Philippe Delerm – Dickens, barbe à papa et autres nourritures délectables
Résumé :
Une série de textes courts portant sur de petits plaisirs du quotidien, destinés à raviver le souvenir de sensations passées (littéraires, culinaires, ou renvoyant à un moment précis de la vie).
Extrait :
Le poète pauvre ? On n’est jamais autant au sec que quand une fuite du toit menace, jamais autant au chaud que lorsqu’il faut se blottir tout habillé sous les couvertures. On n’est jamais aussi satisfait que lorsqu’on vient de saisir la formule qui dépasse un peu ce qu’on attendait d’un sujet. La position de la main est d’une pure volupté. Le vieux poète a l’index recourbé jusqu’à l’extrémité du pouce, et ce petit carré-cercle enserre avec d’infinies précautions la cadence des mots. Le monde entier peut s’écrouler, rien n’existe plus que cet accord entre le corps d’un vieux bonhomme et son pouvoir si curieusement neuf de dire le monde un peu plus vrai, de trouver les notes qui l’étonnent.
(tiré de Le poète de Carl Spitzweg)
Avis :
Un livre qui n’a pas changé ma vie. Ce n’est pas que Delerm écrive particulièrement mal, mais son style ne me touche pas. Je ne vois pas l’intérêt de ce petit catalogue de sensations pour le lecteur, peut-être à la limite pour l’auteur. On sent trop la volonté consensuelle derrière (alors que nombre d’écrivains, insistant sur le caractère subjectif de l’expérience individuelle, arrivent à la rendre universelle). Peut-être aussi que le lectorat auquel l’auteur s’adresse est trop ciblé (quoique, pour me contredire, il y a le succès de ce livre). Enfin il me semble que l’idée est originale, d’une simplicité désarmante, et qu’elle aurait pu faire l’objet d’un traitement stylistique un poil plus savoureux. Là, ça fait un peu chronique, le genre d’article que je verrais bien paraître en rubrique spécifique d’un hebdomadaire. En tout cas, ce n’est pas une lecture qu’on garde durablement à l’esprit ; après, il est possible que je n’aie pas commencé par le meilleur Delerm… Mais bon, la vie est courte et les beaux livres si rares qu’il n’est pas nécessaire de s’arrêter à celui-ci.
Note :
Philippe Delerm (1950) – Français
106 pages – 2005 – ISBN : 2-07-076760-4
novembre 11th, 2008 à 16:40
Bien qu’écrivant sur le même site, Violaine et moi avons parfois des avis divers sur certains livres. C’est le cas sur celui-ci !
Pour ma part j’ai beaucoup aimé ce livre qui au contraire fait pour moi partie des livres sur lesquels il faut s’arrêter. Encore plus sur celui-ci parce que justement il prend le temps. Le temps de penser aux petites choses, ces détails qui, trop ancrés dans notre quotidien, sont aisément passés du côté des habitudes mais qui nous manqueraient pourtant beaucoup s’ils n’étaient plus là.
Bref comme vous le voyez nous avons deux avis bien différents sur ce livre, alors à vous de le lire pour vous forger votre propre avis et nous en faire part !
novembre 11th, 2008 à 17:05
Je pense surtout que ça dépend de la sensiblité de chacun. Personnellement, je suis hyper attentive aux petites choses du quotidien, même les plus insignifiantes, les sensations qui nous traversent, les sentiments qui nous transportent, et j’adore retrouver cela a posteriori dans un livre. C’est marrant parce que c’est précisément l’objectif que se donne Delerm, et moi ça ne me fait rien… Mais c’est parce qu’il reste beaucoup trop en surface (la littérature n’a pas de raison d’être si elle ne prend pas le monde à bras le corps pour en faire jaillir l’essence) et puis même, ce type de réflexions apparaît naturellement au fil d’un roman, pas besoin d’en faire le sujet central d’un livre, on en arrive à l’effet inverse : ce qui devrait passer naturellement est épinglé et rendu artificiel. Il me semble que beaucoup de gens qui tiennent des blogs sur le net se montrent plus talentueux que Delerm dans la peinture du quotidien.
Cela dit, c’est vrai qu’il est intéressant de voir comme nos sensibilités diffèrent, ce qui ne modifie en rien mes sentiments à ton égard, mon cher Antoine. Mais par exemple, dans un style un peu semblable, Jaccottet signe un livre tout à fait remarquable avec “Ce peu de bruits” ; Delerm n’atteint jamais une telle profondeur dans sa manière d’appréhender le monde qui l’entoure.
novembre 12th, 2008 à 19:56
ç serait interresssant que vous comparrriez votre avis du livre sur chaqu critique.
novembre 12th, 2008 à 20:57
Il est vrai que Violaine et moi n’avons pas toujours les mêmes attentes dans un livre ce qui fait que, parfois, nos avis divergent.
Malheureusement nous ne lisons pas toujours les mêmes livres il est donc très difficile, sur chaque article, d’avoir deux avis distincts. Ceci dit, c’est aussi le fait de lire des livres différents qui nous permet d’actualiser ce site à un rythme régulier et de vous présenter des ouvrages variés.
janvier 3rd, 2010 à 19:24
Un livre qui me fait de l’oeil dans la bibliothèque parentale depuis un moment… J’avais beaucoup aimé la (première, dernière?…)la Première gorgée de bière. A l’opposé de Violaine (avec qui je pourtant suis en général d’accord), c’est précisément le style de Philippe Delerm qui me plaît. Je trouve que c’est le genre de petite nouvelle qui “coule” bien, comme un bon vin. On en savoure un peu un jour, et on garde le reste pour plus tard… Je serais donc bien tentée par celui-ci.
janvier 3rd, 2010 à 20:19
En effet, Violaine n’aime pas trop Delerm. De mon côté j’aime assez comme tu as pu le voir.
C’est vrai que ce livre ressemble beaucoup à la première gorgée de bière, il devrait donc te plaire
janvier 4th, 2010 à 23:28
C’est bien ce que je pensais… un de plus à rajouter au panier ^^