Résumé :

Wendy Darling raconte l’histoire de Peter Pan à ses deux jeunes frères, John et Michael, le soir avant de s’endormir. Jusqu’à cette nuit où Peter laisse son ombre chez les Darling ; pour remercier Wendy de la lui avoir recousue, il l’emmène avec ses frères au Pays Imaginaire, où ils vont vivre de merveilleuses aventures.

Extrait :

Je ne sais pas s’il vous est arrivé de voir la carte géographique de l’esprit d’une personne. Les docteurs dessinent parfois un schéma d’autres parties de votre corps, et ces croquis suscitent le plus vif intérêt. Mais surprenez-les donc tandis qu’ils s’ingénient à dresser le plan d’un esprit d’enfant, territoire non seulement embrouillé mais qui n’arrête pas un instant de bouger ! Des lignes en zigzag apparaissent, tout comme sur une feuille de température ; ce sont probablement les routes qui sillonnent l’île, car le pays de l’Imaginaire est toujours plus ou moins une île, avec, ici et là, d’étonnantes taches de couleurs, des récifs de corail et, au large, de fins voiliers corsaires ; et encore des repaires sauvages, des nains — tailleurs pour la plupart —, des grottes où coule une rivière, des princes benjamins de sept frères, une hutte prête à s’effondrer, et une toute petite vieille au nez crochu.
[…]
C’est toujours sur ces rivages magiques que les enfants viennent échouer leurs canots. Nous aussi, nous y sommes allés, et en dépit du fait que nous n’y aborderons jamais plus, nous avons encore dans l’oreille le chant des vagues.

Avis :

Ce livre m’a fait passer un merveilleux moment. Je connaissais le Peter Pan de Walt Disney mais je n’avais jamais lu le roman qui en est à l’origine. La lecture de L’enfant éternel m’avait aussi donné envie de le lire et je n’ai absolument pas été déçue. Le narrateur est aussi espiègle que Peter Pan ; il nous entraîne au Pays Imaginaire où l’on a vraiment l’impression de revenir en enfance parce que tout est fait pour nous faire rêver : fées, pirates, indiens, sirènes… Peter Pan est à la fois attachant et antipathique ; l’ambiguïté du personnage réside dans sa puérilité, et par conséquent dans son absence totale de raisonnement rationnel. Ses attitudes varient au gré de sa fantaisie : héroïsme, gentillesse, égoïsme sont subordonnés à l’envie du moment présent. Le livre mélange donc les tonalités : du comique au tragique, il ne sombre pourtant jamais dans le pathétique, comme si, le narrateur ayant conservé son âme d’enfant, il n’était pas envisageable (pour lui ni pour nous) de se laisser aller à des sentiments d’adulte comme la mélancolie. Ca ne m’a pas empêchée d’en ressortir assez nostalgique ; mais ça fait du bien de replonger un peu dans la magie de l’enfance.

Note :

James M. Barrie (1860-1937) – Ecossais
146 pages – 1911 - ISBN : 978-2-2903-3326-6