Résumé :

Dans cette autobiographie, Simone Veil retrace le parcours qui a été le sien, de sa plus petite enfance à Nice jusqu’à son retrait progressif de la vie politique en passant par les nombreuses fonctions qu’elle a pu occuper et, bien sûr, l’enfer vécu dans les camps de concentration.

Extrait :

De temps en temps, une kapo qui se tenait dans un coin de la pièce se mettait à crier ou menaçait certaines d’entre nous de son fouet : on parlait trop fort, on bougeait trop, que sais-je encore. De petits groupes s’étaient spontanément formés, les filles plus jeunes de leur côté, les plus âgées entre elles, et tout le monde discutait à voix basse en échafaudant des hypothèses sur un sort dont nous ignorions tout. Puis les kapos nous ont fait lever et mettre en rang, par ordre alphabétique, et nous sommes passées l’une après l’autre devant des déportés qui nous ont tatouées. Aussitôt m’est venue la pensée que ce qui nous arrivait était irréversible : “On est là pour ne plus sortir. Il n’y a aucun espoir. Nous ne sommes plus des personnes humaines, seulement du bétail. Un tatouage, c’est indélébile.” C’était sinistrement vrai. A compter de cet instant, chacune d’entre nous est devenue un simple numéro, inscrit dans sa chair ; un numéro qu’il fallait savoir par cœur, puisque nous avions perdu toute identité. Dans les registres du camp, chaque femme était enregistrée à son numéro avec le prénom de Sarah !

Avis :

Je lis très rarement des (auto)biographies, il faut vraiment que la vie du personnage en question ait été emblématique pour que j’aie envie de me plonger dans son histoire. Côté vie emblématique, difficile de faire mieux que Simone Veil du coup quand j’ai vu ce livre en bouquinerie il y a quelques semaines je me suis laissé tenté. Hasard du calendrier, on parlait d’elle récemment lors de son intronisation à l’Académie Française (comme si sa vie n’était déjà pas assez dense comme ça !).
Ce qui est incroyable quand on lit l’histoire de Simone Veil c’est que chaque partie de sa vie justifie l’existence de ce livre : sa déportation bien sûr, mais aussi l’avant guerre pour son témoignage sur la montée de l’antisémitisme en France, puis son combat pour les femmes, pour les conditions de vie en prison, ses responsabilités gouvernementales, son poste de présidente de l’assemblée européenne… Au point que la déportation, chapitre baptisé “L’enfer” ne représente que 44 pages du livre. Si on comprend que ce passage a été pour l’auteur le plus marquant de sa vie, elle a le mérite de ne pas trop en parler. Ne vous y méprenez pas, je ne dis pas par là qu’il ne faut pas parler de la déportation mais j’avais peur que ce livre ne parle quasiment que de ce au détriment des autres moments de sa vie mais ce n’est pas le cas.
La seconde moitié du livre, en abordant la vie politique de Simone Veil, permet aussi de mieux cerner le personnages et les idées qui ont mené son combat. On découvre ainsi quels peuvent être les rapports de force entre les hauts responsables d’un pays ce qui est très intéressant. Si les rencontres ont parfois été bonnes pour Simone Veil, elles ont aussi pu être conflictuelles. Bayrou, Barre, Pasqua, Mitterrand et parfois Chirac pour ne citer qu’eux en prennent pour leur grade.
Mais la trame de fond du livre qui semble être le fil rouge de Simone Veil est sans aucun doute l’Europe. Convaincue de la nécessité de cette union, des premiers chapitres jusqu’aux dernières pages, le message est clairement l’Europe dont Simone Veil est une grande partisane.

En bref, il n’est bien sûr pas possible de vous faire un résumé de ce livre qui est lui-même un résumé de sa vie. Je peux juste vous inviter à lire ce livre qui nous en apprend beaucoup tant sur l’histoire que sur la vie dans les “hautes sphères”.

Note :

Simone Veil (1927)
398 pages – 2007 – ISBN : 978-2-234-05817-0