Extrait :

SONNET 76

Pourquoi mes vers sont-ils si peu enclins
A l’orgueil de faire du neuf ? Pourquoi
N’ai-je pas d’yeux pour les bizarreries
Qu’à frais nouveaux notre époque imagine ?

Et pourquoi toujours même chose, ce que j’écris,
N’inventant rien qui ne soit ordinaire,
Quand chaque mot ou presque y crie mon nom,
Proclamant qu’il est né de moi, qu’il me doit vie ?

Eh bien, mon cher amour, c’est que sans cesse
J’écris de toi ; et que toi et l’amour
Etant mon seul sujet, je ne puis mieux faire
Que vêtir mes vieux mots d’étoffes neuves.

Soleil jeune à nouveau chaque matin, ma flamme
N’a bonheur qu’à redire son déjà dit.

Avis :

Je crois que sans le savoir nous avons tous lu quelques sonnets de Shakespeare. Ainsi, depuis déjà plusieurs années, je “traînais” dans mon esprit quelques vers des Sonnets 46 et 47 que j’aimais beaucoup sans pour autant avoir lu l’intégralité des Sonnets. La chose est maintenant faite, et Shakespeare mérite ses lettres de noblesse. Ces sonnets sont superbes, Shakespeare y décrit tous les tiraillements de l’amour et de la vie : l’attente de l’être aimé, son amour pour lui, la mélancolie lors du manque, la tristesse lors de la rupture, tout y est ! Mais une fois de plus, comme pour Whitman, mon reproche va surtout à l’édition. J’adore cette série de chez Gallimard, mais plutôt que d’insérer deux petits textes du grand William au début du livre, il aurait été judicieux de créer une version bilingue car je n’ai pas trop apprécié les traductions des quelques sonnets que j’avais pu découvrir en version originale. Bref, à lire mais si possible trouvez-vous une édition bilingue !

Note :

William Shakespeare (1564-1616) – Anglais
329 pages (154 hors dossier et textes préliminaires) – 1609 – ISBN : 978-2-07-034242-6