Guillaume Prévost – Le bal de l’équarrisseur
Résumé :
Après avoir brillamment résolu l’affaire des gueules cassées, l’enquêteur François Claudius Simon doit faire face à une nouvelle énigme. Une femme a été retrouvée morte dans un abattoir, sur son corps était écrit “chacun son tour“. Peu de temps après, c’est une jambe que l’on retrouve dans les cuisines du ministère de la guerre avec le message “De la viande pour le Tigre“. Serait-ce Clemenceau qui serait visé ? Tandis que le traité de Versailles se prépare dans une extrême tension, l’affaire doit être résolue vite et dans la plus grande discrétion.
Extrait :
Le corps était à peine dissimulé au milieu des alignements de carcasses. Il suffisait de lever les yeux dans la bonne direction – la deuxième rangée au fond – et la forme humaine se détachait aussitôt dans sa terrible singularité, jurant parmi la lugubre procession des cochons éventrés. Une femme, tête en bas, les mollets ficelés à une traverse de bois, accrochée elle-même à une cheville de boucher. Elle était suspendue de face, complètement nue, sa chevelure grise et ses mains potelées effleurant le carrelage, ses chairs abondantes bleuies par le froid.
François frissonna. Il était un peu fiévreux depuis la veille, la faute à un mois de mai qui n’en finissait pas de se prendre pour novembre. Il laissa même échapper un éternuement dont l’écho couvrit à peine le ronronnement de la machine frigorifique.
- Pas tout à fait une jeunesse, constata Mortier en s’agenouillant près de la victime. Soixante ans bien tapés et un sérieux penchant pour la bouteille d’après la bouffissure des traits… Elle a pris aussi des coups sur le menton, la mâchoire, et ses poignets sont marqués comme si on l’avait attachée.
[...] Mortier se releva de mauvaise grâce tandis que l’un des gardiens de la paix affecté aux abattoirs s’avançait :
- Vous devriez faire le tour, si je peux me permettre.
Sous l’oeil attentif de la dizaine de présents – moitié officiers municipaux et moitié employés de l’écorchoir – François et son collègue se glissèrent entre les carcasses de porcs qui dégageaient de lourdes odeurs carnées. Ils contournèrent à distance le cadavre jusqu’à pouvoir l’examiner de dos : le même corps vieilli, humilié, tragiquement exhibé, tel un vulgaire quartier de viande… Sauf que de ce côté-ci, trois mots avaient été ajoutés au crayon gras, en plein milieu des omoplates : Chacun son tour.
- Eh bien, voilà autre chose ! soupira Mortier. Qu’est-ce que c’est encore que ce merdier ?
Avis :
Après avoir dévoré la première enquête de l’enquêteur François-Claudius Simon, c’est avec beaucoup de plaisir que je me suis lancé dans cette suite (merci à Violaine qui me l’a offerte !). Je crois avoir encore plus apprécié ce deuxième tome que le premier. L’auteur a réussi à intégrer le déroulement de l’enquête dans une phase très critique de l’histoire de France : la négociation du traité de Versailles. On a vraiment l’impression d’être plongé dans cette période ce qui nous permet, tout en découvrant le déroulement de l’enquête, de profiter d’une belle leçon d’histoire (même si j’imagine que certains passages ont été romancés, bien évidemment).
Après avoir lu le premier tome on connaît les forces et les faiblesses du jeune François-Claudius. Ce deuxième tome nous permet d’être de plus en plus familier avec ce personnage et rend la lecture très plaisante.
Je ne peux donc que vous encourager à vous plonger dans les histoires de l’inspecteur Simon. Quant à moi j’attends avec impatience un 3e volet de ses aventures !
Note :
Guillaume Prévost (1964) – Français
308 pages – 2011 – ISBN : 978-2-84111-446-7
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