Résumé :

Edgar Freemantle a failli perdre la vie dans un très grave accident sur un chantier. Amputé de son bras droit, il doit subir une longue rééducation et le traumatisme consécutif à l’accident a aussi gravement affecté ses facultés motrices. Il a du mal à trouver ses mots et il s’énerve très facilement… au point d’entrer dans des colères noires qui effraient son entourage et notamment sa femme qui demande le divorce.
Grâce au soutien d’un psy et d’une kiné formidables, Edgar se remet progressivement et décide de commencer une nouvelle vie en Floride. Il loue pour un an une maison sur l’île de Duma Key. Là, dans la quiétude et le silence, bercé par le bruit de la mer et des coquillages, il se met à dessiner et à peindre, révélant un talent aussi éclatant qu’inattendu. Mais ses œuvres sont aussi fascinantes qu’inquiétantes et la force qui semble être à l’oeuvre sur Duma Key est moins inoffensive qu’il n’y paraît.

Extrait :

Le panier de pique-nique.
Le foutu panier de pique-nique rouge rempli des foutus dessins qu’elle avait faits.
Comme il me hante.
Même aujourd’hui, des années plus tard, je me prends à jouer encore au jeu des si, me demandant ce qui aurait changé si, laissant tomber tout le reste, j’étais tout de suite parti à sa recherche. Certes, il fut retrouvé – par Jack Cantori – mais à ce moment-là, il était trop tard.
Et peut-être (mais je ne puis en être sûr) cela n’aurait-il rien changé du tout parce qu’une force était entrée en action, aussi bien sur Duma Key que chez Edgar Freemantle. Puis-je prétendre que c’est la force qui m’y avait conduit ? Non. Puis-je affirmer le contraire ? Pas davantage. Le temps que mars cède la place à avril, elle n’avait fait que croître et étendre subrepticement son emprise.
Ce panier.
Le foutu panier de pique-nique d’Elizabeth.
Il était rouge.

Avis :

Encore un très bon Stephen King qu’on a du mal à lâcher une fois qu’on l’a commencé. Les personnages sont construits avec minutie : celui de Wireman est particulièrement réussi car dès le début il est terriblement attachant. Ce qu’il y a de bien avec Stephen King, c’est qu’on a beau voir les grosses ficelles, on se laisse quand même totalement emporter (moi, du moins). Il a le don de vous scotcher comme une araignée qui resserre sa toile sur vous : on a très envie de connaître la suite mais on est aussi terrifié. Je n’en menais pas large par moments, sursautant au moindre bruit parce que l’horreur est aussi présente par moments, et qu’elle fait son petit effet. En même temps, c’est super intéressant car le livre propose une réflexion sur la création et le prix qui est à payer en contrepartie : un vaste sujet que King abordait déjà dans Histoire de Lisey. En tout cas, cet auteur est vraiment un maître, le seul dont je suis restée une inconditionnelle depuis que je l’ai découvert (et Dieu sait que mes goûts en lecture ont évolué depuis mes douze ans) et je sais que je prendrai plaisir à relire ses livres dans mes vieux jours (car pour le moment, il y a beaucoup de nouveautés à découvrir).

Note :

Stephen King (1947) – Américain
647 pages – 2009 – ISBN : 978-2-226-19094-9