Georges Bataille – Le bleu du ciel
Résumé :
Dans un monde au bord de l’abîme des grandes révolutions qui vont marquer le XXe siècle, Henri Troppmann mène une vie de débauche et d’errance. Ce livre, parcouru par l’obsession du sexe et de la mort relate la course après l’abjection d’un homme à la dérive, obsédé par trois femmes : Dirty, Lazare et Xénie.
Extrait :
Quand j’étais enfant, j’aimais le soleil : je fermais les yeux et, à travers les paupières, il était rouge. Le soleil était terrible, il faisait songer à une explosion : était-il rien de plus solaire que le sang rouge coulant sur le pavé, comme si la lumière éclatait et tuait ? Dans cette nuit opaque, je m’étais rendu ivre de lumière ; ainsi, de nouveau, Lazare n’était devant moi qu’un oiseau de mauvais augure, un oiseau sale et négligeable. Mes yeux ne se perdaient plus dans les étoiles qui luisaient au-dessus de moi réellement, mais dans le bleu du ciel de midi. Je les fermais pour me perdre dans ce bleu brillant : de gros insectes noirs en surgissaient comme des trombes en bourdonnant. De la même façon que surgirait, le lendemain, à l’heure éclatante du jour, tout d’abord point imperceptible, l’avion qui porterait Dorothea…
Avis :
C’est un livre très particulier et assez choquant. Il prend sons sens bien sûr par rapport au contexte politico-idéologique de l’époque (montée du fascisme et du nazisme VS communisme) et la dérive de Troppmann s’éclaire de celle du monde dans lequel il vit. Toutefois il me semble qu’on n’est pas obligé d’en arriver à de telles obscénités pour retranscrire avec justesse la vision d’un monde qui se délite. Les pensées nécrophiles du personnage principal, son profond égoïsme et son absence totale de morale ne m’ont guère encouragée à apprécier ce livre, que je qualifierais presque d’ordurier. Je suis toutefois consciente qu’il a pu marquer du fait aussi de la pensée qui le sous-tendait ; n’étant pas encore suffisamment familière de cette pensée, je m’abstiendrai de toute critique à cet égard. C’est juste qu’à mes yeux, d’un point de vue purement littéraire, et malgré quelques passages poétiques, ce livre ne vaut pas la peine qu’on s’y arrête. Pour ceux que ça intéresse, j’ai trouvé un article assez édifiant pour plus d’informations sur le contexte et la genèse de l’oeuvre.
Note :
Georges Bataille (1897-1962) – Français
215 pages – 1935 – ISBN : 2-07-072328-3
novembre 21st, 2009 à 19:12
Votre approche subjective mal-entrecoupée d’une approche objective me porte à vous demander de relire ce livre, sans prêter une attention salvatrice au contexte socio-politico-idéologique mais avec d’une part une mise en abîme qui vous ferra découvrir une puissance d’écriture fantastique et d’autre part une légèreté dans la lecture et l’exigence propre au roman.
Cette œuvre est beaucoup plus qu’un roman “d’un point de vue littéraire” comme vous le souligner, et je souhaite toujours que les gens qui ont aimé comme ceux qui ont détesté, la relise…
Bien à vous.
novembre 21st, 2009 à 22:03
C’est le problème avec les auteurs d’avant-garde. Je ne suis pas suffisamment armée pour ce genre de lecture, et il est très possible que je sois passée à côté de quelque chose. Merci pour ce commentaire en tout cas, c’est vrai qu’un jour peut-être, si j’ai le courage de me remettre dedans, je l’envisagerai d’un oeil nouveau.
novembre 4th, 2011 à 18:26
J’ai lu le livre à 20 ans, il y a quarante ans, lu et relu depuis, et il a marqué ma vie à jamais. Un poème, un immense poème, pas un roman, un discours sur la vie et sur la mort.
J’en ai toujours, effeuillé, le livre acheté à l’époque, toujours avec moi, partout dans le monde.
Je suis tombé sur votre site par hasard, j’espère que vous avez relu le bleu du ciel, un texte majeur de Georges Bataille.
février 28th, 2012 à 23:38
Bataille ne peut être jugé sans être connu .Il faut avoir lu Heidegger qui le considère comme le seul phénoménologue français,bien avant Sartre.Il faut avoir lu Hegel,sous la traduction de Kojève. Il faut comprendre le surréalisme,comme transgression et subversion stylistique en un temps ou monte le national-socialisme et les fascismes .Il faut relire “Acéphale” avec Klossowski et Nietzsche,”critique ” .Aimer “à en mourir” “l’expérience intérieure”,comme l’on devrait pouvoir aimer le monde,comme l’on aime une femme :”à l’extase”,…