Résumé :

Dans un monde au bord de l’abîme des grandes révolutions qui vont marquer le XXe siècle, Henri Troppmann mène une vie de débauche et d’errance. Ce livre, parcouru par l’obsession du sexe et de la mort relate la course après l’abjection d’un homme à la dérive, obsédé par trois femmes : Dirty, Lazare et Xénie.

Extrait :

Quand j’étais enfant, j’aimais le soleil : je fermais les yeux et, à travers les paupières, il était rouge. Le soleil était terrible, il faisait songer à une explosion : était-il rien de plus solaire que le sang rouge coulant sur le pavé, comme si la lumière éclatait et tuait ? Dans cette nuit opaque, je m’étais rendu ivre de lumière ; ainsi, de nouveau, Lazare n’était devant moi qu’un oiseau de mauvais augure, un oiseau sale et négligeable. Mes yeux ne se perdaient plus dans les étoiles qui luisaient au-dessus de moi réellement, mais dans le bleu du ciel de midi. Je les fermais pour me perdre dans ce bleu brillant : de gros insectes noirs en surgissaient comme des trombes en bourdonnant. De la même façon que surgirait, le lendemain, à l’heure éclatante du jour, tout d’abord point imperceptible, l’avion qui porterait Dorothea…

Avis :

C’est un livre très particulier et assez choquant. Il prend sons sens bien sûr par rapport au contexte politico-idéologique de l’époque (montée du fascisme et du nazisme VS communisme) et la dérive de Troppmann s’éclaire de celle du monde dans lequel il vit. Toutefois il me semble qu’on n’est pas obligé d’en arriver à de telles obscénités pour retranscrire avec justesse la vision d’un monde qui se délite. Les pensées nécrophiles du personnage principal, son profond égoïsme et son absence totale de morale ne m’ont guère encouragée à apprécier ce livre, que je qualifierais presque d’ordurier. Je suis toutefois consciente qu’il a pu marquer du fait aussi de la pensée qui le sous-tendait ; n’étant pas encore suffisamment familière de cette pensée, je m’abstiendrai de toute critique à cet égard. C’est juste qu’à mes yeux, d’un point de vue purement littéraire, et malgré quelques passages poétiques, ce livre ne vaut pas la peine qu’on s’y arrête. Pour ceux que ça intéresse, j’ai trouvé un article assez édifiant pour plus d’informations sur le contexte et la genèse de l’oeuvre.

Note :

Georges Bataille (1897-1962) – Français
215 pages – 1935 – ISBN : 2-07-072328-3