Résumé :

Martin, un jeune paysan de douze ans, a recueilli un jeune faucon et l’a apprivoisé. Mais c’est interdit par le seigneur du château, à qui les faucons sont réservés pour la chasse. Après une période d’amitié sans nuages avec l’animal, Martin est un jour remarqué par le fauconnier qui l’envoie au cachot. Ce dernier en profite pour récupérer le faucon qu’il dresse à chasser. Du haut de sa prison, Martin rêve de retrouver sa liberté et son ami.

Extrait :

“Va, mon beau, va et reviens !”
Le hobereau déploya ses ailes et cela fit un froissement soyeux à peine perceptible. Déjà, il s’était enlevé. Plus rapide que le martinet qui allait y perdre la vie, plus silencieux que la chauve-souris engloutie en plein vol, il sillonnait le ciel.
Martin le suivait des yeux, taraudé d’incertitude quand il se fondait dans l’air du soir, plus alarmé encore quand il volait en direction du village où les gens du château pouvaient le remarquer.
“Pourquoi va-t-il si loin ? Il se fera découvrir !”
Le jeune garçon modula un sifflement très doux, très long, qui était un ordre pour l’oiseau.
Puis il attendit. D’interminables secondes. Une amitié se jouait en ce temps si court qui paraissait un siècle à Martin.
“Reviendra-t-il… ? S’il ne revenait pas… ? On dit les hobereaux fantasques. Maints d’entre eux ont résisté au dressage. Peut-être l’ami va-t-il préférer la liberté.”

Avis :

Il s’agit de littérature jeunesse et de ce fait, je craignais l’excès de bons sentiments. C’est un peu l’impression que j’ai eu au début, et j’ai aussi été agacée par le soin trop visible que l’auteur met à construire chaque phrase. Cela donne au livre un côté trop ciselé, trop parfait mais de ce fait trop froid, et ça manque un peu de naturel à mes yeux. J’ai toutefois pris plaisir à découvrir la personnalité de Martin qui est un enfant entier dans ses sentiments, ce qui le rend attachant. Je pensais que le livre s’achèverait sur une note positive ; aussi, j’ai été surprise (agréablement) par le ton grave que prennent les dernières pages du roman. Il recèle cette perte irrémédiable de l’innocence infantile qu’il retranscrit avec beaucoup de force et j’ai vraiment trouvé que la fable de Jean-Côme Noguès prend une très belle dimension sur la fin.

Note :

Jean-Côme Noguès (1934) – Français
158 pages – 1972 – ISBN : 2-01-016475-X