Pierre Péju – La diagonale du vide
Résumé :
Marc Travenne est un homme à la carrière flamboyante. Designer de renom, il a réussi à monter avec son meilleur ami une entreprise qui marche. A la mort de ce dernier, Travenne se remet en cause et craint d’être passé à côté de sa vie. Il arrête tout et prend un peu de recul sur les routes de l’Ardèche. Dans un gîte, il rencontre une mystérieuse randonneuse qui parcourt la “Diagonale du vide”, passage où mère Nature a encore conservé ses droits. Mais cette marcheuse n’est pas comme les autres, elle connaît de nombreux secrets dont elle livrera une partie à Travenne juste avant de se faire enlever.
Extrait :
Car notre enfance n’est jamais de l’histoire ancienne. L’enfant que nous avons été, même si nous ne tenons pas à le revoir, même si nous ne l’avons pas convoqué, est soudain là. Il hante notre présent qui se trouble et s’obscurcit. Il a l’éclat légèrement tremblant des revenants.
Enfance pas morte, même si mon adolescence s’est couchée dessus pour l’étouffer. Même si ma maturité, lourde et large, s’est couchée sur mon adolescence. Même si toutes les figures, personnages et visages que j’ai utilisés au cours de ma vie se sont tassés les uns sur les autres, en strates successives, au fil des époques et des saisons, au gré des replis, des élans, des échecs ou des chances.
J’ai souvent songé à une sorte de sonde, tube étroit et résistant qu’il suffirait d’enfoncer verticalement à travers ces couches superposées de ma vie, un peu comme font les glaciologues qui prélèvent des échantillons dans les profondeurs de la banquise en pratiquant ce qui’ls appellent un “carottage”, puis en analysant les gaz contenus dans les bulles figées dans la glace. Sur le long cylindre de mon existence congelée, on pourrait alors identifier différents moments. On ne découvrirait pas des bulles, mais des mots énigmatiques. Des cris, des sonorités, des impressions, des croyances, des traces. Myriades de significations orphelines en suspension dans la gélatine du temps.
Avis :
Pour cette nouvelle rentrée littéraire, Pierre Péju nous offre un roman plein de rebondissements, teinté d’allures de roman policier. Pourtant son héros, Marc Travenne, n’a rien d’un détective. Cet homme se contente de remettre en question son rythme de vie et de se laisser porter par les péripéties de son destin.
Pierre Péju a réussi avec brio à mêler différents thèmes pourtant peu compatibles : réflexion sur le temps qui passe, critique d’une société où tout va trop vite et enquête. Je dois dire que j’ai été vraiment happé par ce roman qui donnait toujours envie de connaître la suite, si bien qu’à la fin on est un peu triste que l’histoire se termine.
Un petit bémol malgré tout concernant certains passages qui tombent à mon goût un peu trop dans le pathos. Il y a par exemple quelques pages sur le 11 septembre qui n’apportent rien de particulier à l’histoire mais qui insistent – un peu lourdement – sur la tragédie de cette journée.
Ceci mis à part, c’est un livre très agréable que je vous recommande.
Note :
Pierre Péju (1946) – Français
280 pages – 2009 – ISBN : 978-2-07-078103-4
Merci aux Editions Gallimard de m’avoir permis de découvrir ce livre quelques jours avant sa sortie. Vous pourrez le trouver en librairie dès aujourd’hui.
août 27th, 2009 à 10:54
quelle chance! lire un livre en avant première!
août 28th, 2009 à 18:20
J’avais aimé (mais sans plus) “La Petite Chartreuse”. Pourquoi pas ? Je verrai s’il croise mon chemin.
août 28th, 2009 à 18:50
J’avais préféré “Coeur de pierre” mais “La diagonale du vide” n’est vraiment pas mal non plus.
septembre 20th, 2009 à 21:49
A mon avis, son meilleur roman est “Le rire de l’Ogre”. La géographie était germanique et rétrospective. Dans “La diagonale du vide”, le couple de militaire est improbable. Les services spéciaux ne sont pas la Légion étrangère, le conditionnement sert moins que la duplicité et l’intelligence.
Par contre la fin de sa maîtresse est très émouvante, la filiation est coussue de file blanc.
Je suis plutôt déçu.
août 17th, 2010 à 13:57
Bon départ du livre .
La description des villages désertés est agréable, ainsi que le retour sur son enfance – La rencontre et le partage avec la belle Marion auraient pu se faire en continuant sur le chemin de “la diagonale du vide” Les “MÉCHANTS” services Spéciaux nous amènent dans une bande dessinée enfantine.
juillet 7th, 2011 à 9:55
Mouaip. L’intrigue grotesque donne envie de finir ce livre… Dont l’écriture est lourde,le récit tentaculaire et improbable. Ca me fait penser aux petits mouchoirs de Canet si l’on peut se permettre une comparaison cinématographique. Facile.
Cependant divertissant.