Résumé :

Lorsque Lancelot Rubinstein apprend la mort de sa femme, le monde semble s’écrouler autour de lui, d’autant plus qu’Irina semblait lui cacher beaucoup de choses. On a beau dire que l’amour rend aveugle, Lancelot a quand même l’air d’être complètement à côté de la plaque. Il va cependant enquêter afin d’essayer de connaître la vérité sur celle qu’il aimait.

Extrait :

La femme de Lancelot est morte cette nuit.
Le jour de leur rencontre, quand il lui avait annoncé, Je m’appelle Lancelot, il avait pris un air tout à fait désolé, un air contrit qui l’avait conquise. Elle avait répondu, Eh bien qu’à cela ne tienne, je t’appellerai Paul. Elle avait éclaté de rire quand il avait ajouté que son patronyme était Rubinstein. Lancelot Rubinstein. Il s’était senti à la fois vexé et charmé par le rire de sa femme – qui n’était pas encore sa femme. Elle avait un rire qui rebondissait, un rire qui faisait des petits bons sur les surfaces lisses et réfléchissantes alentour. Lancelot Rubinstein s’était dit qu’il allait avoir du mal dorénavant à s’en passer. C’avait à voir avec quelque chose de chaud et de laineux. C’était ce qu’il s’était dit ce soir-là, le soir du jour de sa rencontre avec sa femme. Lancelot était un homme qui pouvait penser qu’un rire était chaud et laineux.
Lancelot avait donc perdu cette nuit sa femme qui l’appelait Paul.

Avis :

J’avoue que le résumé m’a tout d’abord laissée sceptique, me rappelant un vieux scénario de polar éculé. Mais heureusement, Véronique Ovaldé nous emmène loin des clichés avec un livre haut en couleurs, complètement déjanté et riche en fantaisie. Chaque phrase est un petit déluge de poésie et malgré le thème peu joyeux de l’histoire, on rit beaucoup et on s’attendrit devant ce pauvre Lancelot. Son nom lui  va d’ailleurs merveilleusement bien parce qu’il lui donne un petit côté médiéval qui n’est pas sans aller  de pair avec son continuel décalage vis-à-vis de la réalité (il m’a même parfois fait penser à Perceval avec sa manie de contempler la neige). En même temps, le récit laisse affleurer par moments l’émotion, mais tout en finesse et en subtilité. On se laisse transporter par la magie des mots et même si vers la fin j’ai un peu décroché, j’ai quand même énormément apprécié cette lecture et je reste admirative de ces auteurs qui manient la langue avec suffisamment de savoir-faire pour réussir à dilater la réalité et à nous faire voir autre chose, un monde un peu plus coloré, un peu plus vivant, simplement en nous racontant des histoires qui font rêver.

Note :

Véronique Ovaldé (1972) – Française
222 pages – 2008 – ISBN : 978-2-290-01469-1