Pierre Péju – La petite Chartreuse
Résumé :
Eva est une fillette de dix ans. A la sortie de l’école, comme sa maman n’arrive pas, elle s’enfuit, paniquée. Traversant la route à toute allure, elle se jette sous les roues de la camionnette d’Etienne Vollard. Cet homme, que la vie a marqué du sceau de la souffrance et de la solitude, est profondément touché par ce terrible accident. Il retrouve l’hôpital où se fait soigner la fillette. Elle est tombée dans le coma et il est important qu’on lui parle pour aider à son rétablissement. Sa maman étant souvent absente, Etienne, libraire et amoureux inconditionnel des livres, passe de plus en plus de temps au chevet d’Eva, à lui raconter des histoires.
Extrait :
Eva devenait aussi l’enfant que Vollard avait été, celui qu’il aurait pu être, dans un inaccessible autrefois. On se tient sous la pluie trompeuse des « je me souviens ». Retour inopiné de l’enfantin. Je me souviens du cimetière des mouches tuées à coups de torchons et qu’on aligne sur le plancher, bleues, un peu sanglantes. Je me souviens de l’oiseau trouvé blessé dans un coin de jardin et qu’on achève, plus par curiosité anxieuse que par compassion, en lui maintenant la tête dans l’eau du bassin. Je me souviens des yeux ouverts dans la nuit noire et de la porte du placard restée entrouverte par laquelle la chose va surgir. Je me souviens de ce jour de grippe et de fièvre où seul, roulé dans une couverture, je lisais un conte dans lequel il neigeait à gros flocons. Fasciné par ces seuls mots « Il neigeait… », quand soudain, levant la tête du livre et comme alerté par un étrange silence, je découvrais que dehors, dans les rues de la ville, il neigeait magiquement aussi, que tout devenait blanc. Puissance du conte ! Transfiguration du monde par la neige et les mots. Je me souviens des longs moments d’immobilité, ces moments d’observation demeurés en suspens dans l’enfance. Je me souviens du précaire refuge de ce corps maladroit qui ne cessait de grandir, de grossir, et de sa solitude derrière les lunettes aux verres épais comme les hublots d’un sous-marin. Souvenir écœurant d’une solitude protectrice et d’un égarement effroyable.
Avis :
Je suis très mitigée à propos de ce livre. L’auteur nous montre des personnages qui ont été malmenés par la vie mais on a du mal à s’attacher véritablement à eux car le narrateur ne nous donne pas accès à leur souffrance. Ce qui est raconté pourrait être touchant, mais le style reste simple et ne m’a pas emballée plus que ça. Le propos tombe souvent dans la facilité des bons sentiments et des lieux communs. Je n’ai pas compris l’intérêt dans la seconde partie de l’arrivée d’un narrateur parlant à la première personne, et qui disparaît ensuite sans plus d’explications. J’ai ressenti à la lecture pas mal d’incohérences, j’ai aussi eu l’impression qu’il manquait des éléments. La fin m’a surprise, mais pas dans le bon sens tant je l’ai trouvée maladroite et inutilement tragique. Ce que j’ai apprécié dans ce livre, c’est l’amour des livres qui transparaît dans certains passages, ainsi que les jolis extraits d’œuvres disséminés tout au long du récit. Mais je suis d’autant plus déçue que le résumé au dos du livre était très prometteur.
Note :
Pierre Péju (1946) – Français
199 pages – 2003 – ISBN : 2-07-031330-1
avril 12th, 2012 à 14:09
merci vous m’avez bien aidé pour ma rédaction