Résumé :

En marge de la société de consommation, Emyliana mène une vie bohème. Elle parle de sa famille, de son enfance passée en Roumanie, de ses fantômes et de son amie, une jeune italienne. Revenant d’un voyage en Toscane, son amie a disparu et l’employeur de cette dernière vient d’être assassiné.

Extrait :

Tous les trois, on dressait la liste de ce qu’on n’avait pas vraiment appris, en tout cas pas consciemment, et qu’on savait faire quand même, à notre cerveau défendant. Ce détestable savoir-faire qu’on n’avait pas cherché à acquérir, qui nous permettait de vivre des choses en même temps que les déplorer.

Savoir sélectionner ceux qui nous demandaient dans le métro dans la rue un euro un ticket restaurant, savoir repérer les signes les plus fiables de la pauvreté. Devenir un petit directeur du casting de la misère, fier de son œil exercé aux faussaires. Voir des additions de morts, en préparant un café, en finissant la vaisselle, et savoir changer de chaîne quand les morts étaient en surnombre. A partir de combien de morts est-ce qu’on change de chaîne. Être témoins de force, complices ménagers de tous les crimes du monde. Faire face à de constantes représentations de nous-même air-brushées au Photoshop, et savoir qu’on savait qu’elles étaient joliment retouchées, mais quand même, tenter fébrilement de rester de leur côté, les Models déposées gagnantes. Avoir vu trois reportages formidables sur les prisons/Nike/les favelas. Se répéter les uns aux autres : c’est incroyable, alors que bien sûr, on le croit. D’ailleurs on le savait déjà.

ON : Trouver terrible qu’il y ait des sacrifiés à l’Economie. Des morts, même. Savoir bien sûr que les CHOSES à acheter étaient fabriquées de vies qui passent, de corps courbés, de gens plus jeunes que nous loin loin loin.
OFF : Faire tout ce qu’il faut faire pour que ça fonctionne encore. Acheter acheter pour que ça continue, collaborer sans se souvenir.

Avis :

“De ça je me console”… il y en a beaucoup de “ça” dans notre société, ces choses dont il faut se consoler. Lola Lafon nous en dresse une liste bien longue qui pourtant ne doit pas être exhaustive. Ce roman a de quoi charmer, il est toujours bon de recevoir quelques gifles et de réaliser que ce que l’on a fini par accepter n’est pas acceptable. Malgré tout cela, je n’ai pas réussi à accrocher à ce livre. La trame de fond, cette histoire avec l’étudiante italienne, n’a pas réussi à me passionner et c’est avec ennui que j’ai fini ce livre. Je pense aussi que le style du livre ne m’a pas aidé. A la façon dont ce livre est écrit et structuré, j’avais plus l’impression d’écouter quelqu’un que de le lire et sur près de 380 pages ce n’est pas très agréable. Si certains passages font mouche, ils ne suffisent pas à rendre ce livre très prenant. Dommage…

Note :

Lola Lafon (1975) – Française
383 pages – 2007 – ISBN : 978-2-290-01192-8