouveau au genre. A relire dans quelques années, pour une redécouverte que j’espère plus probante.

Note :

Fanny Saintenoy (1971) – Française
119 pages – 2011 – ISBN : 978-2-0812-6772-5

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Emmanuelle & Benoît de Saint Chamas – Strom (T.2)

Emmanuelle & Benoît de Saint Chamas – Strom (T.2)Résumé :

Raphaëlle et Suzanne sont en vacances chez les parents de la seconde quand elles découvrent dans le château un passage secret qui mène à un portail d’outre-temps. Mais ces passages permettant de rejoindre une autre sphère temporelle ne sont pas à double sens. Tristan va donc se lancer à leur recherche tout en donnant des informations précises à son filleul pour qu’ils puissent se donner des nouvelles. Débarqués en Egypte aux alentours de 2100 avant J.-C, ils devront lutter contre la menace qui pèse sur le royaume et venir en aide à la reine Nitokris, que le fils d’Horus cherche à supplanter.

Extrait :

Comme s’il voulait se rappeler à son bon souvenir, son ventre se mit à gargouiller. Après tout, il n’avait pas mangé depuis… quatre mille ans.
-Bon appétit ! se souhaita Tristan.
Il mordit à pleines dents dans ce casse-croûte.
Le sandwich poussa un hurlement.
Tristan, surpris, le lâcha, et c’est Sparadrap qui atterrit rudement sur le sol. Il se frotta l’arrière-train en maugréant :
-Sieurrr Rrraphaël a fait exprrrès.
Son estomac était sûrement déçu, mais Tristan, lui, éclata de rire.
-Bien joué, Raphaël !
Ainsi, son filleul avait eu la présence d’esprit de lui confier, sans le lui dire, son fidèle compagnon. Tristan était touché par cette attention. Sans compter que les facultés de transformation du komolk lui seraient sûrement utiles.
-Bien joué ? s’offusqua la créature. Vous voulez que je vous crrroque le derrrièrrre ?
Tristan lui  donna une petite tape amicale.
-Pardonne-moi, mais tu avais l’air tellement appétissant. Je suis bien content que tu sois là. Nous allons faire une belle équipe.
-Loin de sieurrr Rrraphaël, ça me ferrra des vacances, maugréa Sparadrap.
Tristan plaça sa main en lisière et observa longuement la vallée.

Avis :

J’ai beaucoup apprécié ce second tome dont j’ai trouvé le rythme plus enlevé (en même temps, on entre assez vite dans le vif du sujet vu que l’on connaît déjà les personnages). Et puis les voyages dans le temps sont un sujet plutôt attrayant, et que les auteurs ont su traiter de façon amusante. Raphaël et Raphaëlle sont toujours aussi sympathiques et courageux et de plus en plus doués pour se tirer de situations périlleuses. Le personnage de Suzanne est vraiment drôle et on est absorbés par les aventures de nos héros de la première à la dernière ligne. Mention spéciale pour Sparadrap qui est lui aussi désopilant. Et l’intrigue prend de la consistance, est construite avec minutie jusqu’à la révélation finale, qui introduit d’ailleurs un nouveau suspense. Je n’ai plus désormais qu’à me jeter, telle une hyène affamée, sur le dernier opus.

Note :

Emmanuelle (1973) et Benoît (1970) de Saint Chamas – Français
353 pages – 2011 – ISBN : 978-2-09-252968-3

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Fabien Clavel – L’Apprentie de Merlin (T.1)

Fabien Clavel - L'apprentie de Merlin (T.1)Résumé :

Ana est une jeune fille de treize ans qui vole pour vivre et pour faire vivre sa famille. Un jour, elle s’empare de la bourse d’un voyageur, mais ce denier n’est autre que Merlin. Cet homme la prend alors pour domestique. Alors que la guerre se prépare, Merlin va confier de plus en plus de responsabilités à Ana. Initiée aux pouvoirs de son maître, la jeune fille doit choisir le prince chargé de ramener la paix sur le royaume de Brittania.

