Résumé :

Un homme tyrannisé par sa femme et dont le couple bat sérieusement de l’aile n’arrive pas à se résoudre à la quitter. Alors qu’il est en vacances en Italie chez son père, une femme au restaurant lui fait parvenir un mot : “Ero dietro di te” (“J’étais derrière toi”) accompagné de son numéro de téléphone. C’est l’occasion d’un basculement dans sa vie, peut-être vers un bonheur auquel il a pourtant renoncé depuis longtemps…

Extrait :

Mais c’est impossible d’y goûter consciemment, au bonheur. Sous ses dehors banals, avec ses parasites et ses imperfections, sans le filtre enjoliveur du souvenir, la réalité te prend toujours de vitesse. Sur le moment, c’est mathématique, tu peux juste vaguement ressentir qu’il se passe quelque chose de bien , mais tu es trop occupé à le vivre dans son temps même pour y goûter vraiment. Parce que tu as remarqué que le bonheur, c’est toujours un souvenir, jamais le moment présent, hein ? Je me souviens avoir lu chez je ne sais plus qui : “Le bonheur, c’est quand la lumière est bonne et qu’on n’a pas forcément conscience que tout va bien.” C’est ça, le temps perdu, le temps tout court, l’impossible équation du temps qui passe et qu’on voudrait retenir. Je suis persuadé que ce doit être aussi pour cette raison que l’être humain cherche à se mettre en couple : pour faire durer au maximum les moments de bonheur sans avoir constamment à les rechercher dans son passé, pour essayer de figer un peu les choses avec la femme qui un jour nous a fait rêver, malgré le temps qui dégrise.

Avis :

Un avis très mitigé en ce qui me concerne : les atermoiements du mari désespéré et narcissico-dépressif qui n’arrive pas à se décider à changer de vie, ça devient vite assez lourd ; entre une femme hystérique et une amante de conte de fées, on tombe assez rapidement dans l’invraisemblance ; et enfin, le désarroi psychologique du héros martelé de “Je t’aime moi non plus” se révèle assez vite lassant. En outre, le choix du “je” qui s’adresse à un “tu” complètement artificiel en ponctuant la plupart des phrases de “tu trouves pas, non ?”, ou de “hein ?” m’a paru assez maladroit ; sauf au moment où il dit “Si tu en as marre, tu me fais signe et j’arrête, OK ?”, là j’aurais bien répondu que oui, j’en avais marre…
Néanmoins, le livre est prenant par certains aspects, et j’avoue avoir poursuivi ma lecture, muée par une curiosité primaire (que va-t-il bien pouvoir arriver à ce pauvre type qui se fait traiter comme moins que rien ?), qui a aussi été déçue d’ailleurs, vu combien l’issue de l’histoire est prévisible. Il a aussi pour mérite de parler des relations homme-femme avec une certaine lucidité parfois. Bref, à lire pour passer le temps, mais on peut très bien vivre sans.

Vous pouvez lire une critique positive détaillée et plutôt intéressante sur buzz-litteraire.com ; Carpediem s’est identifié au héros du livre mais en revanche, Gambadou n’a pas accroché au style de Nicolas Fargue.

Note :

Nicolas Fargues (1972) – Français
236 pages – 2006 – ISBN : 978-2-07-034256-3