Résumé :

Désirée a demandé à Benny qu’il lui fasse un enfant. Ils se donnent trois essais et si ça ne marche pas, leur histoire d’amour sera terminée…
Lorsque Désirée tombe enceinte, nos deux tourtereaux renouent pour le plus grand plaisir du lecteur. Néanmoins, on est loin du conte de fées : il n’est pas facile de jongler entre vie professionnelle et vie de famille. Le prix à payer est élevé et qui est prêt à le payer et à renoncer à sa vie d’avant ?

Extrait :

-J’ai vomi ! dit Arvid joyeusement. Effectivement. Sur mon tailleur-pantalon tout neuf, sur la combinaison de Nils et sur lui-même.
C’était mon troisième jour de travail. Enfin, ça aurait dû l’être. Il l’a fait quand je me prenais trois minutes dans la salle de bains pour me mettre du rouge à lèvres, avec Nils qui rouspétait dans mes jambes.
Je ne pense même pas qu’il se soit senti spécialement mal, il a seulement réagi à quelque chose. Le changement, peut-être. Il est resté à la maison la plus grande partie de sa vie, et il ne savait sans doute pas trop quelle place occuper à la crèche. Alors que le petit Nils s’est jeté dans la pagaille de la salle remplie de  coussins avec un hurlement de bonheur, Arvid est resté près du mur à regarder pensivement les autres enfants jouer.
J’ai été jusqu’à imaginer qu’il avait adopté la philosophie moraliste de Benny. C’est quoi ces balivernes et futilités ? N’y a-t-il personne pour travailler ici ?
Quand ils lui ont proposé de tisser des petits bouts de tapis, il s’est calmé. Ensuite, ils n’ont pas pu l’arrêter, il tissait les tapis à la chaîne comme un pauvre enfant esclave en Asie. Les autres mômes le regardaient avec de grands yeux, ensuite ils ont apparemment été impressionnés par son zèle maniaque et ont voulu tisser, eux aussi. A la fin, toute la crèche s’était transformée en usine à tapis, le personnel n’arrivait plus à faire sortir les mômes au bac à sable, tout le monde craignait une visite de l’inspecteur du travail…
Ou alors il s’est agi d’un vomissement par procuration. Il a aidé Benny à saboter ma vie professionnelle. Parce qu’il ne faut pas se leurrer : Benny avait très envie de vomir, lui aussi.

Avis :

Ce livre est la digne suite du très beau roman Le mec de la tombe d’à côté. On retrouve nos héros là où on les avait laissés, avec les mêmes doutes et les même craintes (qui sont d’ailleurs fondés). Le fait de raconter chaque épisode deux fois en suivant le point de vue de chacun des personnages fait toujours mouche. J’ai aimé le style unique de l’auteure et comme pour le premier tome, j’ai ri et j’ai été émue. C’est génial de constater à quel point une narration fantasque peut donner une vision juste des choses et du clivage inévitable entre la vision de l’homme et celle de la femme. De plus, cette façon d’écrire nous rend les personnages terriblement attachants. Aucune lassitude pour moi avec cette lecture, si ce n’est que je suis perplexe à propos de la fin, qui reste encore une fois ouverte. Mais peut-être que ce n’est pas plus mal…

Note :

Katarina Mazetti (1944) – Suédoise
238 pages – 2011 – ISBN : 978-2-84720-192-5