Extrait :

L’élève accéléra le pas pour se placer devant le mage.
-Pourquoi me sauver alors ? Je n’ai aucune importance à vos yeux. Vous auriez pu prendre n’importe qui !
L’homme planta son regard dans celui de la jeune fille. Ses sourcils sombres accentuaient l’éclat verdâtre de ses pupilles.
-Dois-je te rappeler que ce n’est pas moi qui suis venu te chercher ? Que c’est ton larcin qui m’a obligé à venir récupérer mon bien ?
-Et après ? fit Ana en tapant du pied. Vous ne me dites pas toute la vérité.
Merlin gronda d’un air maussade :
-Tu veux la connaître ? Libre à toi. Je ne t’ai pas choisie. Tu m’as choisi.
Décontenancée, Ana recula d’un pas.
-Que voulez-vous dire ?
Comment crois-tu que je suis arrivé si vite pour tuer ce loup ? Comment ai-je su que tu étais menacée par le cavalier noir ? Tu n’en as sans doute pas conscience, mais dans ces deux cas-là, tu m’as appelé. Tu as hurlé mon nom dans la forêt.
-J’ai crié à l’aide ?
-Non, pas un mot n’est sorti de ta bouche. Mais chaque fibre de ton corps m’invoquait, réclamait ma présence.
Troublée, la jeune fille resta un moment silencieuse. Comment cela était-il possible ?

Avis :

Ce roman a visiblement du succès chez les ados, et je verrai bien ce qu’en dira ma classe de 4èmes qui le lira dans le cadre des Incos. Pour ma part, j’ai mis du temps à rentrer dedans car le début est quand même assez mystérieux, et j’avoue n’avoir pas toujours bien compris à quoi Ana allait bien pouvoir servir. Mais tant mieux car beaucoup de mystères planent sur ce premier tome.  La jeune fille est attachante car elle peine à trouver sa place dans un monde où ses parents la rejettent (gros bémol à ce niveau tant la mère d’Ana est la caricature d’une mégère et misérable ivrogne), où Merlin est finalement assez distant et où elle est donc bien seule. C’est à la fois fascinant : Merlin est un personnage très ambivalent qui ne laisse que très peu transparaître ses sentiments face à cette jeune fille en quête de reconnaissance ; et en même temps frustrant : on ne sait pas trop où l’auteur nous emmène. Mais petit à petit se dessine aussi le destin du futur roi Arthur et on est impatient de connaître la suite. Les passages de combats m’ont paru un peu longs mais j’ai plutôt apprécié dans l’ensemble et je trouve ça bien que dans un univers très masculin, on ait une héroïne qui n’a pas froid aux yeux.

Note :

Fabien Clavel (1978) – Français
341 pages – 2010 – ISBN : 978-2-7511-0385-8

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Olivier Peru et Patrick Mc Spare – Les Haut Conteurs (T.1)

Olivier Peru et Patrick Mc Spare - Les Haut Conteurs (T.1)Résumé :

L’histoire se déroule en Angleterre à la fin du XIème siècle. Le jeune Roland (le fils du grand Robert, l’aubergiste) rêve d’aventures et l’arrivée d’un Haut Conteur dans son village est un véritable évènement. Ces chasseurs d’histoires parcourent le pays, résolvent des énigmes puis racontent leurs aventures avec un talent qui fait toute leur renommée. Lorsque maître Corwyn, un Haut Conteur, disparaît dans la forêt des environs, le jeune garçon va partir à sa recherche. Il ne sait pas que cette quête va transformer son existence : il retrouve maître Corwyn mourant, qui lui confie un secret et sa cape pourpre, faisant de Roland un Haut Conteur. Dans un monde où les goules se repaissent des cadavres, Roland partira sur les traces du secret de maître Corwyn avec l’aide de Mathilde la Patiente, ancienne disciple du Haut Conteur qui va former Roland.

Extrait :

-Ce que je vais vous confier… vaut bien plus que ma vie. Vous ne devez répéter mes paroles qu’aux personnes dont je vais vous donner les noms. Est-ce que vous me comprenez ?
-Oui… mais…
-Jurez-moi, sur ceux que vous aimez, que vous exécuterez mes dernières volontés. Ma caste vous récompensera.
-Mais…
-Jurez-le moi ! Je n’ai que vous en qui placer les derniers mots…
-Je jure d’accomplir ce que vous me demandez, promit Roland. Je le jure… Mais laissez-moi vous ramener à Tewkesbury et ensuite je vous écouterai.
-Non… Vous allez m’écouter maintenant. Mes yeux ne distinguent plus que des taches sombres, mes mains sont froides comme la mort, mon corps ne m’obéit plus. Mon temps est fini… Il ne me reste plus que ma voix et la vôtre, la seule que j’aie entendue depuis des jours… vous avez presque une voix de roi… une voix d’homme courageux et franc… vous devez m’aider… votre voix sera la mienne, grogna l’homme en ouvrant sa chemise pour en tirer un vieux rouleau de cuir à l’intérieur duquel était enroulé un parchemin.
-Je vous aiderai, promit le garçon en réalisant que le conteur ne le reconnaissait pas et qu’il le prenait pour un homme en raison de sa voix cassée par son labeur à l’auberge.
-Alors, écoutez-moi bien, brave inconnu… Retenez bien tout ce que je vais vous avouer… Que Dieu vous garde et qu’il vous protège du pouvoir de cette page, murmura-t-il en plaçant le parchemin dans les mains de l’adolescent.

