Résumé :

Au lieu de faire un résumé hésitant, autant vous citer le début du livre qui résume très bien : “Ma psy s’ennuie. Elle a de bonnes raisons. Elle voit toute la journée défiler des gens tristes qui lui racontent leurs misères, souvent les mêmes. Comme je n’ai pas envie qu’elle s’ennuie avec moi, et surtout, au prix où je la paye, qu’elle s’endorme, j’ai décidé, pour la tenir éveillée, de lui raconter mes histoires. Des gaies, des tristes, comme ça vient, comme le temps.”

Extrait :

Je suis assis derrière mes livres, il y a beaucoup de monde qui passe, quelque fois certains s’arrêtent, ils regardent mes livres, distraitement, parfois ils les feuillettent. Je ne dis rien dans ces cas-là, je ne les regarde même pas, j’ai toujours peur qu’ils partent. Régulièrement, il y en a qui me demandent si c’est moi qui ai écrit Le Grand Meaulnes. Je réponds toujours honnêtement que non, je n’ajoute pas hélas. Chaque fois, je sens que je déçois. Pour les retenir, je dis que j’ai écrit Le Petit Meaulnes. Ils rigolent, mais ça ne les intéresse pas, c’est le grand, le vrai, qu’ils veulent.
Quand ils ouvrent devant moi Il a jamais tué personne, je suis un peu gêné, comme s’ils ouvraient la porte de ma salle de bains, pour me voir tout nu.
Quelquefois, quand ils lisent mes impertinences et qu’ils rient, je suis le plus heureux des hommes. J’adore la musique, surtout la classique, mais je donnerais tout Bach, tout Mozart, pour ces rires-là.
Récemment, j’étais à côté d’un auteur à succès. Il y avait une grande file devant son stand, une plus petite devant le mien. Comme il faisait des dédicaces très longues, j’ai eu le temps d’observer les gens de sa file.
Mes lecteurs sont bien mieux que les siens.

Avis :

Pour avoir lu plusieurs livres de Fournier, je m’attendais (surtout en voyant le titre), à lire un livre plutôt comique. En fait il ne s’agit pas vraiment de ça. Fournier a signé ici un livre assez intimiste comme le montre l’extrait ci-dessus. Il nous raconte plusieurs histoires courtes, tantôt drôles, tantôt tristes, et souvent le fruit d’observations judicieuses. En fin de compte, quand on écoute des “comiques”, on pense souvent que tout va bien pour eux, qu’une joie de vivre sans limite les transporte. Évidemment la vérité est bien différente. Larmes et sourires ne sont pas forcément contradictoires. Ici, les histoires se suivent mais ne se ressemblent pas. Comme dit Fournier au début du livre, il y en a “des gaies, des tristes, comme ça vient, comme le temps”.

Note :

Jean-Louis Fournier (1938) – Français
184 pages – 2007 – ISBN : 978-2-8433-7404-3