Harper Lee - Ne tirez pas sur l'oiseau moqueurRésumé :

A six ans, Scout est un garçon manqué qui préfère accompagner son frère Jem dans ses jeux plutôt que de jouer les petites filles modèle. C’est avec son regard d’enfant intrépide et à la langue bien pendue qu’elle raconte comment son père, Atticus Finch, avocat commis d’office, prit la défense d’un Noir accusé d’avoir violé une Blanche, allant ainsi à l’encontre des mentalités qui régnaient en Amérique à l’époque.

Extrait :

J’avais cependant une autre préoccupation :
-Tous les avocats défendent les n… Noirs, Atticus ?
-Bien sûr que oui, Scout.
-Alors pourquoi Cecil a-t-il dit que tu défendais les nègres ? On aurait cru que tu faisais quelque chose d’illégal.
Atticus poussa un soupir.
-C’est simplement que je défends un Noir du nom de Tom Robinson. Il habite ce petit quartier qui se situe au-delà de la décharge publique. Il fait partie de l’église de Calpurnia et elle connaît bien sa famille. Elle dit que ce sont des gens honnêtes. Tu n’es pas assez grande pour comprendre certaines choses, mais d’autres prétendent, dans cette ville, que je ne devrais pas me fatiguer à défendre cet homme. C’est un cas spécial, le procès n’aura pas lieu avant la session d’été. John Taylor a eu la gentillesse de nous accorder un report…
-Si tu ne devrais pas le défendre, pourquoi le fais-tu quand même ?
-Pour plusieurs raisons, dit Atticus. la principale étant que si je ne le faisais pas je ne pourrais plus marcher la tête droite, ni représenter ce comté à la Chambre des représentants, ni même vous interdire quoi que ce soit à Jem ou à toi.
-Alors, si tu défendais pas cet homme, Jem et moi on n’aurait plus besoin de t’écouter ?
-C’est à peu près cela.
-Pourquoi ?
-Parce que je ne pourrais plus vous demander de faire attention à ce que je vous dis. Vois-tu, Scout, il se présente au moins une fois dans la vie d’un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d’arriver. Tu entendras peut-être de vilaines remarques dessus, à l’école, mais je te demande une faveur : garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l’on te dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête… elle est bonne, même si elle est un peu dure.
-On va gagner, Atticus ?
-Non, ma chérie.
-Alors pourquoi…
-Ce n’est pas parce qu’on est battu d’avance qu’il ne faut pas essayer de gagner.

Avis :

J’ai eu envie de lire ce livre après avoir lu La couleur des sentiments et ça a été pour moi une découverte extraordinaire. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’histoire est racontée par Scout ; cela lui confère une fausse naïveté en même temps qu’un côté très touchant et tout à fait convaincant. Le personnage du père est lui aussi remarquable, porteur d’une sagesse et d’une humilité qui le rendent fascinant tandis qu’il conserve une part de mystère. Enfin, il faut replacer le livre dans son contexte de publication (aux USA dans les années 1960) pour mesurer combien il était précurseur au niveau des mentalités qu’il véhiculait. Mais ce qui, à mes yeux, fait la force et la beauté de ce livre, c’est l’universalité des valeurs qu’il transmet sur la tolérance, l’enfance et la bonté dont l’être humain est capable, le tout sans tomber dans les bons sentiments ou le dogmatisme. C’est un roman d’une qualité rare et qu’il faut lire absolument.

Et il y a aussi eu une très belle adaptation de ce roman au cinéma : Du silence et des ombres qui est un film datant de 1962, très fidèle au livre et dans lequel le rôle d’Atticus est merveilleusement interprété par Gregory Peck.

Note :

Harper Lee (1926) – Américaine
434 pages – 1960 – ISBN : 978-2-253-11584-7