Avis :

Un roman sympathique qui s’ancre dans le Moyen Âge anglais, sur fond de légendes fantastiques qui ont toutes un fond de réalité. La quête dans laquelle Roland s’engage promène le lecteur à travers des paysages peu rassurants, notamment des cimetières visités par les goules, à la poursuite d’un démon ancestral redouté : l’Upyr. J’ai aimé la dimension fantastique du roman, qui est en même temps très documenté puisqu’on a vraiment le sentiment qu’il s’enracine dans une terre réelle. Par contre, j’ai trouvé le style un peu plat. C’est plutôt bien écrit, les héros sont animés par de nobles sentiments mais manquent un peu de relief. Je pense qu’une pointe d’humour et d’émotion supplémentaires aurait pu donner un petit plus à ce roman car il reste assez froid finalement.

Note :

Olivier Peru (1977) & Patrick Mc Spare – Français
305 pages – 2010 – ISBN : 978-2-7511-0384-1

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Emmanuel Carrère – Limonov

Emmanuel Carrère - LimonovRésumé :

Emmanuel Carrère propose dans ce livre une biographie de Limonov qui se base sur les romans autobiographiques du héros, des interviews de lui, et bien sûr sur le regard que Carrère porte sur son sujet.  De façon plus générale, ce roman nous parle de l’Histoire de la Russie au XXème siècle

Extrait :

Je vis dans un pays tranquille et déclinant, où la mobilité sociale est réduite. Né dans une famille bourgeoise du XVIème arrondissement, je suis devenu un bobo du Xème. Fils d’un cadre supérieur et d’une historienne de renom, j’écris des livres, des scénarios, et ma femme est journaliste. Mes parents ont une maison de vacances dans l’île de Ré, j’aimerais en acheter une dans le Gard. Je ne pense pas que ce soit mal, ni que cela préjuge de la richesse d’une expérience humaine, mais enfin du point de vue tant géographique que socioculturel que la vie m’a entraîné très loin de mes bases, et ce constat vaut pour la plupart de mes amis.
Limonov, lui, a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain à la mode à Paris ; soldat perdu dans les Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends sur ce point mon jugement. Mais ce que j’ai pensé, simplement après avoir trouvé drôle l’anecdote des lavabos à Saratov, c’est que sa vie romanesque et dangereuse racontait quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Quelque chose, oui, mais quoi ? Je commence ce livre pour l’apprendre.

Avis :

J’aime beaucoup Emmanuel Carrère mais je craignais un peu d’être déçue vu que le sujet de ce livre ne m’est guère familier. J’ai finalement été agréablement surprise : la vie de Limonov est haute en couleurs et l’auteur sait la rendre vraiment attractive. J’ai particulièrement aimé suivre les aventures rocambolesques de Limonov à New York. Carrère fait un travail tout à fait remarquable : il ne cesse d’aller et venir entre la petite histoire et la Grande. Il nous fait part de son admiration pour Limonov mais avec des nuances, des interrogations qui restent sans réponse, et surtout il s’essaie à une tâche difficile qui est de nous donner matière à réfléchir sur l’Histoire de la Russie au XXème siècle. Pour ma part, j’ai un peu moins accroché au dernier tiers du roman car j’ai parfois eu le sentiment de me perdre dans l’évocation de tous ces personnages politiques, (et ce, malgré le talent de Carrère et la clarté de ses propos). Mais il est très intéressant d’appréhender l’Histoire d’une nation qui a eu un passé si différent du nôtre. Peut-être relirai-je ce livre dans quelques années, pour mieux en saisir toute la complexité. Mais ce qui est sûr, c’est que ça donne aussi envie d’aller lire les livres de Limonov (même si la recherche sur Amazon est peu concluante : beaucoup d’ouvrages sont épuisés). Je garde donc un bon souvenir de ce livre, mais je l’ai lu à un rythme très irrégulier qui tend à me le faire voir comme inégal avec des passages qui m’ont tenue en haleine des heures durant et d’autres (plus spécifiquement politiques, shame on me) qui m’ont paru beaucoup moins digestes.

