Résumé :

Michaël a quinze ans lorsqu’il rencontre par hasard Hanna Schmitz. Il tombe amoureux de cette femme âgée de vingt ans de plus que lui et ils deviennent amants. A sa demande, il lui fait la lecture tous les soirs. Jusqu’au jour où celle-ci quitte la ville. Ce n’est que sept ans plus tard que Michaël, étudiant en droit, recroisera la route de Hanna, jugée pour avoir été gardienne dans les camps nazis durant la seconde Guerre Mondiale.

Extrait :

Pourquoi ? Pourquoi ce qui était beau nous paraît-il rétrospectivement détérioré parce que cela dissimulait de vilaines vérités ? Pourquoi le souvenir d’années de mariage heureux est-il gâché lorsque l’on découvre que, pendant tout ce temps-là, l’autre avait un amant ? Parce qu’on ne saurait être heureux dans une situation pareille ? Mais on était heureux ! Parfois le souvenir n’est déjà plus fidèle au bonheur quand la fin fut douloureuse. Parce que le bonheur n’est pas vrai s’il ne dure pas éternellement ? Parce que ne peut finir douloureusement que ce qui était douloureux, inconsciemment et sans qu’on le sût ? (…)
Est-ce cela qui me rend triste ? Ce zèle et cette foi qui m’habitaient alors et arrachaient à la vie une promesse qui ne put jamais être tenue ? Quelquefois, je vois le même zèle et la même foi dans les visages d’enfants et d’adolescents, et je les vois avec la même tristesse que je me revois moi-même à l’époque. Cette tristesse est-elle la tristesse tout court ? Est-ce elle qui nous accable lorsque de beaux souvenirs rétrospectivement se détériorent, parce que le bonheur dont on se souvient ne tenait pas seulement à la situation, mais à une promesse qui n’a pas été tenue ?

Avis :

Un livre que j’ai beaucoup apprécié, qui a le mérite de se lire facilement tout en abordant des problèmes profonds. Le début fait un peu cliché, mais la simplicité du style en fait aussi l’efficacité, on s’immerge progressivement dans l’histoire (je regrette que la quatrième de couverture en révèle quasiment l’intégralité) et on continue poussé par l’envie de savoir. Le livre sait jouer du mystère qu’il crée, ouvrant la réflexion sur des questions qui ont marqué la seconde moitié du XXe siècle. On en ressort troublé, touché, un peu triste que ça se termine aussi vite. A noter que ce film a fait l’objet d’une adaptation cinéma qui devrait sortir en France début avril, le réalisateur en est Stephen Daldry à qui l’on doit le superbe The Hours.

Note :

Bernhard Schlink (1944) – Allemand
243 pages – 1997 – ISBN : 2-07-040458-7