Résumé :

Une série de textes courts portant sur de petits plaisirs du quotidien, destinés à raviver le souvenir de sensations passées (littéraires, culinaires, ou renvoyant à un moment précis de la vie).

Extrait :

Le poète pauvre ? On n’est jamais autant au sec que quand une fuite du toit menace, jamais autant au chaud que lorsqu’il faut se blottir tout habillé sous les couvertures. On n’est jamais aussi satisfait que lorsqu’on vient de saisir la formule qui dépasse un peu ce qu’on attendait d’un sujet. La position de la main est d’une pure volupté. Le vieux poète a l’index recourbé jusqu’à l’extrémité du pouce, et ce petit carré-cercle enserre avec d’infinies précautions la cadence des mots. Le monde entier peut s’écrouler, rien n’existe plus que cet accord entre le corps d’un vieux bonhomme et son pouvoir si curieusement neuf de dire le monde un peu plus vrai, de trouver les notes qui l’étonnent.

(tiré de Le poète de Carl Spitzweg)

Avis :

Un livre qui n’a pas changé ma vie. Ce n’est pas que Delerm écrive particulièrement mal, mais son style ne me touche pas. Je ne vois pas l’intérêt de ce petit catalogue de sensations pour le lecteur, peut-être à la limite pour l’auteur. On sent trop la volonté consensuelle derrière (alors que nombre d’écrivains, insistant sur le caractère subjectif de l’expérience individuelle, arrivent à la rendre universelle). Peut-être aussi que le lectorat auquel l’auteur s’adresse est trop ciblé (quoique, pour me contredire, il y a le succès de ce livre). Enfin il me semble que l’idée est originale, d’une simplicité désarmante, et qu’elle aurait pu faire l’objet d’un traitement stylistique un poil plus savoureux. Là, ça fait un peu chronique, le genre d’article que je verrais bien paraître en rubrique spécifique d’un hebdomadaire. En tout cas, ce n’est pas une lecture qu’on garde durablement à l’esprit ; après, il est possible que je n’aie pas commencé par le meilleur Delerm… Mais bon, la vie est courte et les beaux livres si rares qu’il  n’est pas nécessaire de s’arrêter à celui-ci.

Note :

Philippe Delerm (1950) – Français
106 pages – 2005 – ISBN : 2-07-076760-4