Note :

Emmanuel Carrère (1957) – Français
489 pages – 2011 – ISBN : 978-2-8180-1405-9

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Timothée de Fombelle – Vango (T.2)

Timothée de Fombelle - Vango (T.2)Résumé :

Vango est bien décidé à se venger de celui qui a tué ses parents, espérant aussi par la même occasion découvrir la vérité sur ses origines. Entre traque et fuite, la course éperdue de Vango se poursuit, de l’Europe à l’Amérique sur fond de montée du nazisme à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale.

Extrait :

Trois semaines plus tôt, ils ne se connaissaient même pas. C’était dans le ciel de New York, la première nuit du voyage. Ethel aurait aimé y être à nouveau et tout revivre éternellement, seconde après seconde, en commençant par les premiers mots :
-Tu ne parles jamais ?
Bien sûr, elle n’avait rien dit, c’était sa réponse à toutes les questions du monde depuis cinq ans. Elle s’était penchée avec son verre d’eau à la fenêtre. Ils étaient cent mètres au-dessus des plus hauts gratte-ciel. La nuit verticale étincelait sous eux.  Elle en chercha même pas à savoir qui s’adressait à elle.
-Je t’ai vue avec ton frère, dit-il. Tu ne dis jamais un mot. Il s’occupe bien de toi pourtant.
Cette fois, en tournant la tête, il découvrit ses yeux verts posés sur lui.
Tous les autres passagers dormaient. Elle était sortie de sa cabine pour boire de l’eau et elle avait trouvé ce garçon, assis dans l’ombre, dans la petite cuisine du dirigeable. Il épluchait des pommes de terre. Il devait travailler là comme garçon de cuisine.
Elle alla vers la porte pour sortir et rejoindre sa cabine. Elle entendit une dernière fois :
-Si tu veux, je suis là. Je reste là. Si tu ne dors pas, je m’appelle Vango.
Ces derniers mots étranges l’arrêtèrent dans son élan. Elle se les répéta.
“Et si je m’endors, est-ce qu’il s’appellera encore Vango ?” pensa-t-elle. Elle le regarda à nouveau, malgré elle. Elle vit qu’il épluchait ses pommes de terre comme des pierres précieuses, avec huit faces parfaites. Elle vit surtout qu’il ne ressemblait à rien ni personne de ce qu’elle connaissait. Elle sortit de la pièce.
Le zeppelin était déjà loin de la côte. Manhattan n’était qu’un souvenir lumineux dans le ciel.
Vango dit :
-Moi aussi, tu sais, j’ai prononcé très peu de mots dans ma vie. C’est ton silence qui me rend bavard.
Elle fit un sourire qui la trahissait.

Avis :

Mon résumé est succinct parce que je ne voudrais pas dévoiler l’intrigue ; et puis de toute façon, je serais bien incapable de trier les informations tant l’histoire est complexe. Toujours est-il que j’ai dévoré ce second tome avec autant de voracité que le précédent : on progresse (lentement mais sûrement) dans la quête d’identité de Vango. On retrouve ses fidèles alliés et ses ennemis jurés et l’auteur continue de tisser des liens de plus en plus enchevêtrés entre tous les protagonistes du récit. Le suspense est mené d’une main de maître puisqu’à chaque page, on découvre un nouvel indice et on est émerveillé de la façon dont tout se tient. Le seul bémol que je pourrais noter, c’est que j’ai été frustrée parfois que certains personnages ne soient pas assez creusés, comme Hugo Eckener par exemple, qu’on perd de vue dans ce second tome, Andreï dont le parcours devient plus que flou et Boulard qui disparaît aussi sur la fin.  Mais il est vrai que construire une intrigue d’une telle ampleur est à double tranchant ; le romancier a créé des personnages très beaux et attachants donc on a tendance à toujours vouloir en savoir plus sur eux. Après, il faut aussi démêler l’écheveau compliqué qui s’est mis en place autour du héros dans le tome précédent et donc sélectionner les éléments les plus importants ; mais je n’aurais pas été contre un peu plus de délayage, quitte à avoir droit à un troisième opus pour faire durer le plaisir. En tout cas, c’est une saga ébouriffante qui m’a fait passer des moments de pur bonheur. Avec toujours en toile de fond ce sens aigu de la poésie qui achève de donner du charme à l’écriture. Une série à mettre entre toutes les mains.

Note :

Timothée de Fombelle (1973) – Français
393 pages – 2011 – ISBN : 978-2-07-063891-8

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