Résumé :

Nathan Glass, soixante ans, se remet de dures épreuves que la vie réserve parfois : cancer, solitude, divorce… Jeune retraité, il est charmé par Brooklyn où il va commencer l’écriture du “Livre de la folie humaine”, ouvrage dans lequel il compte consigner lapsus et souvenirs en tout genres. Mais Brooklyn sera aussi le lieu où il va retrouver Tom Wood, son neveu, avec qui il va voir renaître un souffle nouveau grâce à des rencontres, des rêves et des espoirs qu’ils ont tous deux à revendre.

Extrait :

Je veux parler de bonheur et de bien-être, de ces instants rares et inattendus où la voix intérieure se tait et où l’on se sent à l’unisson avec le monde.
Je veux parler du temps qu’il fait au début de juin, d’harmonie et de repos béat, de rouges-gorges, de pinsons jaunes et de merles bleus filant entre les feuilles vertes des arbres.
Je veux parler des bienfaits du sommeil, du plaisir de manger et de boire, de ce qui arrive au cerveau quand on sort dans la lumière du soleil de quatorze heures et qu’on sent autour de soi la chaude étreinte de l’air.
Je veux parler de Tom et de Lucy, de Stanley Chowder et des quatre jours que nous avons passés à l’auberge Chowder, des pensées que nous avons pensées et des rêves que nous avons rêvés en haut de cette colline dans le Sud du Vermont.
Je veux me rappeler les crépuscules céruléens, les aubes langoureuses et rosées, les jappements des ours, la nuit, dans les bois.
Je veux me rappeler de tout cela. Et si tout, c’est trop demander, alors une partie. Presque tout. Presque tout, avec des blancs réservés pour ce qui manque.

Avis :

Ah, comme ils sont agréables ces livres où quelques personnages -certes fictifs- réussissent à nous faire croire que dans notre réalité nous avons peut-être la possibilité de changer les choses. Nathan Glass et Tom Wood n’ont rien d’extraordinaire, au contraire la vie a été plutôt difficile pour eux et pourtant il suffit de quelques rencontres et de volonté pour que tout reparte. Oui, je sais, ce n’est qu’un livre mais il ne s’éloigne pourtant pas de la réalité. Auster présente dans ce livre comme dans Leviathan, un aspect critique de l’Amérique, avec notamment l’élection de Bush.
C’est tout cela qui m’a fait aimer Brooklyn Follies : cette joie de vivre qui ne semble pas si utopique, ce regard réfléchi sur le monde… Un récit à la fois tragique et chaleureux qui n’a rien d’irréaliste.

Note :

Paul Auster (1947) – Américain
364 pages – 2005 – ISBN : 978-2-7427-6531-7