Paul Auster – Le voyage d’Anna Blume
Résumé :
Anna Blume est à la recherche de son frère, disparu dans un pays où survivre est très difficile. La lutte y est constante pour se faire sa place, trouver de quoi manger et un endroit pour dormir. C’est au cours de ce périple qu’elle écrit une longue lettre destinée à son frère, au cas où celui-ci parviendrait à la trouver.
Extrait :
Ce sont les dernières choses, a-t-elle écrit. L’une après l’autre elles s’évanouissent et ne reparaissent jamais. Je peux te parler de celles que j’ai vues, de celles qui ne sont plus, mais je crains de ne pas avoir le temps. Tout se passe trop vite, à présent, et je ne peux plus suivre.
Je ne m’attends pas à ce que tu comprennes. Tu n’as rien vu de tout cela et même si tu essayais tu ne saurais te l’imaginer. Ce sont les dernières choses. Une maison se trouve ici un jour et le lendemain elle a disparu. Une rue où on a marché hier n’est plus là aujourd’hui. Même le climat varie constamment. Un jour de soleil suivi par un jour de pluie, un jour de neige suivi par un jour de brouillard, de la chaleur puis de la fraîcheur, du vent puis le calme plat, une période de froid terrible et puis aujourd’hui, au milieu de l’hiver, un après-midi de lumière parfumée, assez chaud pour qu’on ne porte que des pulls. Quand on habite dans la ville on apprend à ne compter sur rien. On ferme les yeux un instant, on se tourne pour regarder autre chose, et ce qu’on avait devant soi s’est soudain évanoui. Rien ne dure, vois-tu, pas même les pensées qu’on porte en soi. Et il ne faut pas perdre son temps à les rechercher. Lorsqu’une chose est partie, c’est définitivement.
C’est ainsi que je vis, poursuivait-elle dans sa lettre.
Avis :
Il est assez difficile de rentrer dans ce livre, cette longue lettre, ce monologue de 250 pages où le monde décrit semble au premier abord bien différent du nôtre et assez terrifiant. Mais le plus terrifiant c’est qu’après 50 pages, lorsqu’on commence à être vraiment dans l’histoire, on se rend compte que ce pays si rude est finalement très proche du nôtre. Toute cette histoire résonne comme une critique du monde actuel.
Le titre d’origine est “In the country of Last Things” (Dans le pays des choses dernières). Même si la quatrième de couverture le rappelle, il est dommage que le titre français en soit aussi éloigné car ces quelques mots résument parfaitement ce monde où tout semble être vu pour la dernière fois, où la mort rôde mais où malgré tout il existe encore quelques personnes exceptionnelles.
J’ai trouvé “Le voyage d’Anna Blume” très différent des autres livres d’Auster mais ce n’est pas le moins réussi pour autant. J’ai beaucoup aimé cette réflexion ainsi que cette histoire très riche.
Note :
Paul Auster (1947) – Américain
267 pages – 1987 – ISBN : 978-2-86869-950-2
mars 17th, 2009 à 23:12
j’ai terminé levatian le week end dernier. bien bien!! encore une fin recherchée
mars 19th, 2009 à 23:24
Hum malgré ce billet élogieux, cet Auster me semble bien ardu. Je passe mon tour. Envie de lire des choses plus légères quand je suis accaparée par le boulot.
mars 20th, 2009 à 19:43
Comme je le disais, le premier quart du livre est assez étrange, il faut s’accrocher pour être véritablement pris dans l’histoire mais une fois fait c’est vraiment un très bon livre !
Bon courage pour ton travail en attendant
Seb -> tant mieux si Leviathan t’a plu aussi
mars 28th, 2010 à 20:48
Le meilleur de Paul Auster pour moi , mais surement pas le plus accessible. Pour découvrir Auster, il ne faut surtout pas commencer par celui-ci ! Au plaisir de te relire. Anna