Ken Bruen – La main droite du diable
Résumé :
Jack Taylor sort de l’hôpital psychiatrique. Une fois de plus il revient de loin, mais ce n’est pas pour autant que ses vieux démons ont cessé de le hanter. Suite à l’assassinat d’un prêtre pédophile, le père Malachy lui demande de mener l’enquête pour retrouver le meurtrier.
Extrait :
J’écumai les bibliothèques, amassai tous les articles passés que je pouvais trouver. Je lus jusqu’à ce que mes yeux me fassent mal et trouvai ce que les policiers avaient trouvé.
Rien.
Cela me découragea-t-il ?
Et puis quoi encore, bordel ?
Si ç’avait été facile, j’en serais resté là. Je pris la décision de ne pas lâcher. Si j’avais su alors où cette résolution initiale allait me mener, au coeur de l’âme irlandaise, aurais-je battu en retraite ?
Vraisemblablement pas.
Ca ne m’était jamais arrivé.
Cet adage à la con, sur les gens qui ignorent les enseignements du passé et sont condamnés à reproduire les mêmes erreurs, c’est en pensant à moi qu’il a été rédigé. Aurais-je agi différemment si j’avais su les tourments du passé, l’amour perdu, l’humiliation, la honte et l’amitié proprement sidérantes qui m’attendaient ?
Si j’avais bénéficié d’une connaissance anticipée des événements, aurais-je dit :
- Non, très peu pour moi, merci, je souhaite préserver le soupçon de santé mentale qui me reste.
Hélas, j’aurais néanmoins cheminé sur cette route du destin contraire.
Pourquoi ?
Parce que je suis un idiot, pire encore, un idiot têtu.
Avis :
Le cinquième tome des aventures de Jack Taylor, dans la digne lignée des précédents, nous enchante toujours par son mélange d’humour et de tragique. Tandis que Jack trouve du réconfort dans Les Pensées de Pascal (et non pas dans le Jameson, une fois n’est pas coutume), la vie qui n’est quand même pas toujours très juste avec lui (enfin disons que ça marche par phases : une fois que ça va mieux, à chaque fois il retombe, et c’est toujours plus bas) continue de lui en faire voir de toutes les couleurs. Et notre héros de se débattre tant bien que mal avec ses vieux fantômes. Mais son regard désabusé sur la vie nous donne aussi à lire des perles de sagesse, du bon sens le plus élémentaire aux réflexions existentielles. Jack nous touche parce que ce qui le rend attachant avant tout, c’est son humanité, caractérisée par un indéfinissable mélange de vulnérabilité et une capacité étonnante à repartir de l’avant. Ce genre de livre est rare, qui atteint une profondeur inattendue en même temps qu’il fait passer un très bon moment de détente.
Note :
Ken Bruen (1951) – Irlandais
359 pages – 2006 – ISBN : 978-2-07-077608-5
novembre 1st, 2009 à 18:03
Il y a un passage que j’ai trouvé assez “drôle” dans ce livre :
“J’ai lu des tonnes de romans policiers. J’aime particulièrement ceux qui mettent en scène un détective privé. Tous les alcooliques sont d’irréductibles romantiques, et l’image du type solitaire qui relève un défi alors que toutes les chances sont contre lui ressemble à cette citation du film : “Tout le monde l’adore”.”
C’est une sorte de mise en abîme, comme si Jack se mettait à notre place en parlant de lui-même.
Bref sinon c’est comme toujours un très bon Ken Bruen même si dans le derniers tiers l’histoire m’a semblé tourner un peu au ralenti. Mais ça reste du grand Jack Taylor à ne pas manquer !
novembre 4th, 2009 à 7:58
Ken Bruen est un grand même si, parfois, pour les amateurs du genre, il tire un peu les ficelles, si on peut dire. C’est certainement l’un des meilleurs stylistes du noir actuel
décembre 11th, 2009 à 18:33
[...] vous donnera envie de découvrir la suite (nous vous avons déjà présenté les tomes 3, 4, 5 et 6). Ce lot comprend lui aussi un cadeau mystère [...]