Résumé :

Claire connaît Henry depuis qu’elle a l’âge de six ans. Un jour de septembre 1977, il s’est matérialisé dans le Pré où elle jouait seule, non loin de chez elle. Il venait de 1999 et avait trente-cinq ans. Il la connaissait déjà très bien dans son présent.
Henry rencontre Claire pour la première fois en 1991 : elle a vingt ans et lui vingt-huit. Il ne peut pas se rappeler de leurs rencontres datant de l’enfance de Claire parce qu’elles ne se sont pas encore produites pour lui.
Depuis qu’il est tout petit, Henry voyage dans le temps : passé, présent et futur ne se succèdent pas logiquement pour lui. Il ne contrôle rien de ces allers et venues qui mettent en danger sa vie. La rencontre de Claire et Henry va changer leurs vies.

Extrait :

Y’a-t-il une logique, une règle qui régit tous ces va-et-vient, toutes ces dislocations ? Y’a-t-il un moyen de rester tranquille, d’embrasser le temps de toutes ses cellules ? Je ne sais pas. Il y a des indices ; comme pour toutes les maladies, on isole des motifs, des possibilités. L’épuisement, les grands bruits, le stress, se lever brusquement, un éclair de lumière : chacun de ces facteurs peut déclencher une crise. Sauf que… je peux être en train de lire le Sunday Times un café à la main et Claire qui sommeille à côté de moi sur le lit, et soudain je suis en 1976, et je me vois à treize ans tondre le gazon de mes grands-parents. Certains de ces épisodes restent éphémères : c’est comme écouter un auto-radio qui peine à garder la station. Je me retrouve dans des foules, des assemblées, des bandes. Souvent je suis seul, dans un champ, une voiture, une maison, sur une plage, dans une école primaire en pleine nuit. J’ai peur d’échouer dans une cellule de prison, dans un ascenseur bondé, au milieu de l’auoroute. Je surgis de nulle part, tout nu. Comment vous expliquer ? Je n’ai jamais réussi à emporter quoi que ce soit. Ni vêtements, ni argent, ni papiers. Je passe l’essentiel de mes séjours à me procurer des habits et à chercher des cachettes. C’est une chance que je ne porte pas de lunettes.

Avis :

J’avoue que le postulat de départ étant quelque peu complexe, j”ai eu tendance à me poser trop de questions au début du livre. Il suffit en fait de se laisser glisser dans l’histoire pour en saisir toutes les composantes, ce qui se fait très facilement étant donné que le style est agréable et que les personnages sont à la fois mystérieux et attachants. L’auteur nous entraîne avec brio dans le labyrinthe du temps, en prenant soin à chaque fois de nous préciser l’année et l’âge des personnages au moment où se passe ce qu’elle raconte. On pourrait craindre le déjà-vu d’une énième histoire d’amour à l’eau de rose mais pas du tout : les sentiments qui unissent les personnages semblent naturels et immuables et la trame fantastique se fait très discrète, ne servant que de faire-valoir à l’évolution des protagonistes qui prennent corps avec tellement de réalité qu’ils deviennent pour le lecteur comme de vieux amis au bout d’un moment. Loin de sombrer dans les clichés faciles (même si c’est ce que peut faire craindre le résumé au dos du livre), il s’agit d’une très belle  et bouleversante histoire d’amour. Effusions lacrymales garanties, pensez aux mouchoirs.

Même qu’Antoine aussi il avait pleuré.

Note :

Audrey Niffenegger (1963) – Américaine
523 pages – 2003 – ISBN : 2-290-305097-4