Résumé :

Au milieu du désert, dans le Texas, Will transporte dans son van le cercueil de son frère Ray. Il loue une chambre au Salt Café où vivent Zach un mécanicien noir, Amy la tenancière et Singer un adolescent orphelin recueilli par cette dernière. “La route de Midland” relate ce passage au Salt Café où seront révélés petit à petit les drames de chacun et les liens qui unissent quelques personnages.

Extrait :

La photo a été prise sur le terrain de base-ball de Long Island. J’avais onze ans. Ray seize. C’était au tout début de l’été. D’ordinaire, mon frère me rabrouait lorsque je quémandais une photo, mais ce jour-là il avait daigné poser, appuyé sur la batte. Le surlendemain, j’avais remis un exemplaire à chaque membre de la famille. J’en étais plutôt fier. Mais Ray ne manqua pas de me reprocher cette preuve de dévotion niaise. Ray méprisait mon admiration.
Ce cliché ment. Il a beau attester que j’ai tenté d’aimer mon frère et de m’en faire aimer, ce cliché ne dit rien de la guerre acharnée qui nous a si longtemps opposés et fut, en tout et pour tout, la seule réponse de Ray à mes appels répétés.
Je sais qu’il serait vain, mièvre peut-être, de ne retenir de lui que cette image. Mais ce sont pourtant les signes d’une fraternité jamais advenue que ma mémoire cherche à exhumer. Comme si je tentais de l’aimer dans la disparition. Une façon comme une autre de différer l’autre guerre, celle qui lui survivra ou, du moins, que sa mort ne manquera pas de faire renaître. Une guerre contre moi-même.

Avis :

Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce livre c’est l’ambiance qui entoure l’histoire. Dès les toutes premières pages on s’imagine clairement dans un film américain. Pour ceux qui ont vu ce film, je me suis projeté les images de “J’irai dormir chez vous à Hollywood” quand Antoine de Maximy se trouve un peu perdu au fin fond des Etats-Unis. Le Salt Café m’a donné cette même impression d’un lieu perdu dans le désert où il ne se passe pas grand chose mais où, malgré quelques tensions, il règne beaucoup d’amour.
Deux personnages mènent le récit dans ce livre : Will et Singer qui donnent tour à tour leurs impressions et qui libèrent leurs démons avec au milieu du roman une révélation très riche en émotions.
Petit bémol concernant le style, bien que très appliqué il n’est pas aussi abouti que dans certains autres livres de l’auteur. “La route de Midland” est sorti en 2001, si vous lisez (et je vous le recommande) les derniers livres de Cathrine (“Sweet Home” ou “La disparition de Richard Taylor”), vous trouverez alors un style qui a gagné en maturité.

Florinette a beaucoup aimé ce livre, quant à Papillon si elle a apprécié cette lecture, elle n’en gardera pas un souvenir impérissable.

Note :

Arnaud Cathrine (1973) – Français
150 pages – 2001 – ISBN : 2-02-055718-5