Patrick Modiano – Dans le café de la jeunesse perdue
Résumé :
Quatre narrateurs (un étudiant de l’école des mines, un détective privé, l’héroïne et un de ses amants) construisent le portrait de Jacqueline Delanque ou Louki. Jeune femme ayant rapidement quitté son mari et qui flâne dans le Paris des années 50/60 en déversant ses souvenirs : une enfance difficile, un mariage raté et quelques amitiés avec des clients d’un café du quartier de l’Odéon : Le Condé.
Extrait :
Elle marche vers moi de ce même pas nonchalant, et l’on dirait qu’elle ralentit son allure, comme si le temps ne comptait plus. Elle me prend le bras et nous nous promenons dans le quartier. C’est là que nous habiterons un jour. D’ailleurs nous y avons toujours habité. Nous suivons de petites rues, nous traversons un rond-point désert. Le village d’Auteuil se détache doucement de Paris. Ces immeubles de couleur ocre ou beige pourraient être sur la Côte d’Azur, et ces murs, on se demande s’ils cachent un jardin ou la lisière d’une forêt. Nous sommes arrivés sur la place de l’Eglise, devant la station de métro. Et là, je peux le dire maintenant que je n’ai plus rien à perdre : j’ai senti, pour la seule fois de ma vie, ce qu’était l’Eternel Retour. Jusque-là, je m’efforçais de lire des ouvrages sur le sujet, avec une bonne volonté d’autodidacte. C’était juste avant de descendre les escaliers de la station de métro Eglise-d’Auteuil. Pourquoi à cet endroit ? Je n’en sais rien et cela n’a aucune importance. Je suis resté un moment immobile et je lui ai serré le bras. Nous étions là, ensemble, à la même place, de toute éternité, et notre promenade à travers Auteuil, nous l’avions déjà faite au cours de mille et mille autres vies. Pas besoin de consulter ma montre. Je savais qu’il était midi.
Avis :
C’est la première fois que je me plonge dans un Modiano et cette lecture a été plutôt agréable. L’auteur nous entraîne dans le Paris où il a grandi : celui des années 50/60 et j’ai eu plaisir à suivre ses déambulations dans les rues de la capitale. D’ailleurs, je pense qu’il peut être très utile de connaître un minimum Paris pour apprécier ces flâneries.
Et puis Modiano installe une ambiance bien particulière : celle du Condé, ce bar où chacun peut s’inventer la vie qu’il souhaite. C’est le cas de cette Louki, jeune femme au passé difficile et énigmatique dont on découvre l’histoire au fil des pages. On retrouve aussi tout au long du roman des allusions à des poètes ou écrivains, notamment à Nietzsche et son concept de “L’éternel retour” (voir l’extrait ci-dessus).
Un livre rempli de nostalgie, qui ne me laissera pas un souvenir impérissable mais qui reste un bon moment de lecture.
Note :
Patrick Modiano (1945) – Français
160 pages – 2007 – ISBN : 978-2-07-036124-3
janvier 14th, 2010 à 13:31
Il est vrai que quelques mois plus tard, il ne reste pas grand chose de cette lecture.
septembre 21st, 2010 à 22:21
Un de mes plaisirs quand j’ai fini de rédiger un nouvel article, c’est d’aller voir ce que les autres disent du livre que je viens de terminer. Et là, je suis d’autant plus réjouie que je suis tombée sur ton blog. Je ne l’avais jamais rencontré, et pourtant c’est avec un plaisir certain que mes yeux ont parcouru la liste – considérable!- des livres que tu présentes. Oh, Ah, elle aussi! Voilà quels étaient à peu près les mots – animaux…- qui se bousculaient sous mon crâne.
J’ai mis un commentaire ici. Mais ce qui m’a fait vous rencontrer,toi et ton blog, c’est Annie Ernaux. Joli hasard, puisque j’ai vu que tu en avais fait ton sujet de Master.
En attendant avec impatience un signe sur mon blog!
Lecturellement amicale,
Saleanndre
septembre 21st, 2010 à 22:29
Bonjour Saleanndre et merci de ce petit mot .
En fait nous sommes deux à gérer ce blog littéraire ce qui nous permet en effet d’avoir une liste d’articles assez conséquente ! Et comme tu l’as remarqué, Violaine a en effet travaillé sur un mémoire de M2 portant sur Annie Ernaux, un auteur qu’elle connaît donc très bien !
Merci de ton passage et à bientôt sur nos blogs respectifs !
septembre 22nd, 2010 à 12:59
Saleanndre : Je viens de répondre à ton autre commentaire, et que vois-je ici ? Tu as atterri chez nous par le biais d’Annie Ernaux ! Il était grand temps que tu arrives sur Artsouilleurs alors, tu risques en effet d’y trouver ton bonheur.