Résumé :

Kathy a trente et un an et est accompagnante. Elle apporte son soutien aux donneurs et les gens sont satisfaits de son travail. Ce n’est pourtant pas un métier facile, alors elle a tendance à se tourner vers le passé, vers le souvenir de Tommy et de Ruth, qui ont été élèves avec elle à Hailsham. Au fil de sa pensée, sa mémoire revient sur différents moments de sa vie auxquels elle essaie de donner sens.

Extrait :

L’album s’appelle Chansons après la tombée de la nuit et il est de Judy Bridgewater. Ce que j’ai aujourd’hui n’est pas la vraie cassette, celle que j’avais à l’époque à Hailsham, celle que j’ai perdue. Il s’agit de celle que Tommy et moi avons trouvée à Norfolk des années après – mais c’est une autre histoire à laquelle je viendrai plus tard. Ce dont je veux parler, c’est de la première cassette, celle qui a disparu.
Avant d’aller plus loin, je devrais expliquer toute l’affaire autour de Norfolk. Nous l’avons fait durer des années et des années – c’est devenu une sorte de plaisanterie pour initiés, je suppose – et tout est parti d’un certain cours auquel nous avions assisté quand nous étions assez jeunes.

Avis :

J’ai mis un peu de temps à entrer dans ce livre car j’ai été assez gênée au début par son côté pêle-mêle : Kathy raconte ses souvenirs comme ils viennent en faisant des allers et retours dans le temps qui sont d’abord assez perturbants. Et puis progressivement, de manière imperceptible, je suis devenue à mon tour comme une élève de Hailsham : me passionnant pour l’amitié chaotique de Kathy et de Ruth, m’attendrissant sur l’originalité de Tommy. Le génie de ce livre est qu’il fait cohabiter de façon remarquable et terrible deux temporalités inconciliables : celle insouciante de l’enfance et celle inéluctable de la finitude. Les personnages sont attachants parce qu’on s’identifie sans difficulté à eux, comme eux on est broyé par l’implacabilité du destin qui les attend. Et ce qui m’a le plus touchée, c’est la résignation de Kathy qui rend la narration épurée de tout pathos, mais qui en même temps a un effet incroyablement déstabilisant sur le lecteur. Ce livre m’a hantée pendant de nombreuses nuits : je n’arrivais pas à arrêter d’y penser. A voir aussi, sa très belle adaptation au cinéma : Never let me go. Je l’ai beaucoup aimée car elle restitue avec justesse l’atmosphère du film (la musique est sublime) et le personnage de Kathy a sonné particulièrement juste à mes yeux. Je vous invite à regarder la bande-annonce.

Note :

Kazuo Ishiguro (1954) – Britannique d’origine japonaise
441 pages – 2006 – ISBN : 978-2-07-034192-4