Jean Teulé – Ô Verlaine
Résumé :
En septembre 1895, un adolescent (Henri-Albert Cornuty) vient à Paris pour rencontrer Verlaine. A travers cette histoire Jean Teulé raconte la dernière année de la vie du poète, personnage à la fois splendide et terrifiant, lorsque son génie commence à faire de plus en plus d’admirateurs.
Extrait :
Le petit François arriva sur le pont Saint-Michel où Pauvre Lelian, penché par-dessus le parapet, regardait l’eau. Au bord de la crise de nerfs, le poète se sentait prêt à toutes sortes de bêtises, suicide compris. Dans d’affolantes incertitudes, il suivit, sous lui, le passage d’un bateau à aube. Les palettes de la roue hydraulique formèrent un remous pareil aux méandres de son cerveau. Il se pencha périlleusement. Une toux le secoua, déchira sa poitrine, une petite main tira son manteau :
- Faut pas tomber, m’sieur Paul.
Verlaine tourna vers François ses yeux mongols puis il eut un étonnant visage d’enfant : “Tu sais, quand j’avais à peu près ton âge, un jour, j’écoutais le chant d’une bouilloire… Et j’ai plongé ma main dans la belle eau d’argent bouclée qui faisait une si jolie musique. Résultat, une brûlure effroyable. Depuis, c’est toute ma vie que j’ai plongé dans une eau bouillante… J’ai vécu une existence d’eau bouillante !”
Avis :
En achetant ce livre, je m’attendais à avoir une biographie de Verlaine légèrement romancée mais très instructive, à l’image de celle d’Einstein faite par François De Closets dans “Ne dites pas à Dieu ce qu’il doit faire“ (livre que je vous recommande), c’est-à-dire une biographie fondée sur un socle très solide de vérités. J’ai été assez dérangé ici car s’il doit bien y avoir quelques faits réels, Jean Teulé ne s’est pas gêné pour raconter toute une histoire autour de Verlaine à travers la montée du jeune Henri-Albert Cornuty sur Paris qui vient rencontrer son idôle. Ceci peut plaire à certains, mais pour ma part j’ai été assez dérouté. Je voulais apprendre des choses sur Verlaine, au final je ne sais pas ce qui dans ce roman relève de la réalité ou de la fiction et la lecture de la biographie de Verlaine sur Wikipedia m’en aura appris bien plus sur lui. En outre, seuls les derniers mois de Verlaine sont contés ici et le style de Teulé est très simple, probablement pour coller à la vie de débauche qu’était celle de Verlaine. Tous ces choix semblent justifiés et Jean Teulé s’en défendrait probablement avec justesse, il faut simplement en avoir conscience avant d’ouvrir ce livre, et le voir avant tout comme un roman plutôt que comme une biographie.
Note :
Jean Teulé (1953) – Français
373 pages – 2004 – ISBN : 2-260-01632-4
décembre 28th, 2008 à 14:49
Après avoir lu “Je, François Villon”, j’ai pris note de ce livre, pensant y trouver la même chose, c’est dire la biographie du poète, mais ton avis me donne à réfléchir, car je risque fort d’être déçue…
Merci pour ta visite sur mon blog qui m’a fait découvrir le tien ! A bientôt !
mars 9th, 2009 à 22:55
Après avoir lu ô Verlaine et “Je, François Villon”, j’ai beaucoup aimé le côté témoignage d’une époque, un climet, et la confirmation que les grands poètes, dont les jeunes enfants apprennent les oeuvres à l’école, sont des abimés de la vie, des marginaux, qui ont connu la violence, l’amour tarifé, l’alcool, la drogue. Non les poètes ne sont pas de doux romantiques, mais de redoutables marginaux qui ont puisé dans les extrèmes, la douceur de la poèsie. Ces romans sont donc des éléments de contexte très intéréssants.