Résumé :

Ben Bradford est un avocat aux revenus très confortables mais il a de plus en plus conscience que la vie qu’il mène n’est pas celle dont il avait rêvé. Il a dû renoncer à son désir de devenir photographe et sa femme Beth, qui n’a pas réussi à percer dans l’écriture, le rend responsable de leurs échecs respectifs. Alors que son couple bat de l’aile, il découvre que Beth le trompe (ô rage ! ô désespoir !) … avec un photographe. Il suffira pourtant qu’il perde son sang-froid un instant pour que son existence bascule irrémédiablement…

Extrait :

Le contentieux des frites ainsi résolu, nous sommes repartis par Adams Avenue. Tout en conduisant, je l’observais dans le rétroviseur, attaché sur son siège d’enfant, fasciné par les pelouses banlieusardes de New Croydon. Toujours le même adorable bambin de quatre ans, encore un fils aimant, blotti dans le cocon de la tendre enfance. « Je ne devrais pas me faire de souci pour lui », me suis-je corrigé en moi-même, mais sans résultat. Oui, j’avais peur pour lui, sans doute parce que j’avais peur pour moi, peur de cette vulnérabilité que je ressentais si souvent lorsque je me retrouvais seul avec Adam, cette angoisse sourde de « ne pas être à la hauteur » au cas où le pire arriverait, qui hante n’importe quel parent. De cela, personne ne vous met jamais en garde avant que vous n’ayez des enfants : la manière dont vous finissez par dépendre entièrement d’eux, dont ils vous font sentir toute votre fragilité. Et pourquoi ? Parce qu’auparavant vous n’avez jamais voué à quiconque un amour aussi désintéressé, aussi inconditionnel.

Avis :

Je ne cours décidément pas après les best-sellers. Je pense que ce livre aurait pu m’emballer assez il y a quelques années mais je suis devenue plus exigeante aujourd’hui. C’est un divertissement efficace, qui fait passer le temps, mais le style reste plat et convenu, de même que les retournements de situation sont souvent trop opportuns pour être honnêtes. Je suis fatiguée par les livres écrits pour le public le plus large possible, par les héros lisses injustement malmenés par la vie et qui restent attachants malgré les erreurs qu’ils ont pu commettre. La soi-disant profondeur psychologisante et morale qui préside à ce genre de bouquin a quelque chose d’écœurant tant elle contribue à aseptiser la richesse de la littérature (si tant est qu’on puisse parler de littérature à propos des livres écrits dans le seul but d’engranger des revenus). Douglas Kennedy est sans doute loin d’être le pire dans ce domaine mais il se trouve que mon coup de gueule coïncide avec la lecture de son livre. Pourtant, à partir de l’histoire, il y aurait eu matière à élaborer des réflexions sur un certain nombre de thèmes porteurs, mais comme il est plus rentable d’essayer de faire pleurer dans les chaumières… Enfin bref, je vous conseille plutôt d’aller au cinéma voir Revolutionary Road (en français Les noces rebelles (?), et dire qu’on paie des traducteurs pour ça…) qui vous gratifiera d’une réflexion autrement plus intéressante sur l’écart entre la vie qu’on vit, celle qu’on rêve et le poids des déterminations extérieures sur les choix qu’on est amené à faire. Mais si vous avez du temps à perdre lorsque vous grillerez sur la plage cet été, alors vous pourrez éventuellement vous contenter de Douglas Kennedy.

Note :

Douglas Kennedy (1955) – Américain
497 pages -1997- ISBN : 978-2-266-08798-8