Résumé :

Une jeune femme a été élevé dans une famille où les femmes sont dévouées et soumises. Elle essaie pourtant de ne pas céder à ce schéma et observe son compagnon. Elle le dissèque, l’analyse puis le quitte pour un autre. Mais peut-elle aimer après l’enfance qu’elle a vécu ? Comment faire lorsque l’on a l’habitude de tout scruter et “s’obstiner à voir ce que le cœur ignore” ?

Extrait :

Je développe une théorie, je me rends compte que les êtres deviennent aisément fous et cela n’est pas grave. Une douleur, un drame peuvent faire céder les plus faibles, alors que d’autres auront besoin de coups plus forts pour capituler. Certains chocs provoquent, visiblement ou pas, des bouleversements irrémédiables. Par exemple, je ne crois pas que nous fassions le deuil de qui que ce soit. Comment voulez-vous, par exemple, qu’un homme accablé par le décès de la femme qu’il aime et de leurs enfants, fauchés par un train, puisse un jour témoigner que la rencontre avec une autre femme l’a reconstruit et lui a redonné le goût de vivre ? C’est impossible. Cet homme-là est fou. La femme qui croit le sauver est certainement folle, elle aussi : lui a-t-on menti, a-t-on abusé d’elle, a-t-elle vu, enfant, son cheval abattu par un coup de fusil ? Le lui a-t-on ensuite donné à souper ? Qu’importe la cause, elle est juste folle de douleur.
Je suis d’accord sur le fait que les choses passent, mais cela n’empêche pas, écoutez-moi, cela n’empêche pas, sur leur passage, de devenir fou, et si vous ne me croyez pas, vous mentez, vous ratez quelque chose.

Avis :

Claire Castillon nous avait habitué à des livres très sombres (voir Insecte notamment). “Dessous, c’est l’enfer” reste dans ce registre mais sous la forme d’un roman. Dans un sens ça dérange un peu, parce que l’on sent qu’il y a une certaine douleur dans ce que vit le personnage mais au fond, n’est-ce pas là une vue assez proche de la réalité ? Qui n’a jamais ressenti envers sa famille, ses amis ou son compagnon un peu d’énervement ? Qui n’a jamais été agacé par les mimiques ou un comportement bien propre à ces autres que l’on côtoie de si près ? C’est peut-être ceci qui dérange finalement, de se dire que les réactions du narrateur ne sont pas toujours autant éloignées de nous qu’on le souhaiterait. Castillon aborde aussi le thème du passé et la façon dont l’éducation que l’on a reçue peut influencer nos rapports avec les autres. Pour tout cela, c’est un roman intéressant mais malgré tout je ne ressors pas de cette lecture avec un avis seulement positif. Certains passages trainent un peu trop en longueur et les allés-retours incessants entre le passé et le présent ont beau ne pas être dénués d’intérêt, il n’en reste pas moins qu’ils perturbent la lecture.
Au passage, petite interview de Claire Castillon à propos de ce livre :

Note :

Claire Castillon (1975) – Française
230 pages – 2008 – ISBN : 978-2-213-63517-0